Ce 7 décembre demeurera sans doute une date historique. Elle indiquera le jour où la Cathédrale aura été à nouveau ouverte au culte et à la beauté. Toute cette cérémonie a été magnifiquement organisée, elle aura été vue par des millions de téléspectateurs, en France et ailleurs. Pour beaucoup de catholiques, dont je suis, nous pouvons recourir à l’aide de Marie : qu’elle intervienne pour que les Français, tous les Français, retrouvent les indispensables valeurs morales et spirituelles qui permettent de vivre ensemble dans l’harmonie et le respect1. Voilà bien un jour inoubliable, par ses artisans, par ses participants, par l’espérance qui renaît.
Néanmoins on ne m’empêchera pas d’avoir remarqué que le « temps républicain » a été assez long. Certes le programme a dû être modifié parce que ce temps devait se dérouler au dehors, sur le parvis de la Cathédrale, de sorte que l’allocution d’Emmanuel Macron, toujours bien distillée, a été donnée à l’intérieur de la cathédrale. Le Président a repris les dernières phrases de son allocution de jeudi : la France est grande quand elle est unie, elle atteint des sommets avec les Jeux Olympiques et, comme ce soir, elle démontre ce qu’est une grande nation et ka cathédrale témoigne de la puissance séculaire de la France. D’ailleurs l’allocution s’est terminée par « Vive Notre Dame, Vive la République, Vive la France ».
Mais il faut croire que ce n’était pas assez puisqu’à la sortie de la cérémonie on a eu droit à un spectacle inattendu : la Marseillaise a été entonnée, de fort belle manière d’ailleurs. Le contenu moral et spirituel de notre hymne national est assez particulier. Chant de guerre et de haine, avec le souhait « qu’un sang impur abreuve nos sillons ». Voilà de la bonne charité chrétienne, elle nous ramène à Valmy, mais aussi à à Robespierre. Mais le temps républicain est, tout comme le discours de jeudi, à la gloire d’Emmanuel Macron, la grande puissance de la France est à l’Elysée : la composition d’un nouvel « arc républicain » est une formalité qui sera bientôt remplie.
C’est ici qu’Emmanuel Macron gagne des points : c’est le temps diplomatique. Que tant de personnalités du monde entier soient sous les voûtes de la cathédrale ce soir constitue une vraie prouesse. N’est-elle pas un succès personnel pour pour la France, pour le Président ? La présence de Donald Trump, accompagné d’Elon Musk (qui a généreusement donné pour la renaissance), la complicité apparente entre Macron et Trump accréditent l’importance diplomatique de la France. Le diner à l’Elysée confirme cette soudaine remise en selle de notre Président (ils se connaissaient depuis la première présidence de Trump, soulignaient les journalistes).
Mais le plus important aura été le trio Trump-Macron-Zelinsky : une entrevue dans le salon doré de l’Elysée pendant une bonne heure. Trump a d’ailleurs multiplié les signes d’amitié pour le président ukrainien, le président Zelensky a été acclamé par la foule sur le parvis. Il y a donc été question du cessez-le feu en Ukraine, mais évidemment le principal intéressé, à savoir Poutine, n’était pas à Notre Dame. On a donc le sentiment que Trump et son administration (dont Musk d’ailleurs) pourrait s’investir dans la guerre ukrainienne et obliger Moscou à accepter un cessez-le-feu. Peut-être l’Europe serait-elle plus importante pour les Etats Unis, jusque là préoccupés par la Chine et l’immigration sud-américaine. Les prières pour la paix (en particulier l’épitre de Saint Paul) seront-elles entendues par la Vierge Marie ?
Le temps religieux n’a pas été à mon goût assez ménagé dans la cérémonie. Certes la symbolique de la cloche absente depuis cinq ans, les chants de la chorale de Notre Dame avec tous ces enfants, le duo des frères Capuçon, la crosse de l’archevêque pour ouvrir la porte de la cathédrale, et le dialogue entre l’archevêque et l’orgue « instrument sacré », et finalement l’Ave Maria et le Te Deum : tout cela invitait à la joie et à la fête, mais pas beaucoup au recueillement. L’homélie très courte de Monseigneur Ulrich rappelait l’ouverture et l’œcuménisme de la foi religieuse. Enfin, et non le moindre, le message du Pape François voyait dans la renaissance de la cathédrale un gage de paix universelle et d’élévation personnelle. Mais je ne veux pas être de mauvaise foi : la messe sera pour demain matin, et la liturgie sera bien celle du deuxième dimanche de l’Avent.
1 CF mon article du 29 Novembre Notre Dame peut sauver la France Elle peut nous aider à retrouver les valeurs morales et spirituelles
https://nouvelle-lettre.com/notre-dame-peut-sauver-la-france/