Je suis en vacances, et heureux de l’être. Mon premier jour de vacances m’a permis de regarder lundi dernier un spectacle passionnant et de qualité, dont je me suis régalé. J’ai pensé devoir partager ma joie profonde avec ceux de mes amis lecteurs qui n’avaient eu ni le temps ni la civilité d’être devant leur poste de télévision.
Après le verdict du 7 juillet Emmanuel Macron se devait de passer en revue les nouvelles troupes politiques. Voilà qui a été fait dans cette interview donnée sur la chaîne publique A2 lundi 22 au soir. Parmi les commentateurs, certains ont vu un hommage rendu au Rassemblement National, d’autres un espoir de grande coalition de l’extrême gauche aux Républicains Démocrates. Tous ensemble, et en même temps.
Je préfère entrer dans le dédale macronien en entrant par son discours sur le RN ; puis sur le fonctionnement de l’Assemblée, et notamment ses relations avec un Premier Ministre éventuel et je suivrai notre Président dans sa péroraison sur les JO, le sport et le rassemblement du peuple français.
Exclusion du Front National : un peu d’hypocrisie
Dès le début de l’interview les journalises interrogent le Président sur la composition du bureau de l’Assemblée . Il trouve anormal qu’aucun poste n’ait été attribué aux députés RN et déplore l’incivilité qui a consisté à refuser de serrer la main aux députés de ce groupe. Une affirmation qui est toute à son honneur, en effet. Mais quelques minutes plus tard, il précise que le RN ne peut participer au pouvoir sous quelque forme que ce soit, et il trouve normal que certains des candidats de sa propre famille aient été élus avec le soutien du NFP, tandis que dans d’autres circonscriptions le NFP ait été vainqueur grâce au retrait de candidats Ensemble. Il conclut d’ailleurs de manière fort élégante : « En ma qualité de Président je dois respecter l’indépendance du pouvoir législatif ».
Content de son septennat (au prix de quelques exagérations mensongères)
Les journalistes demandent à Emmanuel Macron s’il n’a pas été déçu par les résultats du 2ème tour. Il estime d‘abord qu’il a choisi de donner la parole au peuple, et le peuple lui a répondu massivement, il avait pris sa décision avec gravité, il préférait chercher une nouvelle majorité avant l’automne, période où le vote du budget suspend le fonctionnement de l’Etat pour quelques mois. Or le pays a besoin de stabilité (pieux mensonge ou erreur d’analyse ?) Régler le problème avant les Jeux Olympiques était donc nécessaire…
D’autre part, si les élus du groupe « Ensemble » n’ont pas été aussi nombreux que prévu, c’est que la priorité a été d’écarter le RN, ce qui a avantagé le NFR. D’ailleurs les électeurs ont-ils voulu juger ce que les gouvernements successifs ont réalisé depuis 2017 ? Depuis sept ans la lutte contre le chômage a été gagnée : « Qui a parlé de chômage pendant la campagne ? ». Étonnant mensonge : l’INSEE donne des chiffres sans signification parce qu’ils concernent la catégorie A : ceux qui n’ont pas travaillé beaucoup. Mais ces personnes sans travail sont maintenant en formation, et indemnisées à ce titre (au point de faire la chasse aux abus et de modifier les règles d’indemnisation). Il est curieux que le Président se lamente de la faiblesse des heures travaillées en France et se réjouisse de la disparition du chômage ! Où sont donc ces Français ni chômeurs ni travailleurs ? La réalité est qu’avec 7,6% de la population active la France est plutôt mal classée (moyenne de l’Union 7,1, Allemagne Italie et Belgique font mieux). Autre réalisation impressionnante en sept ans : le sport a été introduit à l’école. Il me semble que c’était dans beaucoup d’établissements antérieur à 2017 et l’entrée du sport ne compense pas tout-à-fait la sortie de l’écriture, de la lecture, du calcul. Enfin on ne doit pas oublier la grande réforme des retraites, réalisée avec la prudence puisque la plupart des pays européens ont un âge de départ plus élevé que le nôtre. Il paraîtrait aussi que l’Etat ait beaucoup fait en matière de sécurité et d’immigration. La France demeure « le pays d’Europe le plus attractif », mais s’agit-il des capitaux et des entreprises industrielles ou des candidats à l’emploi et/ou à l’aide publique ? Il est vrai que :l le RN a exagéré la situation sans doute.
