Cette tribune pour répondre à 170 économistes appelant à voter NUPES a été publiée dans le FigaroVox le 16 juin dernier, dans l’entre-deux tours des élections législatives
Plusieurs dizaines d’économistes ont publié une tribune dans le Journal du dimanche intitulée “Nous soutenons le programme économique de la Nupes aux élections législatives”. Ils appellent à une “rupture avec le néolibéralisme”.
Leur première erreur est de laisser croire que la politique macronienne s’est inspirée du « néo-libéralisme », C’est oublier complaisamment que notre pays se situe au firmament des États-Providence, avec 60 % du PIB en dépenses publiques et 48 % du PIB en prélèvements obligatoires. Impôts écrasants, dette publique abyssale, présence de l’État tous azimuts : aucune nation développée au monde ne pratique une politique plus centralisatrice, plus intrusive dans la vie privée des individus, plus spoliatrice, plus opposée à la libre initiative individuelle.
Leur deuxième erreur est d’ignorer les fondements de la science économique en osant soutenir un projet auprès duquel le désastreux programme commun du gouvernement socialo-communiste des années 1970 peut passer pour modéré. Il est vrai que rien ne saurait freiner l’ardeur révolutionnaire de ces économistes à la gauche de la gauche, avec l’inévitable Thomas Piketty en tête… qui vient de dénoncer l’« incompétence économique » de ceux qui oseraient critiquer le programme de Jean-Luc Mélechon.
En urgence, la crise sociale actuelle pourrait être réglée par le blocage des prix, le salaire minimum à 1.500 euros net, une fiscalité plus progressive encore sur les revenus et les patrimoines, le rétablissement de l’ISF, la spoliation des « riches héritiers ». A plus long terme, une « remobilisation de la puissance publique » devrait permettre d’une part d’améliorer l’enseignement, la santé, la recherche, et d’autre part de respecter la biosphère. « Notre programme est solide » : ces économistes soutiennent la Nupes au point de s’identifier à elle, et la solidité serait garantie par une dette publique très favorable parce que la France a su bien emprunter et qu’un peu d’inflation arrange les débiteurs.
En fait non seulement ce « programme solide » se chiffre à quelques centaines de milliards d’euros de dépenses, mais il aurait surtout pour effet de détruire les entreprises françaises et le pouvoir d’achat des Français les plus modestes, victimes de la spirale inflationniste liée à la décroissance.
La troisième erreur est d’ignorer que le seul recours pour le pouvoir d’achat des Français, mais aussi pour l’harmonie sociale, est dans le libéralisme. C’est la rupture avec le socialisme qui est aujourd’hui indispensable, car celui-ci a fini par persuader une grande partie de la population que le pouvoir d’achat est un droit social, défini et financé par les instances politiques, et que l’« égalité réelle » doit être respectée entre tous les citoyens, quels que soient leur mérite, leur effort, leur épargne, leur sens de l’entreprise et de l’innovation. Le libéralisme n’est pas limité à une dimension économique, il repose sur la confiance dans l’être humain, qui peut affirmer sa personnalité en démontrant ses capacités au service des autres, dans ses relations contractuelles comme dans ses solidarités volontaires. Pourtant il n’a inspiré aucun grand candidat lors de cette campagne, et il est d’ailleurs largement exclu du débat politique et médiatique depuis plusieurs décennies.
Contre la voie mortifère de l’augmentation des prélèvements obligatoires et des déficits, contre l’expansion de l’étatisme qui toucherait en premier lieu les plus faibles et accroîtrait encore le chômage, il n’existe qu’une issue : celle de la liberté. Une liberté qui se décline avec le strict respect de la propriété, de la subsidiarité et l’éminente dignité de l’individu. Une liberté qui constitue le seul rempart contre le charlatanisme économique et les dérives autoritaires du populisme.
N’en déplaise aux thuriféraires de la Nupes, le salut ne viendra pas de la contrainte, mais de la libération.
Premiers signataires :
Jean-Philippe Feldman, agrégé des facultés de droit, avocat à la Cour de Paris, vice-président de l’Aleps, Francis Balle, Professeur Emérite, Paris IV, Jacques Bichot, Professeur Emérite Lyon III, Yves Buchsenschutz (président de EPLF Entrepreneurs pour la France), Patrick de Casanove (président du Cercle Frédéric Bastiat), Jean Pierre Centi, président de l’Académie d’Aix, ancien doyen de la Faculté d’Economie Appliquée, Etienne Chaumeton, Liliane Debroas, Maître de Conférences Em. Un. Aix Marseille, Jean-Philippe Delsol, président de l’IREF, Gerard Dosogne (président de l’IRME Institut de Recherches sur la Démographie des Entreprises) Francois Facchini, Professeur Paris1, Jacques Garello, Professeur Emérite Aix Marseille, Pierre Garello Professeur Aix Marseille, vice- président de l’ALEPS, Alain Laurent, Professeur Paris V, directeur de collection des Belles Lettres, Jean Didier Lecaillon, Professeur Emérite Paris II, David Lisnard, maire de Cannes, président d’Energie Nouvelle, Alain Madelin, ancien ministre, Didier Maréchal, Cercle Frédéric Bastiat de Paris, Alain Mathieu, EPF et IRME, Jean Yves Naudet, Professeur Emerite Un. Aix Marseille Jacques Michel Peu Duvallon, Pascal Salin, Professeur Emérite Paris IX, Président de l’AEPS , François Schwerer, Patrick Simon, Avocat à la Cour de Paris