Il y a un très large consensus autour de la solution des deux Etats. Naturellement les Pro-Palestiniens, quelque soit leur jugement sur le Hamas, ont un raisonnement très clair : puisque les Juifs ont un Etat, pourquoi les Palestiniens n’en ont-ils pas ? Mais la majorité de ceux qui soutiennent sans réserve Israël est aussi en faveur de la solution des deux Etats. C’est en particulier la position de la diplomatie française.
Il faut d’abord rappeler ce qui s’est passé pendant la période où a été reconnue l’Autorité Palestinienne. En 1964, après avoir inspiré et dirigé l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) Yasser Arafat signera en 1978 avec Mehmet Begin chef de l’Etat israélien l’accord de Camp David. C’est Mahmoud Abbas qui est à la tête de l’Autorité et les Palestiniens occupent théoriquement la Cisjordanie et Jérusalem Est devient leur capitale. L’Etat israélien n’a jamais accepté cette solution et en l’an 2000 Aron Sharon va provoquer la colère des Palestiniens en se rendant sur la Montagne Sacrée où se trouve la mosquée de Jérusalem. Pendant cinq ans la lutte est permanente entre israéliens et Palestiniens. Avec le soutien du gouvernement israélien de nombreux Juifs installent des kibboutz en Cisjordanie, ce qui va passer pour une colonisation, et pas toujours pacifique.1 L’autorité est toujours sous la présidence de Mahmoud Abbas , et elle est financièrement soutenue par des fonds principalement en provenance de l’Union Européenne, des Etats Unis et de l’Angleterre.2
Mais il est évident que l’Autorité Palestinienne n’est pas un Etat Palestinien. C’est la raison pour laquelle en 2011 Mahmoud Abbas demande à la tribune des Nations Unies l’adhésion de l’Etat Palestinien à l’ONU. L’Assemblée générale approuve mais au Conseil de Sécurité qui a seul le pouvoir de décision les Etats Unis apposent leur veto. Il va donc falloir s’en remettre en 2012 à un arrangement assez surprenant : la Palestine sera un « Etat observateur non membre »3.
En réalité cette avancée vers la reconnaissance d’un Etat Palestinien est freinée par la mésentente entre le Fatah, parti d’Abbas au pouvoir, et le Hamas, parti d’opposition créé de toutes pièces par l’Iran. Une guerre fratricide (137 morts) est désormais engagée. Le referendum organisé par Abbas en 2007 avait aggravé les hostilités : Les Palestiniens de la bande de Gaza vont voter pour le Hamas. Donc, si l’Etat Palestinien n’existe pas aujourd’hui c’est bien de la faute du Hamas et de l’Iran qui l’a créé et le soutient ouvertement. Il est vrai que la gestion de l’Autorité Palestinienne par Mahmoud Abbas a compté pour beaucoup, car ce président s’est exilé (à Beyrouth la plupart du temps) et s’est constitué une fortune spectaculaire avec les fonds reçus de l’aide internationale.
Si les Palestiniens n’ont pas réussi à s’entendre sur l’attribution du pouvoir d’un Etat, les autres pays directement concernés n’ont pas aidé à la création de ce même Etat. Il y a d’abord la Jordanie. Le roi Abdallah 1er n’a eu aucune envie d’annexer à son royaume prospère et tranquille une Cisjordanie occupée par des Palestiniens peu fiables, composés d’ailleurs d’immigrés syriens, kurdes, irakiens et, qui plus est, occupée par un nombre croissant de Juifs. Son fils actuellement régnant (Abdallah II) a confirmé son désir de ne pas prendre en charge les Palestiniens de Cisjordanie, la frontière jordanienne leur est d’ailleurs interdite et les sans papiers sont dans des camps. Pour l’Egypte les choses sont encore plus claires, et confirmées depuis le 7 octobre. Les Egyptiens ont réussi à se libérer de la dictature des Frères Musulmans tout puissants du temps de Nasser. Ils ne tiennent pas à avoir un voisinage aussi dangereux que celui du Hamas.
De la sorte l’Etat palestinien ne trouve aucun soutien autre que la diplomatie occidentale, dont se séparent d’ailleurs les Etats Unis, le Canada et l’Angleterre. Le problème se pose en réalité de façon très différente depuis que la solution Abraham est lancée. Dans le prolongement des accords d’Oslo (1993 et 1994) il s’agit de développer les relations économiques entre Israéliens et Palestiniens. Ces relations sont d’autant plus intéressantes que l’industrie israélienne s’est fortement développée, et elle peut offrir des produits et des services de grande qualité en concurrence avec les Américains, jugés désormais trop chers. L’Arabie Saoudite, longtemps très proche des Palestiniens, a fait un choix très inattendu en se rapprochant d’Israël. L’Egypte est également dans les mêmes dispositions d’esprit. Il est très vraisemblable que l’attaque du 7 octobre ait été déclenchée sur ordre de l’Iran parce que la solution Abraham était en train de rétablir la paix dans le Proche Orient, une paix dont les Conservateurs de la révolution de Téhéran ne veulent pas, puisque l’Iran perdrait le pouvoir au Proche Orient mais surtout s’affaiblirait dans sa lutte mondiale contre l’Occident.
Finalement les solutions dont on débat pour régler la situation actuelle sont entre :
-La création d’un Etat Palestinien aux mains du hamas : c’est le souhait des partisans de la dictature et des islamo-communistes, c’est l’objectif de Poutine et Erdogan.
-La création d’un Etat Palestinien dont les Juifs ne veulent pas et dont on ne sait qui exercerait le pouvoir
-La création d’un Etat Palestinien sous la coercition d’une autorité mondiale : celle de l’ONU impuissante
– L’abandon de la solution des deux Etats et l’accompagnement diplomatique et politique de la solution Abraham
Naturellement les libéraux du monde entier ont tendance à préférer le « doux commerce » : le retour au commerce et à la paix aura été à travers des siècles la plus sûre promesse de compréhension entre des peuples que tout préparait à la haine et à la guerre : c’est une vrai fierté d’avoir foi dans la liberté[4].
[1] Malheureusement certains Juifs installés en Cisjordanie ont depuis quelques semaines agressé les « voisins palestiniens ». Ces « ratonades » ont été sévèrement jugées par ‘opinion mondiale et par Joe Biden
[2] Curieusement, ces fonds sont envoyés …au gouvernement israélien, qui les comptabilise et les reverse mensuellement à l’Autorité Palestinienne (50 millions de dollars par mois) !
[3] La France vote pour, USA Canada et Israël sont les seuls à voter contre
[4] C’est la conclusion de mon article du 14 novembre Le choix est entre Abraham et Théran, entre paix et fanatisme