Je n’aime pas la géopolitique, et elle ne m’aime pas non plus. C’est un art abstrait, les apparences sont toujours trompeuses, et le plus important est ce qui est sous la table, seuls les services secrets, les diplomates et éventuellement les politiciens connaissent les fonds des affaires. Cependant je me permets de commenter Vilnius, parce que c’est de la liberté des peuples qu’il s’agit ; pour les Ukrainiens bien sûr, mais aussi pour l’Europe, pour l’Occident, pour le monde entier.
La conférence de l’OTAN
Les comptes rendus me paraissent fidèles. Le Secrétaire Général l’a dit clairement : pas question d’intégrer actuellement l’Ukraine dans l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord. Créée en 1949 l’OTAN comprend actuellement 30 membres européens et nord-américains. Sous la coupe des Américains l’OTAN est un bouclier contre les agressions dont les pays-membres seraient victimes, il a été conçu lorsque la guerre froide avec l’URSS a éclaté. La demande de l’Ukraine a été rejetée pour une raison majeure : le traité stipule qu’aucun pays ne peut être admis s’il est en guerre. Cette disposition est conforme à l’esprit défensif du traité ; elle avait été rappelée dès avant la conférence par Jen Stolkenberg, secrétaire général de l’OTAN. Contrairement à ce qu’attendait le président Zelensky il n’y a pas eu de calendrier défini pour un nouvel examen de la candidature ukrainienne ;
Est-ce à dire que la conférence n’a rien apporté à l’Ukraine ? D’une part le Président ukrainien a été reçu avec chaleur par les participants, il a eu des entretiens personnels avec Joe Biden, Eric Scholtz et Emmanuel Macron. D’autre part, il a obtenu un certain nombre de garanties et de soutiens immédiats.
Les garanties sont venues des membres du G7 (dont le Japon fait partie) présents à Vilnius, qui se considèrent comme alliés naturels des combattants ukrainiens : « nous voulons que la Russie perde cette guerre ». D’autre part des armes nouvelles sont désormais promises dans l’immédiat : des avions (F16 américains), des missiles longue portée (France), des bombes à sous-munitions (cette arme proposée par les Etats Unis a été très critiquée, elle serait d’ailleurs obsolète a-t-on dit), des chars lourds allemands Léopard 2, des drones (anglais) etc. Enfin et non le moindre la Pologne et les Pays Baltes veulent conclure une alliance avec l’Ukraine et leurs troupes et leur matériel seraient très prochainement engagés sur le front contre la Russie.
Enfin, la compétition diplomatique semble avoir été perdue par Poutine. Sans doute la réunion du BRICS s’est-elle tenue (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), mais Erdogan et la Turquie ont renoué étroitement avec l’OTAN, et ont soutenu l’adhésion de la Suède à l’OTAN : l’axe Ankara-Moscou serait ainsi cassé.
Les peuples sont mobilisés
Sans doute pour faire pression sur les participants à la conférence, le Président Zelensky avait invité le peuple lithuanien à se rassembler et manifester son soutien au peuple ukrainien. Le succès de cette manifestation a été incroyable : la foule a compté des dizaines de milliers de simples citoyens baltes qui se sentent menacés par les voisins russes et biélorusses. Les drapeaux ukrainiens ont flotté, Zélensky s’est lâché et a dit que le refus de l’OTAN d’intégrer l’Ukraine était « absurde ». Il a élargi son discours à la défense de la liberté partout dans le monde.
La menace est certaine, depuis que la Chine veut supplanter les Etats Unis pour installer son impérialisme communiste. La Chine a présidé à la réconciliation entre l’Arabie Saoudite et l’Iran, les cartes sont redistribuées dans le Proche et le Moyen rient, ce n’est pas bon pour la liberté.
En revanche, la position américaine est affaiblie. Biden a voulu soutenir l’Ukraine du mieux possible, mais ses atermoiements et l’affaire des sous-munitions lui ont fait perdre beaucoup de crédit, il est vrai que la campagne des présidentielles est lancée à Washington, et les gauchistes démocrates exercent une pression délétère, comme en France. Même si Emmanuel Macron semble maintenant moins lié au Kremlin, son tête à tête avec Zélensky ne s’est pas terminé par une déclaration commune, d’ailleurs le Président français a l’intention ne rien vouloir dire d’ici la fin du mois de Juillet.
Les peuples libres se classent désormais en deux catégories : ceux qui expriment leur foi dans la liberté et la volonté de la défendre, ceux qui sont étouffés par des machineries politiques sans foi ni loi. Le peuple américain est dans cette mauvaise classe, mais le peuple français est toujours suspendu aux discours démagogiques et ambigus de son Président. C’est grâce à une nouvelle vigueur des valeurs morales et spirituelles que les peuples de Vilnius, de Riga de Tallinn, de Varsovie, de Kiev se sauveront et sauveront la liberté.