Israël vient de remporter une victoire inattendue : deux otages argentins (Fernando et Luis) détenus à Rafah, ville au sud de la bande de Gaza, ont été libérés après une opération militaire techniquement élaborée et dont le bilan humain se réduirait à la mort de trois civils d’après Tsahal, alors que le Hamas avance le chiffre de cinquante deux.
Benjamin Netanyaou voit l’avenir du conflit à travers cette stratégie : « seule la poursuite de la pression militaire », a-t-il déclaré. Comme son gouvernement il pense que l’élimination du Hamas passe par la présence de l’armée israélienne à Rafah, ville limitrophe de l’Egypte, qui évidemment ne veut pas accueillir les centaines de milliers de réfugiés gazaouis qui ont fui le nord de la bande.
Il y a dans ce choix une dimension humaine : des milliers de civils palestiniens peuvent-ils être sacrifiés pour libérer quelques otages ? Le Hamas publie le nombre de ceux qui ont déjà été tués : ils seraient 28.240. Quel que soit le chiffre, il est fatal et triste qu’une guerre, quelle qu’elle soit, fasse davantage de morts civils que militaires1.
Mais il y a une dimension politique plus importante : quel avenir pour les Palestiniens ? Les Etats Unis, par la bouche d’Antony Blinken, et le quai d’Orsay ont critiqué l’offensive militaire des Israéliens. Les propos de Stéphane Séjourné en visite à Jérusalem jeudi dernier ont été à proprement parler indécents. Voici comment s’exprime celui qui parle au nom de la France : « Nous condamnons aussi tous les propos qui sèment la haine des Palestiniens voire appellent à la commission de crimes de guerre, ils sont de plus en plus nombreux en Israêl, et ils sont relayés par des responsables politiques, nous trouvons çà grave ! »2. Ainsi Washington et Paris sont-ils partisans d’un « cessez le feu immédiat et durable » dont les Israéliens ne veulent pas puisqu’il est assorti de la création d’un Etat Palestinien (fort différent d’un cessez le feu provisoire pour sauver des otages ou des malades).
Mais, comme nous nous le sommes déjà demandé3, qui sont ces Palestiniens, et qui gèrerait leur nouvel Etat ? Une minorité de Palestiniens sont nés en Palestine et ont été souvent chassés de leurs terres au moment de la création des kibboutz. Mais pour la grande majorité ce sont des immigrés en Israël, venus principalement de pays voisins qui ne les désiraient pas : principalement la Jordanie du bon roi Abdellah II, mais aussi des chiites venus de l’Irak et du Liban, ou encore des gens qui ont fui la bande de Gaza après l’arrivée au pouvoir du Hamas. Et quels sont les pays arabes désireux de leur offrir une terre ? Rigoureusement aucun, voilà pourquoi il faudrait que ce soit Israël qui fasse un effort…
La position de Washington est assez scandaleuse. Joe Biden a encouragé Israël à réprimer le crime du Hamas, maintenant il s’est rétracté parce qu’il n’a pas voulu courir le risque d’un lourd déficit du budget fédéral s’il subventionnait en même temps Israël, l’Ukraine et les dépenses pour bloquer l’immigration venue d’Amérique Centrale et du Sud. Ces dépenses sont un argument majeur de Trump qui n’a aucun intérêt à s’occuper du Moyen Orient (du moins le croit-il). Ainsi les élections américaines pèsent-elles dans la guerre engagée contre l’Occident par la coalition islamo-communiste menée par la Russie et l’Iran.
Quant à la France, le revirement de l’Elysée s’inscrit dans une savante diplomatie pour ne pas heurter les gens du Sud, en particulier les Indiens, nouveaux arbitres au Moyen Orient ! La grandeur de la France est de ne pas s’engager trop ouvertement : saine tradition gaulliste (la troisième voie et la « France seule »). Mais cela n’empêche pas Emmanuel Macron d’organiser la journée du 7 Février en souvenir des victimes des crimes du Hamas – et les Insoumis de se joindre à la fête, devenue finalement recueillement contre la Shoah et rassemblement contre l’antisémitisme, ce qui est fort noble mais n’a qu’un lieu assez mystérieux avec les terroristes armés par les ennemis de l’Occident.
Il y a tout de même un homme politique au monde qui se déclare engagé du côté de l’Occident : c’est Javier Meili, il est venu à Jérusalem, mais pas seulement parce que les otages sauvés par Tsahal étaient argentins.
La seule issue du conflit actuel est l’opération dite « Abraham » ; coexistence pacifique et marchande entre Israël et la pays arabes. Elle a été sur le point d’être acceptée, jusqu’à ce que l’Iran s’en occupe sérieusement, avec le Hamas et les Houthis. L’Iran est le belligérant le plus puissant de la lutte menée par le Kremlin. L’Occident devrait s’occuper bien mieux de son avenir : en l’absence d’engagement américain, qu’en pensent les responsables européens ?
1 Cf. L’article de J.Garello du 11 octobre 1923 Fondamentaux Guerre et Barbarie Si vis pacem para bellum
2 Vidéo diffusée par CWNews. C’est à se demander si Stéphane Séjourné représente la France ou la NUPES
3 CF.L’article de J.Garello du 28 Novembre 1923 Actualité De la trève humanitaire à la guerre globale. Téhéran et le Sud prennent tout leur temps pour écraser l’Occident