Il est enfin possible de mettre le libéralisme au cœur du débat public dans les prochains mois. Les administrateurs de l’ALEPS[1], réunis mercredi dernier, en sont désormais certains, ils vous expliquent et vous proposent leur démarche.
Ils ont fait un premier constat : les libéraux lancent actuellement des initiatives nombreuses dont le succès est assuré. Ils ont ensuite analysé les perspectives électorales, puis apprécié les chances d’une offre politique nouvelle avec de nouveaux leaders et de nouveaux partis : elles pourraient exister. Moyennant quoi ils ont arrêté une stratégie de nature à mettre fin à la déraison et à la crise qui plongent notre pays dans le désordre, la récession, la violence et la haine.
Les initiatives libérales
L’ALEPS n’en a pas le monopole, et elle s’associe déjà à ce qui peut légitimement passer pour un réveil libéral. Ce réveil a été annoncé par le manifeste publié l’an dernier « Réformer pour libérer », signé par des personnalités du monde universitaire, économique, politique[2]. C’est la base de tout progrès : définir un programme complet et précis des réformes à réaliser au plus vite chez nous, d’autres pays les ont adoptées avec succès : il faut en finir avec l’exception française.
Le réveil s’est décliné dans plusieurs initiatives récentes, et on peut rappeler la participation de l’ALEPS à certaines d’entre elles :
- La qualité et le succès du Journal des Libertés, édité conjointement par l’ALEPS et l’IREF : voilà maintenant la sixième année de cette revue trimestrielle
- Le lancement depuis octobre 2022 de nouvelle-lettre.com
- Le premier forum des libertés organisé à Marseille le 1er avril dernier sur le thème de la liberté scolaire
- La programmation du treizième WEL (Week end libéral) organisé par le Cercle Frédéric Bastiat à Dax en septembre prochain
- Enfin et surtout la renaissance en juillet prochain de l’Université d’Eté d’Aix en Provence, à l’initiative de l’IREF et de IES Europe (Institute for Economic Studies Europe) puisque cette Université, arrêtée après 37 ans par manque de moyens, a été le foyer libéral français, mais aussi mondialement reconnu
A cette liste il faut naturellement ajouter la diffusion de plus en plus large des idées de la liberté dans les nombreux ouvrages publiés ces derniers mois[3], et dans les sites libéraux quotidiens de Contrepoints, de la newsletter de l’IREF, des lettres de l’IRDEME et d’EPF (Entrepreneurs pour la France).
Il faut enfin ajouter la multiplication des contacts avec des personnalités du monde politique qui peuvent jouer un rôle important dans les consultations électorales à venir d’ici 2027.
Une offre politique nouvelle ?
Un large tour d’horizon a été fait par les administrateurs de l’ALEPS, là encore sans esprit de chapelle. Il n’y a guère de chances d’une conversion au libéralisme dans les formations politiques présentes à l’Assemblée Nationale. Le bloc LR au Sénat autour de Bruneau Retailleau peut avoir une certaine résonance libérale. En revanche le parti LR dirigé par Eric Ciotti a un programme économique avec des accents reaganiens, mais fait officiellement campagne pour Laurent Wauquiez, dont on ne peut pas dire qu’il soit libéral : son interview au Point ne laisse aucun doute[4]. Aucun doute non plus en ce qui concerne les personnalités de la majorité présidentielle, de Bayrou à Philippe, même si elles ont été jadis membres d’une droite sans âme ni programme libéral et prompte à trahir (Woerth, Le Maire, Darmanin, etc.). La NUPES développe avec talent son catéchisme marxiste et son terrorisme intellectuel écologiste, le Rassemblement National fait toujours dans le souverainisme mêlé de progressisme sociétal, et le parti de la reconquête s’affirme ouvertement anti-libéral L’ensemble de ces formations s’accorde pour dénoncer l’ultra-libéralisme, le néo-libéralisme, la plupart les médias fait naturellement écho.
