On serait donc au seuil d’une guerre. Après l’attentat de Moscou, que le Kremlin impute à l’Ukraine, l’agressivité de Poutine est montée d’un cran. Accident ou attaque délibérée ? Un missile russe a survolé le ciel polonais, et l’ambassadeur de Russie a été convoquée à Varsovie. Nous sommes peut-être dans les préludes d’une agression généralisée : le rêve de Poutine est de reconstituer la totalité de l’empire soviétique, qu’avec sang froid on assimile à la Grande Russie des plus grands tsars. Les pays jadis occupé par des Russes sont des pays russes !
Mais à cette occasion nous avons eu une révélation, les journalistes l’ont évoquée : comment les pays agressés pourraient-ils recourir au soutien de l’OTAN ? Nous avons ainsi appris que les articles 4 et 5 du traité de l’Atlantique Nord ont prévu une procédure assez complexe pour engager des troupes dans une opération militaire.
Il faut tout d’abord que les autorités de l’OTAN (son secrétaire général) aient la certitude qu’il s’agit d’une attaque qui rendrait les autres pays membres de l’OTAN en devoir de mobiliser des troupes et des armes sur-le-champ. Les précédents conflits ont pu être sous-estimés par l’OTAN dans les premiers jours (déjà contre la Pologne en novembre 2022) .
Mais il y a aussi une incertitude sur l’adoption de répliques : si l’OTAN doit intervenir, l’unanimité des pays membres doit-elle être réunie ? Ce n’est pas l’opinion d’Amélie Zima, experte à l’Irsem1, mais après tout la question ne s’est posée dans le passé qu’après l’attentat des Twin Towers le 11 sepembre 1901, le contexte était fort différent et les terroristes d’Al Quaïda ne disposaient pas de l’arme atomique. S’il faut que l’unanimité des pays membres soit réunie, il faut compter avec la Turquie d’Erdogan, on voit mal le dictateur ottoman se fâcher avec son ami du Kremlin.
C’est dire que le temps nécessaire pour défendre efficacement les peuples agressés serait vite dépassé. Si on y ajoute que l’essentiel des troupes armées présentes sur le territoire européen est américain, et compte tenu des positions des présidents, la mobilisation de ces hommes semble exclue : Trump s’est clairement exprimé, mais Biden a été amené par le Congrès à stopper l’aide à l’Ukraine.
Alors seule l’arme nucléaire détenue par les Français et les Anglais pourrait dissuader Poutine d’aller plus loin. Malheureusement l’OTAN n’a plus aucune force de frappe. Quant à l’agressivité de Poutine, elle pourrait plus facilement se contenter de la prise de la Moldavie, où il existe une minorité russe très favorable au rattachement à Moscou.
1 Institut de Recherches Stratégiques de l’Ecole Militaire Cf l’article du Monde du 16 novembre 2022. Guerre en Ukraine : que prévoient les articles 4 et 5 du traité de l’OTAN ?