A mon sens il ne faut pas réduire l’impôt sur les milliardaires aux seules extravagances de LFI car les députés extrêmes de l’Assemblée Nationale entrent dans un jeu mondial sans peut-être en avoir conscience. Economistes et politiciens qui connaissent un peu la question ont sûrement appris qu’une révolution internationale est en train de s’amorcer avec ce qu’il est convenu d’appeler « la taxe Zucman ».
Zucman est en effet un brillant économiste français puisqu’il enseigne à Paris School of Economics, entendez l’Ecole Economique de Paris, dirigée par un autre grand maître de la science Thomas Piketty dont on s’étonne qu’il n’ait pas encore été nobélisé[1]. Son succès est d’avoir persuadé le Président actuel du G20 le Brésilien Lula da Silva d’instaurer une taxe mondiale sur les milliardaires au cours d’une réunion à Rio les 23 et 24 février derniers. Il n’a pas eu trop de mal à convaincre Lula, leader communiste et corrompu (oxymore). Pour revenir à Zucman, tout le monde sait que son œuvre scientifique a consisté à démontrer (avec des équations, dit-il) les méfaits de l’évasion fiscale. Donc il n’y aurait pas évasion fiscale des milliardaires si tous les pays du monde les frappaient au même taux. On comprend ainsi le génie d’une approche mondiale de la fiscalité, un génie dont Bruno Le Maire a été largement pourvu dans sa lutte contre les GAFAS.
Mais les gauchistes français de LFI ont voulu démontrer que notre pays est à la tête du progrès mondial contre l’injustice sociale et fiscale. Ils ont donc pensé que si un pays devait montrer le chemin ce ne pouvait être que le nôtre. Evidemment ils n’auront pas beaucoup de chance d’entraîner quiconque dans les pays libres, sachant que dans les dictatures communistes et islamistes personne ne peut devenir milliardaire, sinon les membres de la nomenklatura (ils sont rémunérés pour leur contribution au bien public).
Ce qui est tout de même surprenant c’est que la « taxe Zucman » ait été adoptée en amendement du projet de loi de finances et que le gouvernement et ses soutiens aient pudiquement détourné les yeux : il s’agit bien d’une mesure « exceptionnelle et ciblée » susceptible de rapporter 15 milliards à l’Etat.
La réalité est tout autre.
1° L’amendement est contraire au principe de l’égalité devant l’impôt. Donc Conseil d’Etat et Conseil Constitutionnel devraient l’exclure du vote
2° Les milliardaires n’ont pas des patrimoines sous forme de billets ou de lingots d’or dans un coffre bancaire. L’essentiel de leurs patrimoines est fait des actions et créances des entreprises qu’ils contrôlent. LFI a dit : mais il n’y a qu’à les vendre et récupérer l’argent de la vente. Oui, mais on ne pourra les revendre une deuxième fois puisqu’elles auront été déjà revendues : donc la taxe ne sera opérationnelle que pour l’année 2025 et ne diminuera pas les déficits suivants. Au passage il faut rappeler que les milliardaires français paient déjà des impôts sur les résultats de leurs entreprises.
3° D’ailleurs la longévité de la taxe Zucman sera réduite au minimum. D’une part parce que les milliardaires pratiqueront évidemment l’évasion fiscale, il restera toujours quelque Irlande, Suisse ou Singapour pour déplacer en quelques heures le siège de leurs entreprises, les cabinets d’avocats d’affaires sont très compétents. D’autre part, en dépit de la propagande officielle, l’attractivité de la France pour des milliardaires est assez limitée. C’est l’inverse qui se passe : sur les huit entrepreneurs milliardaires ayant quitté la France, six officiaient en France et ont quitté leur pays pour les Etats Unis (Bancel, l’inventeur du vaccin Moderna, est l’un des six, les cinq autres sont issus de grandes écoles françaises).
4° Les milliardaires français ne doivent pas leur richesse à une rente au détriment de quiconque. Ces gens ont créé ou géré des entreprises qui ont produit de la valeur (c’est-à-dire qui ont satisfait des consommateurs libres). Ils ont développé l’industrie (Peugeot, Dassault), les produits de luxe (LVMH, Oréal, Wertheimer, Clarens) les produits alimentaires (vin et liqueurs, Lactalis de Besnier) les transports (Jacques Saadé). On ne voit pas en quoi la « Justice sociale » serait violée, à moins qu’on la définisse, tels LFI et tant d’autres, comme le rejet de la réussite.
5° Les partisans de l’égalitarisme peuvent se rassurer : d’après le classement mondial de la revue Forbes (qui vient de paraître) les milliardaires français sont des pauvres par rapport à ceux du reste du monde. Un seul fait exception : Bernard Arnault, (patron de LVMH et Moët Hennessy), c’est l’homme le plus riche du monde, pour la deuxième année consécutive il passe avant l’Américain Elon Musk. Mais la 2ème milliardaire française Françoise Bettencourt (l’Oréal) n’est plus que 40èmemondiale, et Jacques Saadé, troisième Français, est à la 379ème place mondiale.
6° La classe politique, y compris les élus de LFI, est ingrate : plusieurs des milliardaires français les ont encouragés, certainement pas en recevant des honoraires[2]ou subventions, mais en contrôlant les organes de la presse écrite, radiophonique et télévisée. Ainsi Emmanuel Macron a-t-il été élu grâce à Xavier Niel et Djahi, milliardaires de gauche. Aujourd’hui Le Monde, Libération et le Nouvel Obs relaient les thèses de LFI. Mais il est plus facile de mettre en accusation Vincent Bolloré suspect d’être catholique et de droite, que les journalistes des chaînes publiques viscéralement défenseurs de la gauche extrême. Milton Friedman avait d’ailleurs expliqué, dans Capitalisme et Liberté que les journaux américains étaient aussi bien de gauche que de droite suivant les lecteurs auxquels ils s’adressaient ; l’avantage dans un système de liberté c’est qu’on va au-devant des désirs des consommateurs.
Je ne voudrais pas terminer ma défense des milliardaires sans modérer mon attaque contre LFI. Forbes n’a pas encore fait de classement pour eux. Mais je pense que cela viendra : il faudrait savoir qui sont les plus menteurs, les plus haineux, les plus machiavéliques parmi les hommes politiques du monde entier. Je crois que beaucoup de Français seraient dans le peloton de tête, mais la palme irait sûrement aux maîtres de LFI : Mélenchon, Bompard seraient sur le podium.
[1] Au lieu de Piketty les derniers Nobel d’économie sont d’exécrables libéraux qui ont l’audace de démontrer que les riches sont les pays libres Cf. mon article Concernant Zucman on le présente aussi comme professeur à Berkeley, il était enfaite associé à l’université.
[2] Eric Woerth a été poursuivi pour trafic d’influence en obtenant un soutien financier pour l’UMP à l’occasion de la candidature de Nicolas Sarkozy à la Présidence en 2007. 18 ans plus tard le procès de Nicolas Sarkozy va peut-être s’ouvrir.