Comme à l’habitude le discours du Premier Ministre est toujours de grande qualité. Il reprend d’ailleurs plusieurs annonces : pas de complaisance, on commet une faute on la paye, responsabilité des parents, entrisme islamique, uniforme contre abaya. Mais surtout il fait bien remarquer qu’il n’y a que quatre jours entre sa promesse faite jeudi dernier à Viry Chatillon de démarrage de l’expérience des internats et la première mise en place d’un internat à Nice aujourd’hui lundi 22 avril. C’est la preuve, indéniable, que le gouvernement ne se contente pas de parler, mais il agit.
Le principe de l’internat est simple : « Il y a dans notre pays des dizaines de milliers de places en internat qui sont désespérément vides. J’y vois une opportunité pour couper rapidement et efficacement un jeune de ses mauvaises fréquentations. Mon idée est simple : avant qu’un jeune ne tombe dans la délinquance […] Nous proposerons à ses parents que leur enfant soit envoyé en internat loin de son quartier, et de ceux qui le poussaient à plonger. »
On peut attendre beaucoup de ce passage en internat : c’est « l’opportunité d’apprendre ; de retrouver un cadre, de conserver intactes ses chances de réussite, d’éviter de sombrer dans la spirale de la délinquance et parfois du crime »
Des commentateurs de mauvaise foi sans doute ont fait valoir plusieurs arguments :
1) Convertir en quinze jours un délinquant en un adolescent capable de comprendre les règles du jeu social et de saisir l’envie de réussir par son travail, ses efforts et son mérite relève du miracle.
2) Les autres internats de France, « désespérément vides » pendant les vacances scolaires sont-ils capables de se préparer en quatre jours, aussi vite qu’à Nice ? En veulent-ils d’ailleurs ?
3) Le risque de contamination et de mauvaise fréquentation entre les internes est-il éliminé ?
4) Le comportement des parents est d’un « volontariat orienté » : c’est-à-dire que s’ils refusent ils seront passibles de travaux d’intérêt général et autres châtiments.
5) Quid des familles « désorganisées » ? Où est le père ? Qui est-il ? Il est acquis que chez les jeunes délinquants 58 % avaient un père en prison (quand on pouvait l’identifier, ce qui n’est pas évident avec 37 % de « mères célibataires ».
Il est vrai que ces détracteurs sous-estiment la mobilisation de la moitié du gouvernement. Car accompagnaient le Premier Ministre le Garde des Sceaux Eric Dupont-Moretti, la Ministre déléguée à l’Enfance, la Jeunesse et les Familles Sarah El Haïri, et Madame la ministre de la Ville et de la Citoyenneté Sabrina Agresti-Roubache qui va présider bientôt « le Beauvau de la délinquance »1. Madame Deloubet, Ministre de l’Education Nationale, était absente mais qui ne dit mot consent.
1 Pour ceux qui ignoreraient ce qu’est un Beauvau et de façon plus générale pour réfléchir aux discours de Gabriel Attal (dont celui de Viry Chatillon), ils peuvent se référer à l’article d’actualité de Jacques Garello du 19 avril Violence de la Jeunesse : la République contre-attaque Politiquement bien ajusté le discours de Gabriel Attal ne résoudra rien