En elle-même l’affaire a suffisamment d’importance pour que les Etats Unis menacent la Corée du Nord de mettre fin au régime de Kim Jong-un, et la menace est simple et claire.
Les commentaires ont fusé : la Chine pour rappeler son permanent soutien à la Corée du Nord, la Corée du Sud pour dénoncer une attaque barbare, le Japon, pays le plus atteint, pour demander à ses habitants de rejoindre des abris et d’organiser des trains pour évacuer les personnes et Pyongyang également pour soutenir que la déclaration américaine était une provocation inacceptable : « Il s’agit d’une déclaration ouverte sur la confrontation nucléaire visant à faire de l’utilisation d’armes nucléaires contre la République Démocratique de Corée un fait accompli ». Enfin, Poutine de se réjouir de la performance de son ami Kim Jong-Un venu le visiter il y a quinze jours.
L’évènement a confirmé ce que l’on sait depuis longtemps : la Corée du Nord, avec l’aide de Pékin et Moscou a atteint un niveau d’activité industrielle tr-s élevé, en quantité et en qualité. Certes ces progrès sont à base de spoliations : les découvertes faites en Occident sont exploitées par les ennemis de l’Occident ; Donc, les Coréens du Nord sont capables de fabriquer des armes, des drones et maintenant des missiles de très longue portée. Ceux qui ont été lancés ont une capacité de 15.000 km et sont difficiles à déceler. L’un d’entre eux est donc allé faire un grand tour, évoluant autour du Japon, et finira sa course dans ce qu’on appelle la « zone exclusive » du Japon, que nulle puissance étrangère ne peut violer suivant les règles mondiales posées par le Conseil de sécurité de l’ONU.
Il ne fait aucun doute que l’agressivité de Pyongyang n’est pas étrangère à ce qui se passe en Ukraine et au Proche Orient. Visiblement la ligne dure adoptée aux Etats Unis par Biden devient un lointain souvenir. Les raisons de politique intérieure l’expliquent, et c’est bien dommage[1]. Pour autant la guerre globale va-t-elle se déclarer ouvertement ou va-t-elle se poursuivre à son rythme actuel, un rythme au demeurant mortel ?
Il est vraisemblable que c’est au Proche Orient que se joueront les prochaines semaines. D’une part le Hamas peut être anéanti par l’armée israélienne, ce qui ralentirait l’ardeur de Poutine. Israël peut aussi régler son compte à Téhéran, ce qui n’est pas exclu. En sens inverse le blocage de la mer Rouge par les Houtis, rebelles yéménites à la solde de l’Iran, est un très sérieux problème, menaçant le trafic par le canal de Suez, la plupart des transports de pétrole et de produits en provenance d’Asie devront désormais passer par …le cap de Bonne Espérance[2]. C’est la ruine assurée pour l’Europe. Voilà où la guerre globale entre dans une nouvelle phase.
Au total une lutte de vitesse est engagée en Israël : ou bien Tsahal liquide le Hamas et en finit avec Téhéran, ou bien l’Europe va connaître une crise économique majeure, bien plus dramatique que celle de 2008. Les pays arables de la région ont aussi à choisir leur degré d’engagement : veulent-ils suivre les Israéliens ?
Il serait temps que l’Occident arrête sa position. Parler de « négociations » avec Poutine et ne pas apporter un soutien immédiat à Kiev est une erreur. Désavouer Israël pour ses actions dans la bande de gaza et en Cisjordanie est une autre erreur.
[1] Cf l’article de Jacques Garello Quand le sort du monde dépend d’un jeu électoral L’Ukraine abandonnée par le Congrès Américain 12 décembre 2023
[2] La route du Cap de Bonne Espérance a été trouvée par Vasco de Gama (notre image). Il aura fallu attendre le 19ème siècle pour que le canal de Suez et la Mer Rouge deviennent la route la plus courte vers l’Europe.