Pendant les 100 jours à venir la vie politique sera suspendue, parce que le Président et Madame Borne vont mener trois chantiers.
C’est le sens évident du discours prononcé hier au soir par Emmanuel Macron. Il n’est donc pas question de retirer la loi promulguée dès samedi, pas question de dissoudre l’Assemblée, pas question d’organiser un referendum, pas question de plier devant les exigences syndicales.
Mais le secret est bien gardé sur un point important : comment continuer à gouverner sans majorité parlementaire ? La réponse ne peut être que dans le génie créateur et séducteur du Président.
La séduction était déjà au rendez-vous. Emmanuel Macron a évité de donner des leçons, comme il aime habituellement le faire. Il a pris « sa part de responsabilité » dans le fait que les Français ne l’ont pas compris, il ne comprend pas comment il n’a pas su se faire comprendre, alors que lui avait compris les Français. Il n’a pas compris qu’on ne l’ait pas compris, alors que tous auraient dû avoir compris. C’était pourtant simple : le Président a fait tout juste depuis 6 ans, et il a expliqué qu’il allait maintenant régler définitivement, en cent jours, les réformes qu’il n’a pas pu mener à bien. Entre autres, il est persuadé qu’il n’y avait rien d’autre à faire pour réformer les retraites.
Mais quel sera le programme du génie créateur ? Il tient en trois chantiers (comme d’habitude nous avons droit aux trois points)
Le chantier du travail Il est déjà si bien avancé qu’on se demande s’il faut attendre 100 jours. Jugez-en 1.600.000 emplois créés (par glissements statistiques sans doute), un taux de chômage jamais vu (mais supérieur à celui de la plupart de nos voisins), les RSA seront mieux accompagnés (sans doute mieux contrôlés), les jeunes bénéficieront de lycées professionnels, la réindustrialisation sera une réalité (les capitaux affluent en France), les revenus seront relevés, la richesse sera mieux partagée, un nouveau dialogue social sera réalisé, puisque représentants syndicaux et patronaux seront reçus. Au total, la France deviendra un pays vert, et le projet du Président est celui d’un nouveau modèle social et écologique. Donc, tout va bien, grâce à six ans de progrès, et les 100 jours ne sont là que pour couronner l’édifice.
Le chantier de l’ordre républicain 10.000 fonctionnaires de plus dans la police et la justice, 200 brigades de gendarmerie dans les campagnes, et le contrôle de l’immigration illégale (mais pour l’instant le projet de loi sur l’immigration a été reporté après les 100 jours). Voilà en effet de quoi rassurer tous les Français et couper l‘herbe sous les pieds du Rassemblement National.
Le chantier de la progression Ici Emmanuel Macron s’adresse aux parents : pensons à nos enfants. C’est une « espérance portée par les services publics ». Changement profond dans l’Education Nationale : les traitements des enseignants seront relevés, il y aura davantage de sport. Le service public de la santé s’est déjà amélioré (remboursement des lunettes, des dentitions, etc.) de lourds investissements ont été faits dans les hôpitaux, la question des urgences sera réglée, quoi de mieux ? Les territoires Outre-mer ne sont pas pour autant oubliés. C’est dire que les 100 jours vont permettre de relever tous les défis et de sortir de toutes les crises.
Ces trois chantiers seront menés à bien parce qu’ils sont dans le projet du Président, dans notre Projet (même si nous n’en avons pas conscience). Nous allons progresser ensemble, en responsabilité, parce que nous allons libérer les énergies, et nous soucier des plus faibles.
Alors qui pourrait douter de la réussite ? Et le Président explique pourquoi il a déjà réussi ce que Napoléon n’a pas su faire : reconstruire Notre Dame de Paris en cinq ans. Voilà de quoi stimuler toutes les énergies, de quoi rendre l’espoir à tous. D’ailleurs n’avons-nous pas déjà un Conseil National de la Rénovation ? En effet, l’argument est dirimant.
Pour conclure, et sans doute pour bien démontrer que le despote est éclairé, voici une citation qui lui vaudra notre soutien indéfectible : il nous faut moins de lois, moins de bureaucratie, et plus de liberté.
Nous libéraux, nous l ‘avons toujours dit : il suffit de 100 jours pour rompre avec le despotisme. Le 14 juillet sera bien la Fête de la Fédération : fini le jacobinisme, fini l’étatisme, fini le dirigisme. Nous serons tous au défilé sur les Champs Elysées. Vivent ces 100 jours !
L’histoire nous enseigne pourtant que la Fête de l’Etre Suprême a été célébrée en juin 1794 (20 Prairial de l’ An II) et ouvre l’ère de Robespierre, et elle enseigne aussi que Napoléon dit adieu à ses troupes à la fin des 100 jours : pas de chance !