Hier au soir, au cours du journal de TF1, Gabriel Attal a été interrogé par quatre journalistes qui ont posé poliment les bonnes questions. Le Premier Ministre a donné des réponses élégantes, mais souvent inconsistantes.
A titre liminaire le Premier Ministre a été interrogé sur la démission du proviseur qui a démissionné de son poste et a pris une retraite anticipée. Le proviseur a été menacé de mort par plusieurs messages passés dans les réseaux sociaux (dont l’un par un député FI) et poursuivi par une plainte déposée par l’héroïne musulmane (plainte rejetée tout de suite par le Parquet).
L’héroïne, de l’âge d’une étudiante, avait refusé de quitter son voile en classe, et s’était révoltée au nom de la laïcité, de plus elle prétendait avoir été battue.
Sur ce point, le Premier Ministre a pris une position claire et nette. D’une part la loi de mars 2004 interdit le port de vêtement à connotation religieuse dans les classes, d’autre part la laïcité signifie la liberté religieuse, la possibilité de pratiquer sa religion propre, sans heurter pour autant la liberté des autres. Or, fait remarquer Gabriel Attal, en période de Ramadan certains croyants croient bon de s’en prendre à tous ceux qui ne pratiquent pas les obligations de la charia, en particulier concernant le vêtement des femmes. Mais Le Premier Ministre n’a pas hésité à plusieurs reprises successives de mettre en cause « l’entrisme islamique dans les écoles »[1].
Cela dit, le Premier Ministre nous a promenés d’autosatisfactions en réformes imminentes mais incertaines.
Autosatisfactions :
– En 2002 et 2003 le déficit budgétaire était de 3%, preuve de notre aptitude à la bonne gestion (Le Maire a même prétendu que les agences de notation nous estiment bien)
– Il y a 50 ans que le budget est en déficit : pourquoi s’inquiéter aujourd’hui ?
– Le montant des dépenses de l’Etat n’a pas augmenté en 2023, ce sont les recettes qui ont diminué parce que la croissance n’a pas été au rendez-vous
– On a créé 2,5 millions d’emplois
– On a réussi la réindustrialisation de la France
– On a supprimé la taxe d’habitation (c’est-à-dire qu’on a obligé les communes à augmenter les impôts fonciers)
– On a bien géré le Covid, et aussi le financement de la guerre en Ukraine
Réformes à venir
– Le cap de 3% de déficit budgétaire en 2027 est maintenu
grâce à ce progrès nous allons pouvoir réduire notre dette publique ( mais nous attendons le rapport de deux économistes et nous verrons leurs propositions)
-Le cap du plein emploi pour 2027 est maintenu (sur la base de 7% de la population active, nous a précisé Bruno Le Maire[2])
– L’indemnisation du chômage sera modifiée, pour arriver à 12 mois d’indemnisation, à condition de 6 mois de travail dans moins de 6 mois de chômage. Ici la discussion est en cours avec les partenaires sociaux, nous allons connaître bientôt les conclusions de ces négociations (mais Bruno Le Maire dit que la gestion du chômage n’appartient pas aux syndicats, mais à l’Etat)
-Le travail sur 4 jours, imaginé par Gabriel Attal en 2018, sera mis en place, il signifie que l’on fait ses 32 heures quand on veut dans la semaine. Mais ce démarrage ne sera expérimenté que pour les agents publics des ministères (ce qui va évidemment assouplir la bureaucratie)
– Les conditions de travail doivent être améliorées, puisque chaque jour il y a deux personnes qui meurent au travail (surtout dans la fonction publique sans doute)
– La si populaire taxation des super-profits des grandes entreprises sera envisagée, mais sur ce point Gabriel Attal déclare « je n’ai aucun dogme » (une défausse élégante).
Finalement, le Premier Ministre nous aura dit n’importe quoi, comme à l’habitude. Pour être sûr de son autorité il expliquera le détail de ces réformes devant le Parlement mais ses ministres n’auront pas droit à intervenir – une procédure demandée par Madame la Présidente de l’Assemblée Nationale, peut-être quelques personnalités nouvelles dans le gouvernement ne sont-elles pas montrables. Gabriel Attal, lui, est en costume cravate très classique, les journalistes l’ont d’’ailleurs remarqué. L’essentiel est dans le costume.
[1] Cet entrisme ne fait aucun doute. Il a été démontré depuis fort longtemps dans plusieurs témoignages et ouvrages dont ceux de Jean Pierre Obin, Brigheli et Poisson
[2] Cf. notre article du 25 mars (Actualité) La voie de Le Maire est très éraillée Un tissu de mensonges révoltants, il nous prend pour des idiots










