Samedi 22 Juillet : Au-delà de l’économie, la culture
Les premiers temps de l’Université s’étaient occupés de la crise : quelles formes a-t-elle prises ? Comment les Etats y avaient-ils répondu (Covid, énergie, environnement). Quel rôle ont joué les « experts » ? La dernière journée de l’Université va s’interroger sur la façon de sortir des crises et les réformes qu’appelle la doctrine libérale « classique » : réformes économiques, en particulier concernant la monnaie et les finances publiques, réformes culturelles pour retrouver la liberté et la responsabilité des êtres humains libérés du paternalisme d’Etat.
« LA MAUVAISE MONNAIE CHASSE LA BONNE »
La « loi de Gresham » explique qu’en cas de coexistence entre monnaies, la mauvaise monnaie est celle qui circule le plus couramment parce que les gens gardent la bonne monnaie, qui leur paraît plus fiable et mieux conserver sa veleur à plus long terme : on préfère avoir des pièces d’or plutôt que des billets de banque. Or nous vivons une coexistence de monnaies très impressionnante: il y a la monnaie bancaire traditionnelle (Georges Selgin), la monnaie contrôlée par les banques centrales (Antoine Gentier) et maintenant le bitcoin, mais est-ce une monnaie ? (Yorick de Montbynes) D’autres communautés de paiement inventent des monnaies globales indépendantes des Etats (H. Lepage). Il faut toutefois ne pas sous-estimer les dégâts que peuvent créer les Etats, et en particulier l’Union Européenne (B.Lyddon)
Les réserves fractionnaires ; pour ou contre ?
Le système bancaire moderne a sans doute fait son apparition à Sienne, avec la Monte dei Paschi[1]. Certes les banquiers de Florence avaient déjà inventé le billet de banque, parce qu’il est plus sûr de régler les transactions avec des billets qu’en transportant de l’or mais la valeur des billets était intégralement couverte par l’or détenu dans la banque. Mais peut-on imaginer que le billet ne soit pas couvert à 100% par de l’or ? C’est ce qu’on appelle des «réserves fractionnaires » Parmi les actifs de la banque ne figurent plus seulement du métal précieux mais aussi des titres de crédit, c’est ce qu’a fait la banque de Sienne. La pratique va se généraliser au point que l’on dira « les crédits font la monnaie » et au 20ème siècle on parlera de « multiplicateur monétaire ». Avec l’expansion du commerce mondial et la révolution industrielle les réserves fractionnaires sont de plus en plus contestées, et au 19ème siècle une forte controverse oppose partisans du «free banking » du « currency banking » : laisser les banques responsables de leurs émissions ou les réglementer. Aujourd’hui la réglementation l’emporte, mais est-ce justifié et où est le progrès ?
Les adversaires des réserves fractionnaires identifient quatre risques que les banques font courir à leurs clients et à la communauté : la fraude, la fragilité, l’inflation et les cycles. Murray Rothbard explique que l’or déposé par les clients à la banque ne devient pas la propriété té de celle-ci, il s’agit d’un simple contrat de dépôt, et le déposant n’a pas le droit d’utiliser ce qui lui est confié. Adam Smith lui-même avait déploré la mauvaise posture dans laquelle une banque se met, et qui peut se terminer en faillite (il a été impressionné par la faillite de la banque du Canada en 1867). On relie aussi la liberté bancaire à l’inflation, parce que les banques peuvent être menacées d’une soudaine demande de liquidités, et n’ont pas les actifs suffisants, donc elles émettent de la monnaie en accordant des crédits à l’importe qui (le « malinvestissement d’Hayek). L’inflation expliquerait à son tour les cycles économiques, le taux d’intérêt monétaire étant décalé par rapport au taux d’intérêt réel. En fait l’histoire montre juste le contraire ; dans les périodes de crise observées aux Etats ubis et en Angleterre, ce sont les Etats où les banques sont libres qui échappent ) la crise, et la Grande Dépression de 1929 a bien été aggravée par la politique de Hoover. En fait, c’est Mises qui indique la solution : il faut faire la distinction entre crédit transféré, et crédit créé. La banque n’a pas le droit d’accorder un crédit sans gage sur une richesse actuelle ou future, la monnaie et le crédit sont indispensables pour entreprendre et réussir. C’est la responsabilité de la banque de veiller à la qualité de la monnaie qu’elle émet, dans un climat de libre concurrence c’est la clientèle qui se prononce sur les choix bancaires.
La « fiat money » crée l’inflation
Depuis la fin de la première guerre mondiale la réglementation bancaire n’a cessé de s’imposer, on en vient à admettre que la monnaie n’est pas la création des banques lais bien de l’Etat. La monnaie c’est un droit régalien, qui rapporte d’ailleurs un « droit de seigneuriage » comme on disait jadis. C’est l’Etat qui dit ce qu’est et ce que doit être la monnaie « fiat money ». Donc tous les systèmes bancaires sont sous la coupe des banques Centrales, qui n’ont aucune indépendance par rapport aux autorités politiques, elles n’ont de banques que le nom.
Les chiffres sont a priori très inquiétants. Entre 2004 et 2023 le bilan de la BCE a été multiplié par sept. Le prix de l’or a été multiplié par sic. : en cours des actions en bourse a augmenté parallèlement. Toute cela ne veut pas dire que les affaires marche nt, mais que la valeur du dollar baisse, puisque c’est en monnaie américaine que toutes ces données sont calculées.
La question de fonds est donc celle d’un système monétaire mondial fondé sur une monnaie dépréciée. Mais la situation ne saurait durer, la suprématie du dollar est déjà bien entamée. Il y a une raison fondamentale, c’est que les Etats Unis ont perdu leur domination économique. L’activité économique et surtout l’industrie s‘est déplacée vers l’Asie : ce déplacement se chiffre à environ un tiers ? Dans ces conditions l’émission d’une monnaie sans contrepartie réelle revient à distribuer des « faux droits », comme disait Jacques Rueff. Cette erreur n’est pas propre aux Etats Unis, les Anglais ont aussi voulu soutenir la livre, mais ils ont dû très vite renoncer : les « dévaluations compétitives » sont un rêve. Or, la réaction des Etats va exactement en sens contraire : ils renforcent leur règlementation et détruisent le marché, et ils croient échapper à l’inflation en comparant les prix. C’est ce qui s’est produit à Rome avec l’émission de pièces sans un gramme d’or ni d’argent, la face de César n’a pas été suffisante pour accorder le moindre crédit à la pièce. C’est ce qui s’est passé avec les assignats de la Révolution Française, gagés sur des « biens nationaux » dont les Etats Généraux avaient pensé qu’ils seraient suffisants pour rembourser une dette publique volontairement sous-évaluée par Necker ? C’est ce qui s’est passé avec l’Allemagne nazie, multipliant par des milliards le prix d’un timbre poste. Et, dans tous ces cas, les Etats ont cru bon de lutter contre l’inflation par le contrôle des prix. Il n’y a pas plus stupide manière de lutter contre l’inflation, elle a pourtant traversé les siècles, et c’est ce qui se fait aujourd’hui. Contrôle des prix et réglementation des marchés débouchent sur la pénurie[2], le marché noir, la spéculation et la corruption et finissent par détruire la société.
Les faces cachées du Bitcoin
B majuscule c’est le système monétaire b minuscule c’est l’unité monétaire qui circule dans le système. Il y a 19 milliards de bitcoins en circulation aujourd’hui, voilà 14 ans qu’on pronostique sa disparition. Le Bitcoin doit son succès à ses trois dimensions : technique, économique, sociale.
La technique du Bitcoin garantit à ses usagers une sécurité absolue. Il n’est pas piratable, il n’est pas duplicable, il n’est pas identifiable (on ne peut connaître quelque chiffre ou identifiant), il résiste à l’Etat (au point que certains Etats et l’Union Européenne voudraient créer leur propre bitcoin – qui est stupide évidemment) et sa technique n’a cessé de s’améliorer.
Du point de vue économique, le bitcoin a-t-il toutes les caractéristiques d’une monnaie ? Certes il n’est pas un moyen d’échange universel et intemporel. Mais il a quelques qualités qui le rapprochent d’une excellente monnaie : d’une part il est très coûteux à produire (comme les métaux précieux), d’autre part il est l’objet d’un marché (ce qui correspond à l’exigence dévoilée par Carl Menker : il fait l’objet d’une demande, celle de liquidité absolue (il est donc « marketable ») Il a aussi un horodatage précis, c e qui facilite les contrats, mais cette qualité contractuelle est décentralisée, elle ne concerne que les parties au contrat. Le Bitcoin accélère les échanges et évite des transports et des transferts – ce qui diminue tous les coûts et les prix.
Du point de vue social, le bitcoin dépolitise la monnaie : les Etats n’ont rie n à y voir, même s’ils le veulent. Cette monnaie s’offre aussi aux pays les moins développés, et leur permet de participer un échange mondial sans coût. Le Bitcoin diminue la criminalité, parce qu’il n’y a pas de transaction frauduleuse et la corruption est impossible. L’avenir du Bitcoin est assuré, mais ses organisateurs (ignorés évidemment de tout le monde= ont fait part de leur intention de limiter la quantité de bitcoins à 21 milliards. Il et donc conseillé d’en acheter le plus vite possible, le bitcoin neuf vaut moins cher que le bitcoin d’occasion dans quelques mois !
La « global money » une communauté de paiement professionnelle
Le désordre monétaire mondial a certes créé des monnaies parallèles comme le bitcoin, mais il a aussi amené les professionnels à trouver des modes de paiement sans passer par les monnaies officielles. De nombreux groupes industriels, financiers, commerciaux sont en relation permanente, d’autant que leurs activités sont très diversifiées : une holding peut se développer dans l’automobile, le tourisme, la recherche médicale ou le spectacle. Il suffit pour ces professionnels d’avoir des comptes courants ouverts dans un certain nombre de banques (par exemple en France Paribas ou la Société Générale). Ces professionnels se font mutuellement crédit, sachant qu’ils seront sûrement payés en temps et en valeur voulus. Cela représente un volume d’affaires considérable, de plusieurs milliards de dollars (mais précisément personne ne veut se régler en dollar). Cette masse de transactions n’apparaîtra dans aucune statistique monétaire et cependant les paiements auront été faits. C’est un nouvel exemple de création monétaire à partir de purs titres de crédits.
Ce système est vieux comme le monde et rappelle deux choses importantes : d’une part le crédit est né avant la monnaie, l’être humain a été amené à intégrer le temps dans ses calculs, même si « le temps appartient à Dieu » d’autre part la monnaie est reçue comme telle au sein d’ »une communauté de paiement plus ou moins large. Cela s’est vu depuis les banques temples sumériennes[3]. Cette procédure est-elle celle de l’avenir ? Certains craignent que le club « fermé » soit tenté d’avoir un poids politique mondial, comme certains le prônent à Davos.
Une communauté d’endettement dangereuse
Si quelques grandes holdings constituent des communautés pour faciliter les échanges mondiaux les pays de l’Union Europe ont imaginé une communauté de nature à accroître l’endettement public. L’instrument commun est le budget européen. L’objectif est de réaliser plus vite la transition énergétique, priorité des priorités, mais aussi les barrières protectionnistes et enfin les équipements publics. L’important est de transformer les déficits publics en investissements publics : une transformation du court terme en long terme. Le court terme ce sont les ressources retirées des impôts et autres prélèvements obligatoires, le long terme ce sont tous les bienfaits attendus en termes de décarbonation, de réindustrialisation, de relance agricole, de bien-être des citoyens européens. C’est l’Europe Providence qui prend le relais des Etats Providence. Les principes et les institutions sont déjà en place pour effectuer cette transformation. Evidemment tout sera contrôlé par la Commission, elle établit le Plan de Cohésion Politique de l’Union, avec le CPR (commom provisions régulation) le fonds européen de Développement Régional (ERDF) et le Fond de Transition Appropriée (JTF) A Bruxelles on aime la réglementation et la bureaucratie.
C’est aussi une machinerie à encourager la dépense publique, et de deux manières : les pays déficitaires peuvent toujours arguer de dépenses nouvelles parce qu’elles s’inscrivent dans le cadre du projet d’investissement européen, et ils peuvent dès aujourd’hui obtenir des avances sur leurs investissements futurs.
Evidemment il n’y a aucune justification à de telles initiatives, sinon de donner à Bruxelles un pouvoir encore plus élargi, il faut instaurer le jacobinisme européen et en finir avec le régionalisme (à la mode française la meilleure façon de renforcer le pouvoir central c’est d’organiser la décentralisation, qui masque seulement la déconcentration). Mais il existe malheureusement des pays « frugaux » qui sont supposés contribuer davantage aux provisions en vue de financer la planification écologique. Pologne, Hongrie et autres pays d’Europe Centrale et Baltique sont devenus de « mauvais européens » aux yeux de la Présidente Ursula von der Leyden. Enfin et non le moindre les pays les plus attachés à la doctrine Delors sont pris au piège financier, ils doivent promettre de réduire leurs déficits mauvais européens », s. Pologne, Hongrie et Pays Bas sont réputés pour leurs dettes et l’on a vu le gouvernement français demander à l’Europe un ralentissement de la transition énergétique : un comble !
En fin de compte, il n’y a aucune illusion à se faire : la voie dans laquelle s’engage l’Union Européenne est celle du gaspillage des fonds, c’est-à-dire de nouveaux sacrifices pour les contribuables européens et de nouvelles réductions des libertés personnelles.
LA CULTURE MALADE DE L EDUCATION
On peut se demander pour quelles raisons les erreurs économiques et la réduction des libertés personnelles se multiplient sans réaction massive des peuples concernés. C’est que toute crise a une dimension culturelle (J.Ph.Delsol) or la culture se forme dans le système éducatif, en échec total (Ph.Nemo)
La culture de la peur et du grand remplacement
Comme il a été rappelé dès les premiers instants de l’Université la crise est inhérente aux erreurs commises, et les erreurs sont la rançon de la nature de l’être humain : perfectible mais faillible. Etymologiquement la crise est une tragédie, un drame qui oppose Antigone et Créon (le bien et le mal s’opposent mais coexistent). S’ouvre alors la période de la démesure, de la facilité et finalement du recours à la contrainte, c’est-à-dire à l’Etat qui en a le monopole. La seule issue possible est la résistance, comme l’a rappelé Camus. Il faut faire preuve de discernement, passer tout évènement au crible de la raison, éviter la démesure. Cicéron plaide pour « la balance » (In medio stat virtus). Il faut revenir à la justice, qui n’est pas égalité, mais la rémunération de chacun à son dû. C’est l’objectif que l’on peut atteindre à travers le marché et à travers la démocratie. Cela a un autre nom : la sagesse.
Or, la sagesse a fui l’Occident, et en particulier la jeunesse de l’Occident. La jeunesse refuse la vie en société, elle est aveuglée, elle est pessimiste. Tous les canons de la peur hantent son esprit, les suicides et la drogue traduisent la tragédie, on ne pense qu’aux inégalités dont sont victimes les femmes, aux menaces pour la planète, pour la santé, alors même que la réalité mondiale est toute autre. La réalité c’est l’accroissement spectaculaire de la population et de la prospérité mondiales en deux générations. Les résultats de cet aveuglement sont le désenchantement, le rejet de la raison (bien qu’on ne cesse d’évoquer le siècle des Lumières), l’absence d’une culture commune au sein des Etats (et sans doute parce que les Etats ont échoué à s’adapter à la mondialisation). On voit se répandre une idéologie du remplacement (tout changer,woke), on veut réécrire l’histoire, en oublier les grandes leçons pour s’arrêter à des détails sans intérêt. Le processus de déculturation conduit à la dé civilisation, au gaspillage du libre arbitre.
Une éducation sinistrée ne transmet plus la culture
Il y a sans doute une composante structurelle à la crise culturelle actuelle, en effet elle tient à la nature des êtres humains. Mais il y a aussi une composante conjoncturelle : la culture n’est plus transmise. Ce n’est pas la culture de l’Occident qui est en cause : elle a derrière elle la fierté de plusieurs dizaines de siècles. C’est que cette culture humaniste n’est plus enseignée aujourd’hui. De la sorte nous produisons de jeunes sauvages (surtout dans les communautés immigrées) qui n’ont pour idée que de détruire. Cela rend évidemment impossible toute vie en société, qui ne peut subsister, comme le dit Hayek, que s’il existe des règles de comportement respectées parce qu’inscrites dans un ordre spontané. Il n’y a rien de plus traditionnel que la tradition. Et la tradition ne s’accommode pas du multiculturalisme.
Pourquoi la transmission de la culture ne se fait-elle pas ? A cause de changements profonds : la mondialisation, l’immigration, l’explosion de la famille (familles monoparentales, travail des femmes), le numérique, le climat. La situation actuelle tranche avec ce qui se faisait dans les siècles précédents, puisque la culture se transmettait de génération en génération à travers l’Eglise, les monastères, les paroisses, et surtout les familles. Aujourd’hui les médias diffusent un mythe collectiviste. Mais c’est surtout le système scolaire qui est déshérité. D’une part la qualité des enseignants s’est dégradée : syndicalisme et politisation l’expliquent. D’autre part la liberté scolaire a été réduite à néant, pas de concurrence, pas de création, un mammouth bureaucratique.
Alors, que pourraient faire des libéraux pour transmettre la culture ? Il faut en revenir aux humanités, c’est-à-dire à la littérature, à l’histoire, à l’art. Kil faut retrouver et sauver le patrimoine culturel : musées, cathédrales et châteaux. Il faut réhabiliter le travail. Beaucoup de gens s’engagent actuellement dans ces voies, ils font du libéralisme sans le savoir.
DISCOURS DE CLOTURE DE L’UNIVERSITE
La tradition de l’Université est de se terminer sur la dimension éthique et humaniste du « libéralisme classique » et de confier cet exercice à une personnalité de premier plan. La personnalité ne pouvait être que le professeur Mario Rizzo, venu à Aix très souvent depuis trente ans, qui a enseigné à NYU (New York Uny), temple de l’économie autrichienne avec Israel Kirzner) et à l’Université de Chicago, auteur d’ouvrages fondamentaux comme « Economics of Time and Ignorance » en collaboration avec Richard Langlois. Quant au sujet de son discours il s’agit de la « Psychologie anti-paternaliste de William James »
Il est indiqué aux lecteurs de la nouvelle-lettre.com que d’autres sessions de l’Université n’ont pas trouvé leur place pour l’instant dans notre présentation mais elles apparaîtront dans un prochain document avec la référence aux interventions de R.Nechita, Nouh El Harmouzi,N.Lecaussin, D.Dufort,C.Nasuela,D.Mursa, S.Mascalon & S.Sepe, Sir S.Kamall,C.Johnson, F.Facchini, D.Piana, A.Mathieu , S.Beraldo, A.Slomka-Bolebiowska, Elizabeth Krecké, E. Martin, N.Wenzel, Ph.Dapprich.D.Gobartenko, P.Bentata. J-P.Chamoux
La Psychologie anti paternaliste de William James
William Janes n’est pas un économiste, mais un psychologue. %aos la psychologie a fait une entrée remarquée dans la science économique, elle partage avec l’école autrichienne et ce qu’on appelle les « libéraux classiques » l’importance que l’on doit attribuer au comportement humain. Ce comportement ne se réduit pas à l’utilité ou à la rentabilité, mais il dépend des libres choix individuels, des appréciations personnelles que chaque acteur économique, producteur ou consommateur, devrait pouvoir faire en toute liberté.
C’est ici que la psychologie intervient. En effet les individus sont influencés par le paternalisme, qui réunit l’autonomie individuelle . William Kames proteste contre certaines interventions publiques qu’il juge scandaleuses. Ainsi l’Etat de Massachussetts interdit de se faire soigner quelqu’un qui n’est pas diplômé en médecine. Non seulement c’est la liberté de l’individu de choisir ses soins, mais l’expérience personnelle lui a peut-être prouvé que les soins qu’il pratique sont plus efficaces. Un autre exemple est donné lorsqu’après la deuxième guerre mondiale les Etats Unis ont voulu faire des Philippines la copie de la société américaine. Ils ont vanté les vertus de courage, d’honnêteté, de solidarité des Américains (à démontrer) et ont décidé que ces vertus s’expriment dans les guerres. Ils ont donc obligé les jeunes Philippins à faire un service militaire obligatoire.
En réalité le maternalisme veut décider de ce qui est bien ou mal en général, sans tenir compte que chaque individu va avoir sa propre conception de ce que sont le bien et le mal. Cela est l’affaire du cerveau de chacun, cela peut se développer) l’école. De la même façon le savoir est quelque chose de personnel, il dépend de l’information et de l’appréciation du temps par les individus, et ces données sont elles-mêmes variables suivant les circonstances pour un même individu. Donc le savoir n’est pas collectif, il se forme au contraire par la rencontre entre des personnes. Ce dont nous avons besoin, ce dont nous apprenons, c’est non pas le paternalisme, mais la « matisse » (mastery) : ce que nous apprenons de nos maîtres, de nos amis, ce que nous avons fait pour réaliser nos objectifs. Ce que nous faisons aujourd’hui est plus important que ce que nous programmons pour demain. C’est un exercice intellectuel et spirituel que nous faisons en permanence.
Cette conclusion appelle deux questions de la part de Jacques Garello : quid de la famille ? quid du capital humain ? La réponse est que l’apprentissage personnel est le plus important, en deuxième rang vient la famille, en troisième rang nos relations, et en tout dernier rang, et à proscrire l’Etat. Quant au capital humain, il ne cesse de se former tout au long de la vie : on devrait parler de personne plutôt que d’individu parce que l’individu passe sa vie à épanouir sa personnalité.
[1] Cette baque avait été créé pour venir aider les paysans en difficulté (Monte de Pieta) Mais elle élargira ensucite son activité à tous les propriétaires fonciers de la plaine toscane
[2] On peut toujours décréter, comme Monsieur Macron, que l’on doit s’adapter à la pénurie « L’ère de l’abondance est finie »
[3] Dans le temple Cohesion Politique de l’Union Européenne, famille possède un pilier, on écrit dans la pierre les dettes et créances au fur et à mesure qu’elles naissent. Les comptes sont « courants », et l’on est sûr que les paiements seront faits, car la banque est un temple : Dieu punira ceux qui oublient leurs obligations