Un vrai numéro de magicien, comme dans dans le plus grand cabaret du monde. Mais le plus grand cabaret du monde c’est Bercy, et le numéro se passe en ce matin du mardi 12 sur LCI : Bruno Le Maire nous en fera voir de toutes les couleurs.
Voici dix des meilleurs tours, les plus spectaculaires :
- Pas d’impôt nouveau. Mais il ne s’agit que de l’impôt sur les revenus, que la moitié des Français ne paie pas. En revanche les taxes vont augmenter, ce ne sont pas des impôts, et surtout il ne faut pas parler des impôts fonciers. On fait donc la promesse du « pas d’impôts » à ceux qui n’en paient pas. Madame Borne l’avait bien précisé d’ailleurs : seuls les ménages sont concernés et seulement pour l’Impôt sur le revenu[1].Même si c’est la fiscalité des ménages qui est adoucie, l’Etat fera aussi un effort pour les entreprises en réduisant la CAEVE pour 300.000 entreprises
- Pas de baisse du prix des carburants. Le gouvernement fait pression sur les grandes sociétés qui doivent participer à l’effort collectif et tenir le prix à la pompe inférieur à 2 euros le litre. Et l’Etat ? demande Adrien Gindre. La réponse est évidente : l’Etat maintient la TIPP essentiellement pour des raisons écologiques : il faut dissuader les Français de se servir de leurs voitures puisque nous devons décarboner pour sauver la planète. D’autre part il y a un « intérêt diplomatique » à renchérir le prix du carburant pour s’opposer à la Russie et à l’Arabie Saoudite qui veulent nous ruiner. Accessoirement la taxe rapporte 20 milliards au budget de l’Etat dont la situation ne permet pas de s’en passer : on commence à maîtriser les finances publiques.
- Fin de la niche fiscale pour le gazole des agriculteurs, des routiers et des travaux publics : il y aura dès l’an prochain une augmentation de 2,86 cents par litre, elle sera reconduite chaque année jusqu’à extinction de la niche. Supprimer une niche n’est pas prélever un impôt nouveau.
- Les agriculteurs vont d’ailleurs avoir une compensation immédiate, car tout l’argent résultant de l’augmentation de 2,86 cents sera réservé dans un fonds destiné à subventionner lesdits agriculteurs pour adapter leur culture aux nouvelles exigences écologiques, il ne restera pas un sou dans les poches de l’Etat, mais l’Etat est le mieux placé pour montrer le chemin à suivre pour les paysans : simplicité de la centralisation.
- L’inflation ralentit rapidement. La vraie solution est structurelle : il faut augmenter les salaires pour maintenir le pouvoir d’achat. Il est juste que ceux qui travaillent plus reçoivent plus.
- A qui profite l’inflation ? Aux grandes sociétés multinationales, qui réalisent des profits considérables, et aux intermédiaires ; la marge entre producteurs et distributeurs est trop élevée, on doit raccourcir le délai entre les « négociations commerciales » ; on ne va pas attendre encore un an, tout sera réglé dès le début 2024.
- Dès maintenant le gouvernement a bloqué 5.000 prix de produits alimentaires ou de produits d’hygiène et de santé.
- La France doit cesser de dépendre de l’étranger, même si les importations permettent de payer certains produits moins cher. Mais la concurrence internationale menace les emplois, le chômage et les difficultés de nos entreprises ! reviennent finalement plus cher. L’objectif est de relancer notre agriculture et d’accélérer la réindustrialisation pour assurer notre autonomie.
- Le contrôle du commerce extérieur doit s’organiser à l’intérieur de l’Europe, en particulier avec les Allemands dont l’économie est bien atteinte, alors que la France est actuellement « la locomotive » de l’économie européenne. D’ailleurs Bruno Le Maire sera présent au prochain Conseil des Ministres en Allemagne pour expliquer comment procéder. Il faudra financer en commun les activités du futur (hydrogène, IA,etc.)
- Le contrôle de l’immigration ? Il faut surtout de la fermeté. Mais il n’est pas juste de ne pas régulariser les travailleurs immigrés en obligation de quitter le territoire national (OQTN) quand ils occupent des emplois dans des « métiers en tension » dont les Français ne veulent pas. La régularisation doit se faire au cas par cas.
Comme le jeu de l’interview s’y prête le ministre de l’Economie fidèle à Emanuel Macron depuis sept ans regrette que ses anciens amis Républicains ne veuillent pas coopérer, il se dit révolté par la position d’Eric Ciotti sur les retraites alors que son parti avait choisi de suivre le Président pour reculer l’âge de la retraite à 65 ans.
Certes, certaines manipulations du numéro global sont difficiles à percevoir, le spectateur ne voit pas comment on peut dire tout et n’importe quoi, hypnotiser le public et réussir à faire tirer la bonne carte électorale. Mais il n’en demeure pas moins que les Français peuvent être rassurés : Bercy est bien le plus grand cabaret du monde.
[1] Cf l’article