Les pièces jaunes sont destinées aux adolescents en difficulté : ainsi l’avait voulu Bernadette Chirac, que Brigitte Macron a finalement saluée. Le billet rouge est celui de 10 euros. Notre titre laisserait donc penser que l’interview de Madame la Présidente a été assez éloquent pour multiplier considérablement l’obole que les Français pourraient verser. Soit. Mais il y a une autre façon de voir les choses : on n’a pas tellement parlé des pièces jaunes, ni beaucoup parlé des jeunes en question, mais on a surtout parlé de la politique menée par le président : de quoi voir rouge (couleur de l’euro, mais aussi de la gauche).
La chose est curieuse pour une interview enregistrée dans l’après-midi, avec d’ailleurs des piges posées sur la table devant la Présidente, qui les consultait avec une discrétion relative. En quelque sorte, rien de spontané, mais tout préparé et calculé. Certains téléspectateurs qui ont regardé le Journal Télévisé de 20 heures ce lundi, présenté par Gilles Bouleau, ont tout de même été surpris de voir le grand journaliste poser tout de go à Brigitte Macron une question inattendue : « Que pensez-vous de la réforme des retraites ? ». Il a ensuite demandé si la Présidente avait l’impression que la popularité de son mari était suffisante. Il en est venu enfin à s’interroger sur l’influence que Brigitte pouvait avoir sur la politique menée par son mari. Les réponses, sans doute distillées, ont été visiblement ambiguës : elle transmet des informations sur ce que pensent les Français (elle sonde le peuple à travers les 20.000 lettres qu’elle reçoit chaque année), mais elle ne décide pas à la place du Président, et ne pèse pas sur ses décisions. Très naturellement elle s’en tient à évoquer l’amour que se porte le couple depuis si longtemps.
Tout cela pouvait donc ressembler à un bel exercice de propagande en un moment particulièrement choisi : l’impression faite lundi pourrait amortir le choc du mardi, au cas où Madame Borne aurait une mauvaise nouvelle à annoncer à certains téléspectateurs. Mais naturellement nous ne voulons pas amorcer une polémique de mauvais goût, et nous encourageons les Français à donner des billets rouges. Ce serait une erreur de croire qu’en France tout se ramène à la politique, y compris les actions humanitaires.