La nouveauté ne saurait pour l’instant venir que du côté de David Lisnard et du parti qu’il a créé Energie Nouvelle (EN). L’ALEPS est en contact avec le cabinet du maire de Cannes et Président de l’Association des Maires de France, ainsi qu’avec Alexandra Martin (députée de Cannes et secrétaire général d’EN). Les convictions libérales de David Lisnard sont certaines, il n’a aucun scrupule à se présenter comme libéral. Les administrateurs de l’ALEPS ont donc envisagé non pas une quelconque allégeance, mais un éventuel partenariat avec le parti en formation (pour l’instant il est une mosaïque d’élus locaux). Une grande question est celle des relations entre EN et LR. Il semblerait normal que les élections européennes au scrutin de liste (juin 2024) appellent un accord complet entre les deux partis pour cette première échéance. En revanche les municipales de 2026 sont plus favorables à une éclosion du parti Energie Nouvelle. Quant à la candidature en 2027 de David Lisnard, il n’y a aucun intérêt pour lui à la déclarer trop tôt, à moins qu’un séisme politique se produise dans les mois à venir. Mais EN a désormais ouvert un bureau à Paris.
La stratégie retenue
Vous ne serez pas surpris de lire que l’ALEPS veut continuer sur sa lancée : reconstruire la société civile, faire des électeurs libéraux pour avoir des élus libéraux. Cette stratégie repose sur trois piliers :
- Des forums sur des sujets qui intéressent et inquiètent les Français qui ont gardé du bon sens et pour lesquels les expériences étrangères peuvent nous inspirer. Par exemple et dans le désordre : la liberté scolaire, la santé publique, la propriété et le patrimoine, le logement, la réforme des retraites, les transports, l’énergie, la peste verte, et bien sûr l’immigration, et encore la famille. Il est important que les gens soient informés concrètement de ce qu’il faut faire ;
Des cercles qui naissent des forums et prennent la forme de réunions de voisinages, de parentés, de professions, de clubs et d’associations pour explorer ensemble les réformes qui s’imposent. Il est important que les gens se parlent.
Des aides pédagogiques : documents pour comprendre et convaincre, sous formes diverses : fiches, vidéos, plaquettes, revues, livres. C’est une spécialité dans laquelle l’ALEPS s’est rodée depuis quelque cinquante ans, les outils et les formateurs seront là. Il est important que les gens prennent la liberté au sérieux.
Parallèlement à cette stratégie d’impact immédiat, il est évident qu’il faudra au fil du temps, des échéances électorales, des initiatives de leaders et partis, se rapprocher des candidats et de la classe politique, locale ou nationale, non pas pour les écouter en spectateurs critiques, mais pour qu’ils nous écoutent en acteurs efficaces. Le moment venu, de grandes réunions publiques à Paris et en province seront nécessaires. C’est ce que les libéraux avaient réussi à faire en 2016 dans les premiers mois de la campagne du candidat libéral (ou réputé tel) François Fillon.
Voilà ce que nous allons faire, avec les moyens dont dispose l’ALEPS, et avec le soutien de tous ceux qui en ont assez de la folie collective en cours, et veulent restaurer le libéralisme, c’est-à-dire la liberté, la responsabilité, la propriété et la dignité des êtres humains.
[1] Jacques Garello, président, Jean Philippe Feldman et Pierre Garello, vice-présidents, Olivier Méresse, secrétaire général adjoint, Jacques Cohen, trésorier, J Eudes Baufreton, Jean Philippe Delsol, Alain Mathieu,
Etaient absents représentés : Francis Bale, Pascal Salin, Patrick Simon, membres du Collège Présidentiel, Jacqueline Balestier, secrétaire général, Patrick de Casanove, Alain Laurent, Nicolas Lecaussin, Henri Lepage, Didier Maréchal, Philippe Nemo, Benoite Taffin.
[2] Le texte en a été publié entre les deux tours de l’élection présidentielle (28 avril 2022) dans les colonnes du Figaro. Il est reproduit dans cette Nouvelle Lettre (lundi 30 mai) dans la rubrique Fondamentaux : Le libéralisme : ce mot interdit en France
[3] Pour ne citer que ceux qui ont été notés récemment dans la Nouvelle Lettre (catégorie Livres) :
J.Ph.Feldman : L’exception française, J.Garello Le Vaccin libéral Jean Philippe Delsol Civilisation et Libre Arbitre F.Aziari Les écologistes contre la modernité S.Wepler Non l’Etat ne nous protège plus
[4] Cf la Nouvelle Lettre Catégorie Actualité du 13 mai : Moi Président : Wauquiez entre en campagne