Le monde se divise en faisant de l’Occident un ennemi commun et commode. Russes et Chinois , mais aussi gauchistes, wokistes veulent détruire la civilisation. Mais pourquoi sont-ils suivis par une si large partie de la population occidentale, pourtant menacée au premier chef ? Jean Philippe Delsol donne la réponse : c’est la haine qui habite des millions de personnes, mais alors pourquoi cette haine ?
Le premier facteur est le ressentiment. L’Occident a dû sa réussite à la confiance que l’on a accordée aux initiatives personnelles. Mais du coup les protections moyenâgeuses sont chacun bénéficiait ont progressivement disparu, et c’est cet isolement qui laissera sur le pavé des gens incapables de réussir leur vie. Le ressentiment va fabriquer des « anti-individus », haïssant la réussite personnelle et marquant leur préférence pour le collectivisme : c’est « l’homme-masse » d’Ortega y Gasset, qui se tournera vers l’Etat, vers la société. La morale de la solidarité remplacera la morale de la liberté. L’anti-individu veut imposer aux autres cette morale du partage obligé « pour ne plus avoir à rougir de l’aumône c’est-à-dire de l’argent des autres qu’il se donne ainsi raison de prélever sans vergogne ».
Le deuxième facteur est la jalousie et l’envie
Jean Philippe Delsol évoque la jalousie du Hamas à l’égard d’Israël : les Israéliens ont tout réussi alors que les Palestiniens de Gaza croupissent dans la pauvreté, dont l’origine ne peut être que la réussite de leurs voisins. Au niveau mondial, Russes, Chinois, Turcs ont la nostalgie d’un empire perdu, qui s’exprime dans la haine « l’humiliation des colonisés à l’égard des puissance colonisatrices qu’ils ne savent pas rattraper économiquement et socialement, et celle des pauvres à l’égard des riches […] La gauche collectiviste préfère que tous soient pauvres plutôt que tous soient moins pauvres mais que quelques-uns soient très riches ».
La chasse aux boucs émissaires est le troisième facteur de haine. A défaut de produire une société meilleure, les utopistes la promettent. Mais comme elle n’advient pas, il leur faut toujours trouver des boucs émissaires faciles, à la mesure d’un discours simpliste. « Ceux qui réussissent deviennent les hommes à abattre comme déjà les juifs : plus riches et plus épargnés par la peste parce qu’ils se lavaient les mains avant de manger ils étaient l’objet de pogromes. Comme la vertu révolutionnaire, communiste, islamiste, écologique ou autre tarde toujours à produire des résultats, il faut expliquer que la faute en revient à d’autres. Ce fut l’objet de la Terreur de 1793 et des grandes purges successives de Staline. Le règne de la vertu se transforme toujours en tribunaux populaires et expéditifs. Nous y sommes à nouveau autrement, la vertu travestit la haine, et la haine de soi, sous le nom de wokisme, d’écologisme, d’égalitarisme jusque dans les genres ».
Nous pourrions évoquer un quatrième facteur, et jean Philippe Delsol en convient naturellement : c’est l’Etat Providence, et l’électoralisme qui l’accompagne. Car chaque classe sociale a le sentiment qu’on donne trop aux autres et pas assez à elle. La course aux mesures démagogiques est sans cesse ouverte, et l’anti-individu se transforme en syndicaliste révolutionnaire, en gilet jaune, en manifestant. Les banderoles et les drapeaux de la haine excitent facilement, et on débouche sur les émeutes les plus violentes, les plus chargées en haine.
Que faire face à ces facteurs de haine ? Jean Philippe Delsol rappelle les vertus de la liberté, et la façon de les ressusciter. Sans doute, mais sans avoir honte de notre civilisation, devons-nous aussi faire preuve d’un peu d’humilité face à l’humiliation ressentie. « L’Occident ne manque pas d’être parfois, trop souvent, sûr de lui-même et dominateur. Comme les riches qui n’hésitent pas à afficher grossièrement leur superbe, l’Occident étale sa décadence morale ».