Malgré toute son envie d’être en tête du cortège (comme toujours) notre Président n’a pas participé au défilé de la République contre l’antisémitisme. Nous avons déjà donné notre sentiment sur cette manifestation[1]. D’une part il est curieux de voir au premier rang les représentants d’un pouvoir incapable d’assurer l’ordre public et d’appliquer les lois qui condamnent le racisme, d’autre part il est scandaleux de vouloir exclure les élus et électeurs du Rassemblement National en les assimilant à des nazis. Exclusion ouvertement affirmée par les deux organisateurs, le président du Sénat et la présidente de l’Assemblée. Exclusion qui a légitimé le refus de la France Insoumise, du Parti Communiste, de la CGT, de FO de défiler puisque Marine Le Pen et le Rassemblement National ont bravé l’interdit et se sont joints tout à la queue du défilé, avec calme et discipline. Il y a d’ailleurs eu quelque chose de rassurant dans ce défilé dimanche : aucun trouble, aucun incident. C’est assurément que la cause défendue était d’une importance et d’une urgence considérables, l’indignité de l’antisémitisme doit être rappelée et condamnée sans cesse, aujourd’hui comme dans le passé.
S’agissant d’Emmanuel Macron, la raison pour laquelle il n’a pas défilé est uniquement le conflit qui l’oppose au gouvernement israélien. Le conflit est ouvert, Benjamine Netanyahou a nommément pris à parti le Président de la République Française pour l’incohérence de sa position diplomatique[2]. Certes il n’aime pas le Rassemblement National, mais c’est bien sa diplomatie personnelle qu’il entend justifier et confirmer, le lien avec l’antisémitisme ne lui semble pas évident.
Toutefois sa cote de popularité a brutalement chuté, mais il a prévu tout de suite la parade, en lançant coup sur coup deux invitations. La première est pour le lendemain même du défilé, les chefs religieux sont reçus à l’Elysée pour « faire un effort pédagogique » et expliquer à leurs ouailles, et particulièrement aux jeunes, que la guerre de religion ne doit pas exister et que tout croyant doit respecter un autre ou un agnostique. En fait la réunion de l’Elysée a tourné à l’affrontement entre le grand rabbin de France irrité parce que les musulmans avaient refusé de participer au défilé qui leur semblait anti-palestinien et le chef de la mosquée de Paris. Du coup, un accord préparé par le Coref (Conférence des Responsables de cultes en France) n’a pas été trouvé, le rabbin a quitté l’Elysée : voilà un triste lundi pour le Président – et peut-être pour la France (sait-on jamais ?)
Il y avait cependant un autre prolongement du défilé : invitation aux partis politiques de se retrouver à Saint Denis le 17 novembre. Mais d’entrée de jeu la gauche extrême, radicale, voire modérée, avait décliné l’invitation, et Eric Ciotti vient de faire savoir ce matin qu’il ne serait pas non plus à Saint Denis parce que la présence des Républicains aux seuls côtés de la majorité présidentielle n’aurait pas manqué d’être présentée (de bonne ou de mauvaise foi) comme une adhésion aux projets macroniens.
« Monjoie Saint Denis que trépasse si je faillis ». Emmanuel Macron a failli. Nous ne souhaitons pas son trépas, mais nous croyons qu’il faudrait lui administrer le sacrement des malades.
1 Cf notre article du 8 Novembre 2023 Antisémitisme ou Electoralisme, comment les plus nobles causes deviennent politique politicienne
2 Cf l’article de Jacques Garello du 25 octobre 2023, Proche Orient : Macron multiplie les positions, En réalité les clés de la guerre sont toujours à Téhéran