David Lisnard est maire de Cannes, Président de l’Association des Maires de France et Président du parti Energie Nouvelle. Pierre Moscovici est Président de la Cour des Comptes. Sous forme d’interview par Ma Gazette (dont le vrai nom est La Gazette des Communes) le débat a traduit fidèlement les convictions politiques des deux personnages : un libéral contre un socialiste (c’est mieux et plus véritable que de dire droite contre gauche).
Il y avait cependant une opinion commune : tous deux contre le PLF de Michel Barnier. D’ailleurs au sein même du gouvernement le ministre de l’Economie Antoine Armand ne s’est pas gêné pour dire ce qu’il pensait du texte soumis à l’Assemblée1. Moins radical sans doute que David Lisnard, Pierre Moscovici a tout de même trouvé beaucoup d’excuses au gouvernement : Michel Barnier a été nommé le 5 septembre, le PLF a été déposé le 9 septembre . Dans une telle urgence, le recours à la fiscalité peut apparaître commode et certaines mesures peuvent être prises rapidement. Il précise même : La création d’un fonds de réserve pour les collectivités les plus importantes n’est pas ce que propose la Cour. Voici ce que proposait la Cour : alimenter, par catégorie de collectivité, une partie des augmentations de recettes de TVA.
L’indulgence de Pierre Moscovici (il parle de « circonstance atténuante ») est du même genre que l’excuse trouvée pour expliquer les dérapages du chiffre du déficit : les logiciels de Bercy s’étaient trompés (et quand la Cour des Comptes s’était-elle émue non sur le fait hélas banal mais sur la somme) Par contraste avec Antoine Armand qui demande que les Français se remettent au travail, Pierre Moscovici ne parle que d’absentéisme : Le respect des 35 heures doit être assuré partout […] Nous ne proposons pas la suppression d’un seul emploi, mais une amélioration de la gestion des personnels, des retraites, de la gouvernance » Il est dommage que la Cour des Comptes n’ait jamais évoqué cette ultime recette, qui semble en effet d’une simplicité biblique.
Nous croyons plus utile de passer la parole à David Lisnard, et notre contribution ici sera simplement de reprendre quelques-unes des formules qui ont émaillé ses réponses aux questions.
Nous ne voulons pas être sous perfusion financière d’un malade surendetté, surfiscalisé et qui ne se remet en cause
La France détient le record du monde de la dépense publique et des prélèvements obligatoires, avec des fonctionnaires de grande qualité moins bien payés qu’ailleurs, des contribuables trop ponctionnés et des usagers moins bien servis.
Notre situation est quand même anormale par rapport au reste de l’Europe.
Certaines collectivités sont mal gérées. Mais ce n’est pas une raison pour nous mettre sous tutelle de l’Etat.
Contre la logique de l’aménagement du territoire
La majorité des communes sont bien gérées contrairement à l’Etat
Plus l’Etat est gros, plus il entrave les initiatives a priori et moins il et capable de sanctionner ceux qui abusent. Il faut remplacer la bureaucratie par la démocratie.
« Contribution résidentielle » : Il est injuste, voire constitutionnellement problématique que seuls les propriétaires paient des impôts locaux.
Mon objectif est de réduire la dette pour alléger les prélèvements obligatoires grâce à une croissance plus forte que la fiscalité […] Quant à un impôt local sur le revenu, j’y suis fortement opposé, car cela pénaliserait le fruit du travail et de l’investissement.
David Lisnard a pris pour angle d’attaque la subsidiarité, il parle plus souvent de la décomposition et de la nocivité de l’Etat que de la situation des mairies. Le concept de subsidiarité est très différent de celui de décentralisation, qui a généré depuis des décennies des milliers de textes législatifs, règlementaires.
Car ce n’est pas en développant les pouvoirs locaux qu’on réussira, c’est en frappant à la tête, c’est-à-dire en éliminant toutes les activités de l’Etat qui ne concernent pas les missions régaliennes, il faut faire comme Milei et Bastiat (d’ailleurs Lisnard a cité Bastiat devant le premier ministre mercredi). La réunion de l’AMF lui a donné un sacré coup de publicité. Il est « audible ». C’en est au point qu’à Paris certaines personnes « bien informées » le voient remplaçant de Barnier après la motion de censure… Mais nous voyons mal Emmanuel Macron en libéral, et encore moins en honnête homme.
1 Antoine Armand avait donné une interview très « libérale » et ses idées n’avaient rien à voir avec la logique du PLF. Cf. Notre article de la Nouvelle Lettre du 4 novembre (Diffusion) Le déficit budgétaire tourne aux réformes structurelles Une interview révolutionnaire d’Antoine Armand, Ministre de l’Economie. Ces derniers jours le conflit au sein du gouvernement est ouvert !