Philippe Simonnot : économiste ou journaliste ? Les deux : il connaît la science économique et ce qu’on peut en attendre pour expliquer le monde contemporain, mais il peut communiquer
de façon claire et nette, de sorte que son ouvrage est à la portée de tous. Or, précisément, c’est ce que Philippe Simonnot veut faire : briser le voile d’ignorance qui masque aux Français les réalités les plus simples de l’économie contemporaine. Il compare volontiers son mode d’exposition aux leçons données par Voltaire à Candide. Ici un professeur Archibald répond
aux questions de Candide, le Français moyen – donc ignorant. Philippe Simonnot avait fait le même exercice en 1998, avec ses 39 leçons d’économie contemporaine, qu’il a reprises en les mettant à jour, mais surtout auxquelles il a ajouté 10 leçons puisqu’en 20 ans Candide a été confronté à un nouveau monde. Je voudrais relever en particulier quatre de ces dix nouveautés.
La première concerne la crise de 2008 : elle n’est en rien une « crise du capitalisme», puisqu’elle a été provoquée par une initiative de l’Etat américain avec les subprimes, réglementation publique mise en oeuvre par deux organismes publics dépendants du Trésor, incitant les banques à prêter à des gens insolvables de quoi acheter un logement. Aggravation: au lieu de revenir à l’orthodoxie les gouvernants du monde entier (G20) ont pratiqué l’inondation monétaire, et soutenu le système bancaire et les grandes entreprises de peur des faillites en chaîne (too big to fail). Mais ils ont été conseillés par la plupart des économistes.
Voici une autre leçon : les économistes qui ont la cote se prennent pour dessavants capables d’analyser et de prévoir la conjoncture macroéconomique, et ils sont payés pour cela, même s’ils se trompent. C’est du scientisme, ils sont persuadés que l’économie est mécanique alors qu’elle n’est qu’humaine. Friedman lui-même fixait une liaison rigide entre croissance de la masse monétaire et niveau général des prix, alors qu’en réalité le désordre n’était pas la croissance de la masse monétaire mais le fait qu’elle avait pour contrepartie des actifs sans valeur (le « malinvestissement » provoqué par des taux artificiels disait Hayek).
Troisième leçon : le succès du big coin : il est une réaction contre l’hérésie de la monnaie d’Etat. La monnaie n’est pas le résultat d’un décret public (« fiat money ») mais d’un accord entre ses utilisateurs, fondé sur sa valeur intrinsèque (étalon-or) ou sa valeur marchande (un bien « marchandable » disait Carl Menger).
Enfin Philippe Simonnot traite de l’immigration : la liberté de circuler est un droit fondamental, en réalité les désordres de l’immigration de masse viennent de l’Etat : Etat d’origine qui crée misère et terreur, Etat d’accueil qui se veut Providence. J’ai récemment fait la même analyse.
Ces 49 leçons devraient être dispensées non seulement aux lycéens et étudiants gavés de keynésianisme et de macro-économie (quand ce n’est pas de marxisme) mais aussi à tous les Français intoxiqués par des médias plus experts en propagande qu’en savoir économique. Je me résume : une lecture attrayante et simple, mais une démonstration rigoureuse, et un remède excellent contre le conditionnement et le doute. Les gens qui ont besoin de comprendre ce qui se passe doivent lire Simonnot, qui donne ses leçons avec simplicité et se fait un devoir de donner et d’aider. Merci Philippe.
Jacques Garello
Philippe Simonnot, Nouvelles leçons d’économie Contemporaine,
Gallimard éd., janvier 2018