Dans les prochains jours on fera sans doute le bilan des 100 jours 1 , d’ailleurs Emmanuel Macron saura nous expliquer ce que les Français ont pu retirer de cette période de calme, de réflexion et de dialogue. Mais nous insistons sur le fait que le gouvernement, peut-être inspiré par le Président, a proposé ces jours derniers des réformes qui sont de nature à changer radicalement la vie quotidienne des Français, en particulier des jeunes et des plus démunis.
La première réforme a été annoncée Mardi dernier par Bérangère Couillard, secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie. « A partir du 1er octobre, les consommateurs vont pouvoir être accompagnés dans la réparation de leurs vêtements et chaussures ». Cette initiative s’inscrit dans le plan « mode responsable » : l’industrie du textile doit réparer et recycler au lieu de proposer des produits nouveaux. Il est vrai que proposer des robes, des pantalons et des souliers aux consommateurs c’est gaspiller beaucoup de ressources naturelles et accélérer la dégradation de la planète (tel est évidemment le lien avec l’écologie). Pour insister sur le caractère très concret de la réforme il est précisé que le coût d’une réparation devrait être compris entre 6 et 20 euros accordés aux particuliers. Ce « bonus réparation » sera doté d’un fonds d’Etat de 154 millions d’euros sur la période 2023-2028. Voilà bien une réforme en profondeur : c’est la logique d’une société de consommation qui gaspille et qui pollue qui est ainsi détruite. Un premier bravo.
Plus audacieuse encore l’annonce lundi dernier d’un accord entre le gouvernement, les constructeurs automobiles, les spécialistes du leasing, de la voiture électrique pour aider les gens dont les revenus sont insuffisants pour se payer une voiture électrique, même avec les subventions de l’Etat déjà en cours. Ici le gouvernement ne fait que reprendre une promesse du Président lui-même : pas d’inégalité face à la voiture électrique 2 . La justice sociale, c’est çà. Ce qui est proposé c’est de permettre à une personne de payer dix euros par mois pour acheter en leasing un véhicule. C’est évidemment un pactole puisqu’actuellement le plus bas prix sur le marché c’est chez Peugeot avec 20 euros par mois. Cependant la mise en œuvre de cette réforme sociale de fond se heurte à quelques incertitudes : quelle voiture électrique ? quel vendeur ? Quid des coûts d’entretien ? Assez de bornes de recharge ? Et qui peut en bénéficier, suivant quels critères : revenu, âge, activité, localisation ? Cette réforme est donc d’une simplicité biblique, elle dépasse en audace et discrimination tout ce qu’on a pu débattre autour de la réforme des retraites. Nous avons encore quelques jours à attendre puisque la DGEC (Direction Générale de l’Energie et du Climat) annonce la publication d’un décret dès le 1 er août, applicable au 1 er janvier 2013 : tout va s’éclairer, nous renouons avec le Siècle des Lumières.
Enfin, aujourd’hui même, nous apprenons la grande réforme : la mise en place de « l’homicide routier ». A juste titre notre Etat protecteur de nos vies s’inquiète du nombre d’accidents mortels causé par l’absorption d’alcool et de drogue. Les familles de ces accidents mortels sont révoltées par le fait que les personnes ayant conduit dans ces conditions et ayant tué des personnes innocentes (y compris des enfants) ne soient jamais condamnés aux peines prévues actuellement par la loi : emprisonnements et indemnisations. Masi les associations de familles n’ont pas l’air très satisfaites par ladite réforme. D’une part l’homicide routier demeure un simple « délit » au lieu de devenir un « crime » , évidemment la qualification de l’infraction n’aura pas changé, la peine est la même que celle qui est aujourd’hui prononcée pour « homicide sans intention de donner la mort », on dit encore « homicide involontaire » 3 . A juste titre il est fait remarquer que celui qui boit ou se drogue doit savoir qu’il met la vie de quelqu’un en danger. D’autre part, il n’y a dans ce simple changement de nom aucune incitation pour les tribunaux concernés à condamner plus sévèrement que c’est le cas aujourd’hui ; très rarement un emprisonnement, et des indemnisations très limitées.
L’exemple de cette troisième réforme nous confirme, comme pour les deux autres, que le gouvernement excelle dans la communication, et fait beaucoup de bruit pour rien. Il veut simplement prouver qu’il est à l’avant-garde du progrès, qu’il est notre divine Providence, que les cent jours ont rafraichi le pays Mais c’est sans doute notre libéralisme extrême, notre hostilité permanente au despotisme et à l’étatisme,, qui nous inspire ces commentaires d’entière mauvaise foi. Gardons foi à ceux qui nous gouvernent !
1 Cf notre article, Actualité Les 100 jours : Macron va réussir là où Napoléon a échoué (7 avril 2023)
2 Premier discours de campagne en Seine Saint Denis, en avril 2022
3 L’homicide involontaire commis par un conducteur est puni jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. S’il y a une circonstance aggravante, le conducteur peut être puni d’une peine pouvant aller jusqu’à 7 ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende.