L’Université d’Eté libérale d’Aix en Provence s’est terminée samedi soir dans les jardins du Pavillon Vendôme, haut lieu de l’histoire locale et de la liberté. Cinquante étudiants (dont quarante étrangers) ont prolongé la soirée jusqu’à une heure du matin, mais pas de « rêve partie ». A mon sens cette conclusion confirme le succès global de ces trois journées. Elle a été d’un très haut niveau intellectuel avec 43 intervenants dont 26 venaient du reste du monde, Américains du Nord et du Sud, Européens, hélas pas d’Africain cette année. L’Université a été aussi très bien organisée par l’équipe d’IES (Pierre Garello et Christian Nasulea) et de l’IREF (Jean Philippe Delsol et Nicolas Lecaussin). Il y avait cependant un fort parfum d’ALEPS puisque nombre de participants étaient des « anciens » de l’Université d’Eté de la Nouvelle Economie, et des amis de Gérard Bramoullé, à qui un hommage posthume a été rendu[1]. Il ne fait aucun doute que le chaos politique organisé le 17 juin a compliqué la promotion de cette édition 2024 et réduit l’assistance globale à 250 personnes (contre 500 l’an dernier).
Mais le succès de cette édition 2024 est à mes yeux ailleurs : faciliter la promotion du libéralisme dans les mois à venir.
Actuellement le libéralisme s’impose dans notre pays comme une offre politique nouvelle, qui tranche avec les refrains éculés de la classe politique de droite comme de gauche. Cela se traduit entre autres par l’émergence et l’extension du parti Nouvelle Energie (NE) créé par David Lisnard. D’ailleurs des membres éminents de ce parti sont intervenus en ces trois jours, et l’Université a été reçue à la mairie d’Aix par un adjoint président de la section aixoise de NE. Mais pour prolonger et accompagner cet élan il faut avoir de solides arguments pour promouvoir largement les idées de la liberté.
Très bientôt vous aurez sur Youtube l’intégralité des travaux de l’Université, mais je crois nécessaire de sélectionner pour vous quatre fortes idées qui peuvent révéler à des milliers de Français que les réformes libérales correspondent à leurs vœux profond, et les libérer de la propagande de la pensée unique ?
1°La décarbonation : Erwan Queinnec (Université Paris 13) a démontré pourquoi il n’y a pas du tout à s’alarmer pour un réchauffement climatique finalement de très faible amplitude, et encore moins pour un excès de CO2 qui n’a jamais existé. La décarbonation a été stigmatisée par Vincent Bénard, qui a chiffré le coût exorbitant des politiques de décarbonation, avec l’impact de ces coûts sur la croissance, le chômage, la dette publique. Bénard a donné tous les chiffres de nature à convertir les partisans de l’IA (Intelligence alimentaire, ne pas consommer des aliments qui exhalent du CO2, changer les races de vaches). Pourquoi pas changer les êtres humains ? Greg Rhemke a projeté quelques affiches et slogans qui circulent aux Etats Unis, par exemple « Diet against Disease » : comment lutter contre la maladie (ou la dépression) en cessant de se nourrir stupidement.
2°L’organisation de la société civile : C’est ce qui a fait le succès des pays nordiques comme Islande, Norvège, Suède, Finlande alors que les gens pensent que c’est la sociale-démocratie qui aurait inspiré ces pays et leurs dirigeants. Hannes Gissurarsson (Université de Reykjavik) rétablit la vérité : entre le pouvoir exécutif et le peuple se sont installées au niveau local nombre de cellules de débat et d’entraide. De la sorte personne n’a été durablement dans le besoin et les projets communs à réaliser dans l’espace local ont été adoptés par des gens directement concernés. Entre le top down et le bottom up, voici une approche intermédiaire, qui a pour base la subsidiarité.
3°L’ordre spontané dans l’organisation de la Cité : pas de plan d’urbanisme. C’est une proposition de Sanford Ikeda, sans doute l’un des plus anciens représentants de l’économie autrichienne avec Kirzner¸Mario Rizzo, et autres enseignants de NYU. On sait que l’ordre spontané est à l’opposé de l’ordre planifié. En réalité il est dans la nature des êtres humains de chercher et de trouver une règle sociale qui permet de vivre ensemble et d’anticiper le comportement des autres. Les institutions ne sont pas nécessairement nationales ou régionales, elles peuvent s’établir à l’échelle de la ville. Cette réalité sociale se traduit dans l’architecture et l’allure que les habitants de la ville veulent lui donner. Alain Bertaud donne des exemples pris dans différentes cités des Etats Unis, d’Europe et d’Asie. Il estime d’’ailleurs que le choix des habitants dépend grandement des moyens de transport : vivre sur son lieu de travail ou se déplacer pour aller travailler. Un autre élément est l’espace disponible. Donc les « plans d’urbanisme » n’ont aucune raison d’être imposés. Houston est un bon exemple. Cela a été confirmé par Javier Fernandez-Lasquetty, ancien directeur de l’urbanisme de Madrid.
4° Concurrence Institutionnelle. L’exposé de Nicolas Jutsetz, de l’Institut Libéral de Coppet, a expliqué le succès de la Suisse. L’Etat n’existe pas, seuls les cantons existent. Les autorités de la Confédération n’ont en fait aucun pouvoir, plusieurs referendums qu’elles ont proposés ont été rejetés par les Helvétiques. En revanche les institutions cantonales sont en concurrence : si un impôt ou une norme ne plait pas aux habitants du canton concerné, les habitants vont se déplacer dans le canton voisin. La subsidiarité trouve son compte dans les pays fédéraux. Et les Suisses ont bloqué tout dérapage budgétaire en exigeant le vote des budgets en équilibre. Cette sécurité institutionnelle fait que la Suisse, jadis pays d’émigration (les « gardes suisses ») est maintenant pays d’immigration. Mais il est difficile de vivre en Suisse, même à Genève, si on a franchi illégalement la frontière de la Confédération.
Ces quatre thèmes ne doivent pas cacher d’autres mines d’or libérales rappelées en trois jours : sur la réforme des retraites (comme réalisée en Roumanie), sur la protection de la nature par le droit de propriété ( proposition de l’IAE de Londres), sur le contenu du populisme (exemple de l’Italie) sur la réduction des dépenses publiques (Suisse, Allemagne) , sur la réforme monétaire et la suppression des banques centrales (fonctionnement mondial des cryptomonnaies), sur la liberté scolaire (Lisa Kamen offre le fruit de son expérience d’enseignante et retient le principe du libre choix des parents grâce aux bons scolaires). Je ne peux être exhaustif, mais ces quelques références mettent en évidence la diversité et l’efficacité des solutions libérales, il est possible de convaincre nos proches d’abord, puis ensuite un grand nombre de personnes raisonnables et responsables. Il faut élever le niveau de réflexion et de débat abaissé scandaleusement par la pensée unique.
[1] Cf mes deux articles sur Gérard, dans la Nouvelle Lettre Gérard Bramoullé : le sourire d’un libéral engagé en politique Economiste, Premier adjoint de la ville d’Aix, il nous a quittés vendredi dernier et dans le Journal des Libertés et et dans le Journal des Libertés , Gérard Bramoullé : un libéral exemplaire et souriant.