C’est bien à tort que l’on accuse Emmanuel Macron de ne pas vouloir ni pouvoir réformer le pays. A l’occasion de la journée mondiale des droits de la femme (mercredi) il a annoncé qu’il était disposé à faire entrer l’IVG dans la Constitution de la Vème république. Quel courage !
En réalité c’est une simple manœuvre, car on ne voit pas comment les lois successives créant et développant l’IVG en France, de Neuwirth à nos jours, pourraient être remises en cause par quiconque. Harcelée par la pensée unique l’opinion publique s’est habituée à considérer l’avortement comme un acte banal, même si la vie d’un enfant à naître est en cause, et même si des médecins réactionnaires invoquent le serment d’Hypocrate[1] pour ne pas le pratiquer. Il est vrai toutefois que les grandes autorités du féminisme, comme Marlène Schiappa, ont présenté la décision du Président d’inscrire l’IVG dans la Constitution comme une belle innovation, une grande victoire dont la République peut être fière.
Mais le Président lui-même, que veut-il ? Il veut profiter de l’occasion inespérée d’organiser une révision constitutionnelle. On sait qu’une telle révision peut s’organiser de deux façons : un vote du Congrès à Versailles (les deux chambres du Parlement réunies), ou un référendum à la demande du Président. Dans les deux cas, l’évènement fera sans doute oublier les rancœurs à la suite du vote de la réforme des retraites, ce qui l’aura précédée, ce qui l’aura suivie. Le Président, qui n’aura pas cédé, mais dont la cote de popularité sera au plus bas, aura ainsi la possibilité de se refaire une santé politique et de repartir pour la fin de l’année au moins, sauf si la réforme de l’immigration déchaîne à nouveau des réactions, manifestations et désordres comparables à ceux que nous vivons aujourd’hui. Il y a la démocratie « à l’heure du Parlement » (Le Maire dixit), la démocratie à l’heure de la rue (dixit Mélenchon), il y a surtout la démocratie à l’heure de l’Elysée. A quand la démocratie à l’heure de la liberté ?
[1] Cf L’article de Jacque Garello L’Elysée entre la vie et la mort, publié le 23 février 2023.