Aux élections législatives italiennes qui ont eu lieu le 25 septembre, les partis de droite dirigés respectivement par Giorgia Meloni, Matteo Salvini et Silvio Berlusconi ont obtenu une large majorité. Et ils se sont mis d’accord pour instituer un impôt proportionnel sur le revenu en lieu et place de l’impôt progressif actuel. Le projet consisterait à simplifier et réduire les prélèvements fiscaux sur les revenus en instituant une « flat tax ». Les détails sont encore à parfaire pour déterminer le taux, unique, entre 15 et 23%, de cet impôt proportionnel et pour décider s’il doit être individuel ou familial. La gauche italienne est vent debout contre ce programme. Et le pape François a cru bon de prendre parti, pour… la gauche bien entendu
Rendez à César
Devant environ 5 000 entrepreneurs italiens membres de la Confindustria, la principale confédération patronale, qu’il a reçus au Vatican le lundi 12 septembre, le jésuite argentin a insisté sur le nécessaire partage de la richesse qui « dans les démocraties est représentée par les taxes et les impôts ». « Le pacte fiscal est au cœur du pacte social. Les taxes sont également une forme de partage de la richesse afin que celle-ci se mue en biens communs et publics : l’éducation, la santé, les droits, les soins, la science, la culture, le patrimoine ».
[…] Déjà le 31 janvier 2022 devant les agents du fisc italien, le saint-père avait observé que la taxation « doit favoriser la redistribution des richesses ». Il prenait alors l’exemple de la gratuité des soins en Italie : « S’il vous plait, continuez avec le service sanitaire gratuit. Et cela, ça vient du fisc. Défendez-le ! Parce que nous ne devrions pas tomber dans un système sanitaire payant, où les pauvres n’ont droit à rien. C’est une des plus belles choses que l’Italie a ».
[…] L’évêque de Rome réitérait ainsi sa critique de l’impôt proportionnel pour empêcher la droite italienne de l’emporter. Mais il n’a réussi qu’à se déconsidérer et la faire gagner. Autant on peut comprendre qu’il prenne position sur des lois qui mettent en cause la morale chrétienne, autant son ingérence fiscale ne semble ni opportune ni conforme au grand principe de séparation du politique et du religieux qui est l’une des pierres angulaires du catholicisme : « Rendez à césar ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu »
L’injustice fiscale
[…] L’histoire montre que la progressivité s’envole toujours vers des sommets dont il est difficile de revenir et elle réduit, comme toute redistribution excessive, l’envie d’entreprendre, de travailler, d’épargner, aux dépens de la croissance de l’économie qui est le meilleur moyen de lutter contre la pauvreté.
Il n’est ni juste ni efficace de surtaxer certains contribuables […] La progressivité et la redistribution frappent souvent les plus pauvres, parfois plus que les riches. Pour combattre des inégalités, elles créent de nouvelles inégalités. Les excès de la progressivité conduisent l’Etat à multiplier les niches fiscales pour en atténuer la rigueur en ajoutant des distorsions souvent indues entre les uns et les autres. Ils favorisent l’évasion et nuisent à la transparence en créant un maquis dont les plus habiles profitent au détriment des plus modestes.
Il vaut donc mieux des impôts raisonnables et proportionnels. Les riches en payent leur part en fonction de leur richesse. Simple, transparent, compréhensible, lisible, l’impôt proportionnel est mieux accepté, moins contourné. Il est plus juste.
Souhaitons donc que les droites italiennes réussissent dans leur projet d’institution d’une flat tax et démontrent au pape qu’il se trompait.
Lire l’article complet de Jean Philippe Delsol