Annoncé à cette heure comme Premier Ministre, Thierry Beaudet est officiellement la
quatrième personnalité de la République Française en sa qualité de Président du Conseil
Economique Social et Environnemental (CESE), derrière le Président de la République, le
Président du Sénat, la Présidente de l’Assemblée Nationale.
Mais nos politiciens et nos médias ont salué de façon presque unanime l’irruption dans le vie
publique de la « société civile ». C’est un mensonge pur et simple, c’est surtout un
contresens sur ce qu’est réellement la société civile, véritable institution d’une société de
libertés.
Le mensonge concerne la carrière de Monsieur Thierry Beaudet. Instituteur dans l’Orne, il
réussit à se faire nommer représentant de la MGEN (Mutuelle Générale de l’Education
Nationale), et il va franchir tous les échelons du pouvoir dans la MGEN, il en sera le
Président, puis président de la fédération Nationale des Mutuelles de France : le sommet de
la France Mutualiste, dont l’idéologie est hostile aux assurances privées, et qui bénéficie de
larges privilèges réglementaires et financiers. Nous sommes donc dans la gauche militante,
et Thierry Beaudet, accédant enfin en 2021 à la Présidence du CESE, est associé à toutes les
grandes rencontres politiques organisées par l’Elysée, en particulier les fameuses
« rencontres de Saint Denis », instance destinée à regrouper les représentants des partis
politiques pour les aligner sur les vues du Président Macron. Pour terminer le portrait de
Thierry Beaudet, sachons qu’il a pris des positions très « progressistes » : contre la loi sur
l’immigration de Gérald Darmanin, pour la légalisation du cannabis, pour l’euthanasie : de
quoi plaire au Président Macron sans doute, de sorte que la cohabitation pourrait être
réellement très pacifique : un Premier Ministre aux ordres.
Mais pourquoi cette qualité extraordinaire, privilégiée par Emmanuel Macron : représentant
de la société civile ? La société civile est en effet le support d’une société de libertés. Elle se
distingue de la classe politique, précisément pour éviter que tout soit soumis au politique.
Les libéraux évoquent à ce sujet la « subsidiarité horizontale » 1 : le politique ne doit être
concerné que si la société civile n’a pas pu régler les problèmes qui assaillent la communauté
nationale. Cette articulation entre politique et civil se justifie : recourir au politique ne se
justifie que si la contrainte physique ou psychologique est nécessaire pour déboucher sur
une solution. A l’heure présente il est admis que c’est le pouvoir politique confié aux
instances locales et régionales et éventuellement à l’Etat (subsidiarité verticale) qui a le
monopole de la contrainte. La société civile est donc protection contre la contrainte, elle est
défensive. Mais elle est aussi créative, parce que c’est à son niveau que l’on prend la plupart
des choix publics. La société civile est composée de groupes de nature et de vocation
diverses : les familles, les entreprises, les associations, les clubs.
1 Cf la référence à la société civile dans l’article de Jacques Garello le 15 juillet 2024 L’Université
d’Eté des arguments pour convaincre
Le drame de la France est que la classe politique a réussi à domestiquer de grands pans de la
société civile. D’une part les associations se sont multipliées par création et subvention des
associations, c’est un classique de l’électoralisme. D’autre part les entreprises publiques se
sont multipliées et la rentabilité a été mise aux oubliettes, de sorte que l’épargne et les
investissements ont été gaspillés. La France est donc malade de la politique, malade du trop
d’Etat, trop de dirigisme, trop de jacobinisme, ce n’est pas nouveau 2 mais la marche vers le
chaos a été accélérée.