Avant-hier dimanche coup d’éclat à Roland Garros. La Biélorusse Aryba Sabalkenska, classée numéro 2 mondiale, éliminait en deux sets 6-2 6-3 l’Ukrainienne Marta Kostyuk : pas de surprise. Mais au moment où les deux joueuses quittaient le court, l’Ukrainienne a refusé de serrer la main de la Biélorusse et elle est sortie sous les sifflets du public.
Pourquoi ce refus ? Dans la conférence de presse qui a suivi l’Ukrainienne a expliqué que la Biélorussie est complice de l’invasion de son pays par la Russie, et que cela était inadmissible.
Elle a ajouté qu’elle ne comprenait pas la réaction du public français puisque la semaine précédente à Londres elle avait été applaudie pour ce même comportement contre la même adversaire. « Ne pas prendre ses responsabilités en donnant son opinion concernant l’un des sujets les plus importants au monde, je ne le respecte pas » dit-elle.
De son côté la Biélorusse a conclu son interview en disant que toute la faute en revenait à l’Ukrainienne parce que « c’est l’Ukraine qui a déclaré la guerre » : autre position politique, mais réellement haïssable.
Cependant, haïssable ou non, la position politique est-elle conforme à la pratique du sport ? La fédération internationale de tennis interdit cette politisation, et exclut les joueurs qui veulent se réclamer de leur nationalité. « De nombreuses fédérations internationales ont banni les Russes et Biélorusses de leurs compétitions à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, mais à l’exception des compétitions de sélections (Coupe Davis et Billie Jean King Cup), ils peuvent participer aux circuits professionnels de tennis, sous bannière neutre. » rappelle Le Point. De la sorte l’Ukrainienne n’aurait pas dû se comporter comme elle l’a fait.
Cependant je crois que cet incident porte notre attention sur les relations entre le sport et la politique.
Quelques jours plus tôt tous les footballeurs professionnels de ligue 1 avaient été obligés à porter des brassards aux couleurs de LGBTS dans le cadre de la journée contre l’homophobie. Plusieurs joueurs égyptiens, marocains, des clubs de Nantes, Toulouse, Guingamp, ont refusé de disputer un match avec le brassard arc-en ciel. Porte-parole du gouvernement Olivier Veran avait donné une précision intéressante : « On vit dans une époque aujourd’hui (…) où chacun est libre de s’aimer comme il le souhaite », a-t-il dit déclaré France 2.. Voilà l’Etat gestionnaire de l’amour.
Toujours dans le monde du football, la venue de « ballons d’or » comme Ronaldo ou maintenant Lionel Messi dans les pays arabes intégristes a pour raison de démontrer que ces pays sont « civilisés », même si les droits individuels les plus sacrés sont ignorés (concernant en particulier la dignité des femmes). Après avoir organisé le Mondial de football en 2022 le Qatar veut avoir les Jeux Olympiques en 2936. D’ores et déjà Qatar et Arabie Saoudite « s’achètent » une réputation en investissant dans le football de tous pays.
Mais les liens entre politique et sport ont eu leurs plus grandes heures de gloire, ou d’infamie. Cela a été le cas avec les Jeux olympiques de 1936 à Berlin, qui furent l’occasion d’une propagande diabolique pour le chancelier Hitler et l’Allemagne réunie dans son unité nazie. La victoire de Jess Owens, noir américain, a scandalisé les organisateurs et même le public ! Politique encore aux jeux de Moscou, de Los Angeles, etc.
Je m’insurge à mon tour, et après bien d’autres, au nom de l’esprit olympique. Inventé par Pierre de Coubertin, l’olympisme travaille à effacer les frontières entre les Etats, à écarter le souverainisme et à prôner l’universalisme : les êtres humains ont la même dignité, les mêmes droits, quels que soient leur race, leur religion, leur gouvernement.
Mais voilà aujourd’hui le malheur : le tout politique, le tout Etat, le pouvoir des gouvernants sans limite, l’Etat omniprésent et devenant totalitaire dans des pays jadis libres. L’Olympisme est absent, défiguré : les présentations des jeux Olympiques de Paris se font avec le bonnet phrygien : c’est la Révolution française de 1792 qu’il faut honorer. D’un commun accord Madame le maire de Paris e Monsieur le Président de la République nous invitent à honorer Robespierre et les sans culotte aux couleurs des LGBTS.