Contrepoints a publié le 12 mars un article de Jean Yves Naudet qui dénonce comment l’épargne considérable que les français accumulent sur leurs livrets A est gaspillée. Non seulement les titulaires de livrets perdent de l’argent en période d’inflation, mais surtout c’est l’économie française qui est privée d’investissements rentables puisque c’est l’Etat qui se charge de gérer ces milliards, il est même prévu que les livrets finances le nucléaire, l’Etat prend l’argent là où il est et pour là où il en a besoin : politique arbitraire et présomption fatale
« Ce ne sont pas les besoins du financement de l’économie qui décident, via les marchés, de l’affectation du livret A, c’est l’arbitraire étatique à tous les niveaux.
55 millions de Français possèdent un livret A. Son succès ne se dément pas : 33,49 milliards de plus en 2022, pour atteindre un record de 375 milliards. »
Arbitraire de la rémunération : perte de 3 %
Soumis à la double autorité du gouverneur de la Banque de France et du Ministre de l’Economie le taux du livret A est en général bien en dessous de celui de l’inflation. L’épargnant est ainsi perdant puisque l’intérêt ne couvre pas la hausse des prix : « en termes de pouvoir d’achat réel, la somme placée perd de la valeur. Jusqu’en février 2022, le taux était de 0,5 % ; il est alors passé à 1 %, puis à 2 % en août 2022 et enfin à 3 % au 1er février 2023. L’épargnant peut se satisfaire de cette augmentation mais avec une inflation de 6 %, force est de constater que son épargne a perdu 3 % de sa valeur. »
Arbitraire de l’affectation : la Caisse des Dépôts
Où va cette masse d’épargne ? Elle est obligatoirement versée à la Caisse des Dépôts et Consignations, elle ne finance jamais directement quelque investissement rentable dans le secteur privé. La plus grandes partie ira vers le logement dit « social », et on peut douter de l’opportunité de ce placement (dont certains ont démontré qu’il explique la crise du logement). Cependant la Caisse accorde aussi des crédits à des collectivités locales, voire à des PME. Mais aujourd’hui l’épargne des livrets A pourrait aller au programme nucléaire.
La présomption fatale
C’est là que face aux besoins colossaux du financement du nucléaire (plus de 50 milliards pour les six EPR prévus), a germé cette idée de ponction sur les énormes sommes issues du livret A puisque EDF ne peut assumer seule cette dépense […]
On pourrait se réjouir d’assister à une diversification de cette utilisation qui ne se limiterait pas au logement social car il y a tant de choses utiles à financer. Mais pourquoi le nucléaire ou tel autre usage possible ?
Et Jean Yves Naudet de conclure : « C’est là que l’on retrouve le problème de fond : l’arbitraire des décisions publiques, qu’elles émanent directement de l’État ou de son bras financier, la Caisse des dépôts. C’est tout le drame de l’épargne administrée : la présomption fatale des hommes politiques ou de leurs représentants, qui pensent savoir mieux que les agents décentralisés ce qui est bon pour l’économie. Laissons les ménages, les entreprises, les banques, en vertu du principe de subsidiarité, décider des bons placements. Si EDF, le nucléaire, les collectivités publiques ou le logement social ont besoin de financements, ils les trouveront, à condition d’en payer le vrai prix, au lieu de se financer arbitrairement et à bon compte sur le dos de l’épargnant. »