Emmanuel Macron sera dans les livres d’histoire au même titre que César, Néron, Louis XIV, Napoléon. Ce 8 mars sera une date aussi célèbre que le 14 juillet 1789 ou le 11 Novembre 1918.
En trois jours seulement Il fallait du génie pour réussir à modifier la Constitution et à confier au Garde des Sceaux le soin d’apposer le sceau impérial.
Les grandes institutions internationales qui veillent au bonheur de l’humanité avaient fixé au 8 Mars le Jour des Droits de la Femme. Soit on a estimé qu’il fallait combler au plus tôt un vide juridique scandaleux : en principe les femmes n’auraient pas accès à quelque droit, puisque les déclarations des droits de l’homme, tant américaine que française que onusienne ne les mentionnaient pas. Soit on a estimé qu’il y a un droit nouveau qui doit émerger dans l’ordre juridique mondial : celui d’avorter.
Il me semble qu’Emmanuel Macron a choisi cette dernière version. Avec l’élégance et la profondeur qu’on lui connaît il a expliqué ce qu’avaient fait toutes ces femmes courageuses qui ont montré le chemin du droit, au péril de leur réputation : elles étaient 353 qui avaient avorté. Avant elles, l’IVG était un choix personnel que la loi française n’admettait pas, et a même longtemps considéré comme un crime. Mais, bien au-delà de la dépénalisation, le digne Président de la République Française a su réaliser l’impossible progrès : reconnaître aux femmes le droit de propriété sur leur corps. Et, contrairement au droit de propriété sur les choses, celui-ci ne peut être supprimé pour cause d’utilité publique.
Non seulement plus personne ne pourra désormais le remettre en cause dans notre pays (à supposer par exemple que les extrémistes s’emparent du pouvoir), mais la France doit aussi assumer le rôle historique qu’elle aura toujours eu : montrer la voie du progrès.
Que tout le reste du monde le sache bien : la France fera inscrire ce droit dans les textes européens, cela donnera enfin à l’Europe un rôle et une consistance qu’elle n’a pas. Sans nul doute la France inspirera-t-elle aussi aux citoyens des Etats Unis une telle pression sur la Maison Blanche et le Congrès que la récente sentence de la Cour Suprême sera réduite à néant (bien qu’en fait elle n’ait jamais exigé des Etats qu’ils suppriment l’IVG). Désormais tous les pays barbares se rendront aux arguments de la France, c’est sûr.
Les droits de la femme sont sans doute dans la lignée de John Locke, qui avait défini la condition de l’homme libre (freedom par opposition à la condition de l’esclave serfdom) : il a droit à la vie, à la liberté, à la propriété. Mais Emmanuel Macron a eu le génie de lier ces trois valeurs ; les femmes ne peuvent être supprimées et elles ont la liberté parce qu’elles sont propriétaires de leurs corps.
Je demande donc respectueusement à ce faiseur de miracles, à ce jeune dieu fils des Lumières, de porter au monde entier un message tout aussi noble que celui des droits de la femme : reconnaître à l’embryon la propriété de son corps, lui garantir la vie.
Je sais que le législateur français n’a pas eu le courage de reconnaître ce droit pour tous les embryons : il devait avoir l’âge de douze semaines dans le discours de Madame Veil quand elle a présenté sa loi, elle est en France de 14 semaines actuellement. Je sais que, par comparaison, les experts et médecins de l’Organisation Mondiale de la Santé ont publié en ce même jour du 8 mars, un rapport qui conclut que l’IVG devrait être pratiqué pendant toute la durée de la grossesse. L’explication de cette proposition est frappée au sceau de la science : « Il a été constaté que les [délais d’accès à l’avortement liés aux] limites d’âge gestationnel étaient associés à des taux accrus de mortalité maternelle et à de mauvais résultats en matière de santé ».
Je trouve donc contradictoire que la France instaure une incompatibilité entre les droits de la femme et les droits de l’embryon. Comme l’OMS le dit fort bien : les limites d’accès à l’avortement sur la base de l’âge gestationnel sont « arbitraires » et constituent donc « des obstacles médicalement inutiles », qui « ne devraient pas être inscrits dans la loi ». Il faudrait donc demander aux Parlementaires français de modifier le texte constitutionnel qu’ils viennent de voter pour préciser que l’IVG est praticable durant les neuf mois de la grossesse.
Alors, que vont faire les pays qui ont reçu le message mondial de la place Vendôme ? S’aligner sur la France ou s’en tenir au rapport de l’OMS, ce qui supprimerait bien sûr toute garantie à la vie de l’embryon ?
Pour vous éviter le risque d’être déconsidéré, je vous conseille d’insister non seulement sur les droits de l’embryon mais de les garantir à tout âge, de sa conception à sa naissance. Je pense que vous trouveriez le soutien de quelques millions de Français qui pensent que la vie d’un enfant à naître est aussi digne d’être préservée que la vie de tout autre être humain. Je sais ce que pensent tous ces braves gens :
1° la vie et la mort d’un embryon n’ont pas à être gérées par l’Etat, nul ne vous a mandaté pour décréter le moment légal et arbitraire d’une IVG. De manière générale aucun pouvoir public, fût-il démocratique, ne peut faire la loi de la vie privée. Gardez l’arme de la coercition pour assurer l’ordre public, c’est ce que vous n’avez pas réussi à faire jusqu’ici, comme vos prédécesseurs.
2° Vous avez rendu hommage à Robert Badinter qui a fait abroger la peine de mort. Mais la peine de mort n’est pas supprimée pour les embryons. L’opposition de gauche vous a soutenu dans votre initiative, beaucoup de gens de LFI et EELV Les Verts sont révoltés par le fait de tuer les animaux sans contrôle, mais on peut tuer des enfants à naître sans scrupule.
3° Je ne saurais vous encourager à vous distinguer dans quelques semaines en demandant au Parlement d’introduire l’euthanasie comme un droit de l’homme. Vous devriez bien réfléchir avant de détruire totalement toutes les bases de la civilisation. Ce que vous préconisez aujourd’hui n’est pas une fierté pour la France, mais une honte. Les êtres humains ne relèvent pas de l’ordre politique et de l’Etat, sauf dans les dictatures. Les êtres humains ont une relation naturelle avec leur foi, surtout dans les pays qui comme le nôtre, comme l’Europe, comme l’Occident, ont été façonnés par des cultures issues de religions qui respectent la vie et la liberté véritable, celle qui nous incite à la dignité.