Le gouvernement se veut social et égalitaire. La grande idée à l’ordre du jour est de faire pression sur les entreprises pour qu’elles augmentent le niveau des salaires. Désormais il semble acquis que les salaires doivent être fixés par décret. Cette innovation prend appui sur des prétextes fallacieux, mais conduit inéluctablement à l’effondrement économique.
Premier prétexte fallacieux : il faut restaurer le pouvoir d’achat des salariés diminué par l’inflation. Mais l’inflation n’a d’autre origine que l’inondation monétaire organisée par la Banque Centrale Européenne, qui depuis des années finance les déficits et les dettes des Etats membres de la zone euro. Le franc suisse n’a pas été dévalué. On ne distribue pas impunément un pouvoir d’achat qui n’a aucune contrepartie réelle. Le « quoi qu’il en coûte » finit par coûter beaucoup, et nous n’en sommes pas sortis, contrairement aux allégations de nos gouvernants : le projet de loi de finances actuellement en débat au Parlement en est la preuve.
Deuxième prétexte fallacieux : l’égalitarisme. Les écarts de revenus se sont creusés entre les rémunérations des dirigeants et cadres d’entreprises et les smicards. Ces écarts ont été scientifiquement mesurés par les travaux d’un économiste génial appelé Piketty, qui a simplement oublié la part du pouvoir d’achat constituée par les aides sociales reçues grâce à la générosité de l’Etat Providence. Les salariés ne sont pas payés seulement par leurs employeurs, mais aussi par les contribuables et les cotisants. Ce serait plus intelligent de rendre aux salariés leurs salaires complets (correspondant à la vraie valeur ajoutée par leur travail) en leur donnant la liberté de s’assurer pour leur retraite, leur santé et leur chômage éventuel.
Il est bien vrai qu’en venir à la stabilité monétaire et au salaire complet constituerait une révolution dans notre pays. Ce n’est pas pour demain.
Demain, c’est la catastrophe économique. C’est la faillite d’un nombre considérable d’entreprises et le chômage massif. Ce pronostic n’a rien de révolutionnaire, il est étayé par presqu’un siècle de macro-économie, cette hérésie économique dont le succès intellectuel et l’échec systématique ont été inspirés par le keynésianisme. L’intrusion des modèles mathématiques dans l’analyse économique, pourtant condamnée depuis Jean Baptiste Say, a multiplié les méfaits du keynésianisme.
Des salaires fixés par décret ignorent la diversité des situations de chaque entreprise. Choisir le global c’est ignorer le réel. Cette évidence condamne l’intrusion du politique dans la vie quotidienne, et la planification a toujours et partout effacé la liberté d’entreprendre et d’échanger. Sans doute le gouvernement a-t-il déjà prévu des aides particulières à certaines catégories d’entreprises : il est déjà annoncé des compensations pour les PME et les TPE, ou pour certains secteurs. Mais c’est évidemment une escalade et un arbitraire qui se traduiront par des suppressions d’emplois, des investissements annulés ou retardés, et finalement la disparition de milliers d’entreprises. Il ne fait aucun doute que les entreprises françaises seront de moins en moins compétitives, car la mondialisation, fût-elle souvent déloyale, demeure une réalité, même au sein de l’Union Européenne et les cris d’orfraie des identitaires n’y peuvent rien.
La macro-économie ignore ce qu’est l’économie, qui est diversité, information, innovation sollicitées par la recherche des besoins à satisfaire. Elle au service d’une communauté elle-même faite de choix personnels. La macro-économie ignore l’art d’entreprendre et le rôle décisif des prix et des profits, signaux émis par un marché libre et concurrentiel. Elle appartient au monde intellectuel et politique du collectivisme.