Il se disait que la France était le dernier pays communiste du monde. Ce n’est pas vrai : en Chine et ailleurs l y a encore plus d’un milliard d’êtres humains soumis à la dictature communiste. Ce qui est vrai c’est que les gouvernants actuels ne conçoivent plus aucune limite au pouvoir de l’Etat et, comme en URSS, veulent s’occuper de tout : appelez cela despotisme, voire totalitarisme[1].
Les limites sont dépassées à propos du prix des produits alimentaires.
1° A notre connaissance la France est le seul pays de l’OCDE à obliger producteurs et distributeurs à négocier sur la hausse des prix alimentaires à prévoir.
2° Non seulement le gouvernement veille à ce que les négociations s’organisent au plus vite et au mieux, mais il est l’ultime arbitre, et décide unilatéralement quels prix doivent être bloqués et à quel niveau. Aujourd’hui le 14 % tiendrait la rampe.
La négociation est insensée parce qu’elle est imposée et parce qu’elle est inefficace.
Imposée : nous ne voyons pas en quoi le gouvernement se substitue aux libres contrats et à la concurrence qui depuis des siècles ont réglé les relations économiques entre les êtres humains. Dans une société de liberté, l’Etat se contente de protéger les personnes et les biens, il ne s’occupe pas du niveau de vie et des choix de la population. Il fallait aller en URSS pour voir le commerce nationalisé.
Inefficace : la négociation est organisée au niveau des producteurs et des distributeurs français. Or, il y a de très nombreux produits alimentaires qui sont importés (fruits et légumes par exemple) ou de produits dont la matière première a un cours mondial (blé, café, papier, transport, etc.). Evidemment les producteurs étrangers ne sont pas conviés à ces négociations, donc le seul contrôle des prix possible ne peut concerner que des produis alimentaires français à 100 %. En dépit des aides, des réglementations et des impôts imaginés par les gouvernements français et européens successifs, nous n’avons pas encore accédé à la souveraineté et l’auto-suffisance nationales pour les produits alimentaires.
[1] Le totalitarisme existe bien lorsque l’Etat réglemente la vie privée : PMA, euthanasie, famille, etc.
De toutes façons c’est Bercy qui fixe les prix, et certains produits bénéficieront même de « prix bloqués ». Cette maîtrise de l’Etat sur l’alimentation est évidemment justifiée : l’Etat veut lutter contre « l’inflation alimentaire », expression reprise au Salon de l’Agriculture par Bruno Le Maire, Ministre de l’Economie[1]. Quant au détail de la mise en œuvre, du contrôle et du financement, il faut attendre encore une mise au point. Certes les intentions sont claires et devraient suffire : « Nous devons offrir une porte de sortie à tous les consommateurs qui peinent à boucler les fins de mois, ils trouveront les prix les plus bas possibles ». Certes « Tout ne peut pas être payé par l’État », mais on peut imaginer soit un « chèque alimentaire », mais pas trop ciblé, soit un « panier anti-inflation », idée de Madame Olivia Grégoire, Ministre Déléguée au Commerce.
Quant au financement, il sera fait appel aux entreprises : « Les distributeurs sont prêts à faire des gestes supplémentaires, les industriels comprennent aussi la difficulté de la situation. Je suis convaincu que nous pourrons trouver cet accord collectif dans les jours qui viennent, qui permettra de partager le poids de l’inflation ».
Le panier anti-inflation est une excellente illustration du nouveau commerce géré par l’Etat, c’est d’ailleurs la ministre du Commerce qui avait lancé l’idée. Car nous collons ici au pur modèle soviétique : vous pourrez acheter ce que les fonctionnaires planificateurs de l’Etat (Gossplan) auront préparé pour vous, et vous ferez la queue pour ne pas arriver trop tard, après épuisement des paniers par les premiers servis (faudra-t-ii mesurer le contenu des caddies ?). Il est d’ailleurs à noter qu’au cours de la journée d’hier le gouvernement a finalement abandonné l’idée, mais les distributeurs s’en sont emparés et plusieurs d’entre eux font maintenant la publicité du fameux panier. C’est dire que l’Etat produit des idées tellement libérales que le secteur privé se hâte de les reprendre.
Oui, vive l’Etat, le plan, Bercy, et tournons la page du libre marché, surtout s’il est mondial : Ce que les gens de Bercy et du gouvernement et de la pensée unique ne savent pas, c’est que le libre contrat et la concurrence font depuis des siècles des miracles pour éviter et les pénuries et les excédents. Certes il faut parfois attendre quelques mois pour que les ajustements se fassent. On a déjà observé que les prix du blé, du cacao, du pétrole brut, des containers, ont chuté de façon importante (près de la moitié) depuis quelques semaines. Evidemment le prix à la pompe ou au magasin peut flamber en un jour si monsieur Martinez réussit à « détruire l’économie française » (annonce impunie ?). Mais si on laisse le libre-échange et la concurrence loyale opérer, la chasse aux gaspillages et les innovations vont produire leurs effets. D’ailleurs avec l’amélioration mondiale des techniques de communication, le marché comble les déséquilibres dans des délais de plus en plus courts.
Mais le virus est idéologique : le marché c’est le calcul comptable, c’est l’obsession de la rentabilité, c’est la victoire du capital, de l’impérialisme et de l’exploitation des pauvres par les riches.
Contre le virus le seul vaccin est libéral[2] : un Etat minimal et responsable, pas d’inflation parce que l’Etat ne joue plus aux déficits, aux dettes et aux spéculations en fabriquant de la fausse monnaie, pas de blocage parce que la CGT respecte les Français.
[1] Nous avons consacré à un article sur l’inflation alimentaire
[2] C’est peut-être l’occasion de rappeler l’ouvrage de Jacques Garello « Le vaccin libéral : contre le despotisme, contre le populisme ». IDF,éd. Février 2021, le plan détaillé se troyve sur ce site dans les Fondamentaux.