Dans un article du Journal de Dimanche du 28 Juillet l’économiste aixois Pierre Bentata a raison de dénoncer l’ambiguïté des positions de la droite face à ce qu’on appelle « l’économie punitive ». Par exemple, dans le projet présenté par François Xavier Bellamy au nom du nouveau parti Démocrates et Républicains « le paquet écologique reste majoritairement composé de taxes, d’investissements publics et de sanctions ». L’auteur est sans doute un peu sévère avec le projet, puisqu’accepter le nucléaire et soutenir les moteurs thermiques sont deux positions inadmissibles pour les Verts de toutes nuances. Il n’en demeure pas moins que l’environnement est l’objet d’un chapitre entier du projet – au même rang que la sécurité par exemple.
Vraiment l’écologie est devenue une obsession pour la classe politique française, et sans doute pour une très large majorité de Français, convaincus de ce que la planète est en danger, que l’activité humaine liée au progrès économique détruit la nature, que l’énergie fossile est à éliminer.
Cette obsession a certes une dimension électoraliste et idéologique : bien que sérieusement étrillés à l’occasion des législatives, les Verts constituent une clientèle d’appoint qui peut faire basculer l’issue du scrutin : l’« électeur médian» est toujours décisif (1). La chasse aux Verts est donc ouverte, à droite comme à gauche. En outre, les médias accueillent très volontiers les personnalités du monde écologique, telles Martine Tondelier et Sandrine Rousseau ; sans parler des vedettes de LFI qui occupent les écrans. De la sorte la propagande verte est mise à la portée du grand public. Comme le message écologique répand la peur, il est très convaincant : vieille loi de la communication.
Pierre Bentata a eu le mérite de rappeler quelques évidences : le progrès économique est « propre », ce sont les pays en croissance la plus rapide qui sont les moins pollués « Là où règne la prospérité l’environnement est mieux protégé ». Ce constat est logique : le progrès économique passe par la créativité individuelle, qui s’exprime dans les entreprises privées bien davantage que dans les bureaux de l’administration qui planifie.
Mais en ma qualité de libéral, je reproche avec regret à Pierre Bentata de s’en tenir à l’écume de la vague : est-il prioritaire de protéger l’environnement, et plus précisément est-ce une mission régalienne que garantir la sécurité environnementale ? Un glissement de la pensée de Pierre Bentata est révélateur : il serait nécessaire que les pouvoirs publics fixent « un objectif général en accord avec les attentes des citoyens et les capacités des entreprises ». « Planification « indicative » à la française ?
Le seul et vrai problème est, comme le disait Gérard Bramoullé (2) que l’écologie est en soi « une peste verte » Il ne faut pas sortir de l’écologie punitive, il faut sortir de l’écologie. Aujourd’hui comme dans les années 1960 avec le rapport Meadows et le club de Rome, l’écologie est une fable, inventée par les adversaires de la liberté individuelle, tant politique qu’économique. La fable se dissipera dans quelques années, ou quelques décennies, mais à coup sûr. Je rappelle les quatre points majeurs suivants :
1°le réchauffement climatique n’a pas pour origine l’activité humaine, mais les variations des relations entre le soleil et son satellite terrestre
2° la lutte engagée contre l’émission de CO2 a au mieux pour effet probable d’économiser un centième de degré de température, pas davantage
3° L’énergie fossile représente actuellement 80 % de la consommation mondiale d’énergie.
4° les coûts de la « transition énergétique » s’élèvent à ce jour de plus de 240milliards d’euros pour l’Europe et plus de 3.000 milliards au niveau mondial. Aux coûts financiers s’ajoutent les coûts réglementaires.
Je serais tenté d’ajouter un cinquième point : les coûts sont aussi politiques, il s’agit d’un plongeon dans le collectivisme, l’étatisme et la planification.
En conclusion, l’objectif des libéraux est de se tenir au plus loin de la peste, et de faire comprendre la vérité à nos proches et à l’opinion publique. Je suis tout de même heureux que Pierre Bentata termine son article par un acte de confiance dans la nature humaine. Il reprend une phrase de feu mon ami Julian Salmon « l’homme est notre ultime ressource ». Le libéralisme est bien un humanisme.
– Comme toute médiane l’électeur médian est celui qui sépare en deux les membres d’une distribution : 50 % sont inférieurs, 50% sont supérieurs. L’idée de l’électeur médian est due à « l’école des public choices » de J. Buchanan et G. Tullock Cf. Gordon Tullock Le marché politique Analyse économique des processus politiques Economica, éd.1978
– Gérard BRAMOULLE La peste Verte Les Belles Lettres éd. 2002