La nouvelle responsabilité des députés : dialoguer
Les journalistes interrogent le Président sur la difficulté de construire une majorité solide. Il en convient : aucun des trois pôles ne peut avoir une majorité. Mais c’était la situation depuis 2022. Alors, le désordre ? Non : une nouvelle façon de se comporter. Certes une coalition est possible, mais comment se coaliser avec LFI et pire encore avec le RN ? Mais ce n’est pas la responsabilité du Président de dire aux divers groupes comment ils doivent se coaliser. Les députés doivent maintenant assumer leurs propres responsabilités. Et apprendre à se parler, à se rencontrer, à débattre sur chaque projet ou proposition de loi. Cette leçon de démocratie à l’athénienne est judicieuse, mais l’agora comptait davantage de bons citoyens que la présente Assemblée. On voit ces jours-ci combien le dialogue est facile au sein-même du NFR, voire même au sein d’Ensemble. En ce qui concerne le RN la question ne se pose pas, puisque le parti majoritaire est exclu du Parlement. On verra aussi comment le débat budgétaire se déroulera dès septembre, puisque les dépenses publiques sont les armes indispensables aux Pères Noël de l’Etat Providence.
Tant pis si l’Assemblée veut revenir aux mœurs de la 4ème République mais l’Elysée aura avoir une conduite exemplaire : ne pas intervenir dans ces débats parlementaires. Je suis sûr que la cohabitation sera sur le mode d’une grande réserve présidentielle !
Et la première ministre ?
Il n’aura échappé à personne que les autorités (morales) de LFI , informés du message présidentiel lundi soir, avaient judicieusement estimé que le Président serait heureux d’annoncer le choix qu’il ne pouvait pas manquer de faire : appeler à Matignon la personnalité issue du NFR. Compte tenu de l’urgence les diverses composantes du NFR, retrouvant la belle unanimité de feue la NUPES, ont désigné Madame Castets. A vrai dire elle avait toutes les qualités requises : socialiste, énarque, chargé des finances d la Ville de Paris, ancienne cadre du Trésor Public, militante et brillante : voilà ce que le peuple attendait depuis si longtemps.
Mais notre Président a le sens des responsabilités, puisque la Constitution prévoit que le chef de l’exécutif nomme le chef du législatif (voilà une belle séparation des pouvoirs, gage de démocratie parlementaire). Ses responsabilités lui commandent de ne pas changer le gouvernement démissionnaire actuel au moment où s’ouvrent les Jeux Olympiques. Les Jeux engagent le prestige de la France à l’étranger, et la diplomatie est d’autant plus importante que nous sommes en crise mondiale (au passage Emmanuel Macron aura précisé qu’il était en faveur de deux Etats et qu’il condamnait Netanyaou pour le comportement d’Israël à Gaza, même si le Hamas a été criminel le 7 octobre 2023). Or, la diplomatie est le domaine réservé du Président. Les Jeux Olympiques sont donc sous sa responsabilité.
Cette saine division du pouvoir a été mal comprise par les plus hautes instances de LFI, et le président Bompard a déjà annoncé une forte réaction du peuple, qui pourrait spontanément se mettre à manifester en plein milieu des JO.
Les Jeux Olympiques
Evidemment Emmanuel Macron est au cœur des JO. Il a rappelé le travail remarquable du Comité Olympique. Il en profite pour rappeler que c’est le CIO qui a exclu la Russie et invité Israël – ce que LFI et le Parti Communiste ne peuvent tolérer.
Mais l’histoire retiendra qu’Emmanuel Macron a déjà participé à la négociation pour obtenir les JO sous la Présidence de François Mitterrand (1995), et qu’il a été présent pour obtenir les JO à Paris sous la présidence de François Hollande. Dans la foulée il va négocier des JO d’hiver dans les Alpes pour 2027 – et en effet le CIO a accepté cette candidature hier – il y a eu ici l’occasion d’une démarche commune entre Macron et les présidents des régions concernées Wauquiez et Muselier.
Le Président Macron donne ensuite aux journalistes les objectifs de médailles qu’il a fixés aux sportifs français. La grandeur de la France est en jeu, et les prévisions et promesses d’Emmanuel Macron ont réussi à notre pays depuis sept ans.
Les Jeux sources d’enthousiasme pour la France
Les Français vont avoir la chance de partager des jours inoubliables, la fête sera merveilleuse. Ici les relations avec les journalistes se détendent. On parle des personnalités artistiques venues du monde entier. Les journalistes poussent le Président dans ses retranchements : puisqu’elle est par hasard Paris, Céline Dion va-t-elle chanter ? Je rappelle au passage qu’une grande francophone chantera la Marseillaise : Aya Nakamura, celle qui a eu la chance de chanter la vie en rose, et a ainsi donné à Edith Piaf une notoriété mondiale : voilà bien la preuve que la culture française a conquis le monde entier.
Soyons heureux en France, mais aussi soyons sérieux : la France va pouvoir retrouver l’enthousiasme, le sport fait des miracles, mais c’est l’Elysée qui guide cette renaissance, puisque tous les Français se retrouvent et s’unissent ensemble et en même temps.