Fidèle à sa mission de défendre la liberté d’expression[1] la chaîne CNews invite désormais en fin de soirée des personnalités d’opinions diverses, dans le cadre d’une émission dirigée par le journaliste Ivan Rioufol[2]. Hier dimanche l’invité était David Lisnard, président de l’Association des Maires de France (et maire de Cannes), qui a créé une formation politique « Nouvelle Energie », mais qui est toujours membre du parti LR. David Lisnard n’est pas de gauche, c’est le moins qu’on puisse dire, mais Ivan Rioufol souhaite le rassemblement de la droite dans une Union Nationale qui unirait Ciotti, Le Pen et Zemmour.
Voilà bien l’opposition totale entre l’un qui propose un changement total du système politique français et l’autre qui est obsédé par les prochaines échéances électorales et rêve (comme d’autres) d’alliances partisanes. D’un côté les idées et le programme, de l’autre des arrangements politiciens. Et Ivan Rioufol, tout au long de l’émission est revenu sur la même question : « que pensez-vous de l’Union Nationale de la droite ? ». Chaque fois David Lisnard a répondu que pour lui la question ne se posait pas parce que la priorité doit être donnée aux idées et aux programmes, et pas aux manœuvres de la classe politique. Les idées de Lisnard sont celles du libéralisme, et sa hauteur de vue est incontestable, tandis que Rioufol s’enferme dans un fantasme électoral. L’un travaille pour un vote libéral, l’autre pour faire gagner des candidats de toutes droites.
En finir avec le jacobinisme et le socialisme
C’est bien ce que prône David Lisnard avec sa formation Energie Nouvelle. Lisnard est libéral et l’est profondément à travers son vocabulaire. Les termes qu’il emploie sont subsidiarité, thomisme, responsabilité, diversité (ce qu’il faut faire) contre la bureaucratie, le jacobinisme, et ce qu’il appelle « sociétalistique » pour ne pas blesser les socialistes et le socialisme, fût-il social-démocrate (ce qu’il faut détruire). Lisnard donne trois exemples pour illustrer la crise française : celle de l’éducation nationale (nous dégringolons dans le classement PISA alors que Finlande, Corée, Suisse, Allemagne progressent), celle du code de l’urbanisme dont les pages ont été multipliées par dix, et du nouveau code écologique qui est une usine à gaz inaccessible.
Cette crise se traduit par une crise civique, une crise de la démocratie. La moitié des Français au moins se réfugient dans « l’atonie » l’indifférence et l’abstention, ou dans la violence, spontanée ou organisée par la gauche devenue extrême. Il faut trancher le « nœud gordien »[3]
L’espérance libérale
Il s’agit bien d’une espérance, et non d’une manœuvre opportune. Elle s’inscrit dans le « temps long », alors que la classe politique actuelle ne prépare que le court terme, en considération du calendrier électoral. Cette espérance est celle de la liberté, associée à la subsidiarité et à la responsabilité.
La subsidiarité c’est, après le rétablissement de l’ordre, la priorité donnée aux initiatives locales alors qu’actuellement tout vient de l’Etat, et de son administration pléthorique. A la remarque de Véronique Jacquier qui demande combien de fonctionnaires il faudrait licencier, David Lisnard répond qu’il n’est pas nécessaire de licencier, mais de donner aux fonctionnaires de grande qualité que nous avons d’autres missions que celles qu’ils occupent dans des service publics bureaucratiques et impraticables pour le public. On peut notamment penser à la restauration de la liberté scolaire[4]. Pour l’instant tous les maires de France savent qu’ils sont soumis aux initiatives centralisées, et ils doivent se plier à cette servitude involontaire parce que l’Etat est maître de la fiscalité et de l’usage des impôts établis (et changeants).
Quant à la responsabilité, elle s’entend à titre personnel, c’est la subsidiarité poussée à la plus petite des minorités, celle de l’individu et de la communauté familiale. David Lisnard n’a pas le temps de développer cette réforme décisive, mais il donne un exemple tout à fait bien choisi ! celui de la réforme des retraites. Ce qui a été envisagé et voté est nul et non avenu parce que repousser l’âge de la retraite est sans doute nécessaire en restant dans un système de répartition, mais précisément c’est le système qu’il faut changer, en particulier pour permettre à chacun de devenir « le propriétaire de sa retraite ». C’est bien le système de capitalisation qu’il faut installer progressivement, et il est indispensable de laisser aux salariés une partie de leur revenu pour constituer et gérer des comptes d’épargne constitués auprès de fonds de pension français. En élargissant le procédé évoqué par David Lisnard, on devrait s’acheminer vers le versement d’un « salaire complet », recommandé par la plupart des libéraux[5].
David Lisnard insiste sur la nécessité d’une espérance, inscrite dans une culture durable qui est d’ailleurs héritée de l’histoire profonde de la France : notre nation a été souvent exemplaire et porteuse des valeurs de la liberté et des droits individuels.
Il est normal qu’à ce propos Ivan Rioufol pose la question : « candidat en 2027 ? » David Lisnard répond avec pertinence : si c’est pour remplacer un monarque par un nouveau monarque les élections présidentielles n’ont aucun intérêt et ce n’est pas la peine de modifier la Constitution qu’on applique comme le veut le chef de l’Etat. Si je devais me présenter dans un contexte nouveau, ce serait de toutes façons « plus tard ».
Nous concluons : il faut créer un électorat libéral pour avoir des élus libéraux, à tous les niveaux. C’est possible parce que la moitié des Français attend une offre politique nouvelle, ils en ont assez d’une classe politique ignorante et corrompue idéologiquement (quand ce n’est pas financièrement). Ils veulent se libérer du despotisme et du populisme qui dominent la société française et attentent à leur liberté, leur propriété et leur dignité. Il faut mobiliser des énergies nouvelles, c’est ce que nous entreprenons avec la Nouvelle Lettre et l’ALEPS. Le moment voulu, nous soutiendrons les candidats porteurs de l’espérance libérale et David Lisnard participera d’une façon ou d’une autre à cette croisade héroïque, peut-être historique.
[1] Cf notre article
[2] Ivan Rioufol a été le premier journaliste lauréat du prix de la chronique économique quand il écrivait au Figaro. Ce prix était décerné par l’ALEPS, et Ivan Rioufol pouvait passer à l’époque pour un libéral, bien qu’il fut plus près d’Yvan Blot que de Pascal Salin ou Jacques Garello. Le 10 mars dernier Ivan Rioufol a quitté le plateau animé par Pascal Prau, il n’y est plus revenu.
[3] Titre de l’un de ses aticles dans le Figaro)
[4] Cf notre article
[5] Cf Jacques Garello Comment sauver vos retraites Libréchange éd. 2015