Est- il possible d’en finir avec cette impuissance et cette lâcheté ? Oui, c’est possible, il suffit que la police et la justice puissent faire leur devoir. Leur devoir est de protéger les personnes et leurs biens.
Les Français ont été à juste titre émus et révoltés : avant-hier à Beauvais un motard imbécile et criminel âgé de vingt ans a traîné sur huit mètres Léo, un enfant de huit ans qui circulait avec ses parents sur un chemin piétonnier non loin de sa maison. Mais le motard rodéo arrêté est conduit en comparaison immédiate est reparti libre. Il est vrai qu’il est « placé sous contrôle judiciaire », ce qui n’est pas le cachot ni la prison.
Les raisons de ce qui peut passer pour une coupable indulgence sont assez particulières : le Parquet et l’avocat de la défense (commis d’office) ont été d’accord pour renvoyer le jugement au 26 juillet prochain afin de pouvoir « mettre en cause le fonds de garantie » qui pourrait intervenir dans l’affaire parce que la moto du jeune homme n’est pas homologuée, donc pas assurée. Ce qui importe, c’est donc l’affaire financière, pas le rodéo ni le dommage causé à l’enfant ni la frayeur et la colère des parents.
Il est vraisemblable que des centaines de motards « rodéo en ville » vont comprendre que leur cirque permanent est désormais impuni. A Marseille, ville pionnière en matière de délinquance, il y a maintenant des rodéos à l’intérieur des grandes surfaces !
Tout comme il est vraisemblable que les enfants qui harcèlent une jeune fille jusqu’à la pousser au suicide ne sont que des gamins exubérants issus de la guerre des boutons, les directeurs et les enseignants de l’école n’y sont pour rien, de même que les autorités et les policiers alertés. Heureusement notre Ministre de l’Education Nationale va prendre les choses en mains.
Pour que de telles impuissances et de telles lâchetés ne se reproduisent plus, il faut sans doute situer les responsabilités :
a) Au niveau de l’administration de la police, qu’elle soit nationale ou municipale, puisque non seulement il n’y a aucun budget, aucune formation, aucun personnel suffisants, mais les circulaires ministérielles interdisent aux voitures de police de renverser les motards pour ne pas créer de dégâts annexes (renverser les motards est la consigne donnée aux policiers anglais)
b) Au niveau de la magistrature, debout ou assise, incapable très souvent de prononcer des peines significatives parce que les accusés leur paraissent davantage à plaindre et à réhabiliter qu’à blâmer et sanctionner : ne seraient-ils pas les fruits naturels d’une société d’exclusion et d’aliénation ? Leitmotiv : « le tout répressif ne marche pas »
c) Au niveau des peines, parce que la seule peine dissuasive devrait être la prison, mais le nombre d’établissements pénitentiaires prévus pour les jeunes en vue de leur « deuxième chance » est ridiculement faible.
Après avoir sommairement résumé ces responsabilités, quelles réformes réaliser ?
a) En finir avec le principe de précaution, en finir avec la peur de punir, se dire que la mission de l’Etat, et c’est la seule, est d’exercer la coercition, c’est-à-dire d’utiliser la force ou la persuasion pour obliger les individus à ne pas commettre d’atteinte à d’autres personnes ni à leurs biens. Cela s’appelle la sécurité.
b) Supprimer l’Ecole Nationale de la Magistrature, cesser d’avoir des magistrats fonctionnaires et politisés, empêcher les juges de faire de la politique, affranchir leur carrière de décisions venant des dirigeants politiques1. Donner priorité à la sanction méritée sur la réinsertion aléatoire : cela s’appelle l’équité.
c) Multiplier les prisons et dans ce but faire appel à des initiatives privées pour les construire et les gérer. Dans l’immédiat si les motards rodéos étaient envoyés immédiatement et même très loin dans les rares places actuellement disponibles, ce serait assez dissuasif. Actuellement on ne leur confisque même pas leur moto. Cela s’appelle la fermeté.
d) Enfin, et non le moindre, donner à la jeunesse une véritable éducation, à ‘école, à la maison, lui apprendre le travail et le respect au lieu de l’idolâtrer , cela s’appelle la civilité, et je dirai même la dignité.
1 Voir mon article sur politique et magistrature Sarkozy : le mélange explosif de la politique et de la magistrature, Actualité 14 mai 2023