A l’occasion des débats sur le Projet de Loi de Finances deux idées ont eu du succès : d’une part le montant du déficit global s’expliquerait par le déficit des collectivités locales, et d’autre part ces collectivités dépensent trop à cause du « millefeuille administratif » : trop de niveaux de décision avec des communes, des communautés, des départements, des régions. Les journalistes qui interrogent David Lisnard lui demandent s’il partage ce diagnostic.
Le Président de l’AMF (Association des Maires de France) et du parti Nouvelle Energie en pleine expansion, est très clair. La dette publique provient de ce que l’Etat dépense un argent qu’il n’a pas. La fiscalité progressive, les impôts de production, les charges sociales, pénalisent l’initiative et la responsabilité personnelles, notre croissance est donc faible. « Le suis un libéral et je ne m’en cache pas […] Il faut un Etat fort pour assurer la sécurité des Français, mais il doit se cantonner à ses prérogatives régaliennes ». Le déficit de l’Etat c’est plus d’un tiers du budget consacré aux dépenses dites « sociales », cette redistribution arbitraire finit par persuader nombre de Français que les aides de l’Etat les dispensent de travailler, d’épargner et d’entreprendre. Le peuple s’habitue à être assisté, on en arrive à la « servitude volontaire ».
Quant au millefeuille, il existe, il est nuisible, mais il n’est pas à l’origine du déficit des collectivités locales. On fait toujours remarquer que la France compte 36.000 communes, contre 8.000 en Italie et en Espagne, 11.000 en Allemagne et 10.000 en Angleterre. Mais le déficit des communes n’a cessé de diminuer, surtout s’il s’agit de petites communes. Les maires des petites communes sont des modèles d’économie. Sur 486.000 élus locaux 400.000 sont des bénévoles. La dette des collectivités locales qui était de 9,2 % du PIB est tombée en 2013 à 8,9 %. Pendant ce temps la dette de l’Etat se gonflait de 3 % du PIB.
La véritable plaie du millefeuille c’est la bureaucratie. Pour qu’un élu fasse la moindre démarche il lui faut l’accord du préfet, mais aussi d’une nuée d’instances administratives qui s’occupent toutes du même dossier Il faut des mois pour faire accepter un projet local, et cette perte de temps s’accompagne d’une inflation de personnel irresponsable et parfois même incompétent. On tue les municipalités comme on tue les entreprises.
La solution est simple : en venir à la responsabilité individuelle. Il n’est pas normal qu’on travaille moins dans les administrations que dans les entreprises, et que l’absentéisme des fonctionnaires soit massif dans nombre de services publics. Il n’est pas normal que le public ne soit pas aligné sur le privé. Comme certaines branches de l’administration ne sont plus très attrayantes, la moyenne d’âge des fonctionnaires est élevée, et c’est un personnel à haut niveau de salaire. Rajeunir la fonction publique serait une économie considérable.
Mais cela implique une véritable rupture avec la politique menée depuis des dizaines d’années au nom de la « décentralisation ». « Il faut remplacer les démocrates par la démocratie […] on ne réformera pas l’administration en confiant la réforme à de hauts fonctionnaires et à des commissions ad hoc. C’est comme si vous demandiez d’organiser la lutte contre la drogue à des dealers » A une personne sur le plateau qui lui demandait s’il n’y avait pas un problème de compatibilité avec les déclarations d’Emmanuel Macron, David Lisnard lui réponde : Emmanuel Macron, c’est votre problème !
David Lisnard a donné le même jour sur Public Senat une interview encore plus musclée, qui n’est terminée par une question impertinente de la journalise : et votre candidature à la Présidence ? Il a répondu que l’essentiel était de diffuser la bonnes nouvelle la France va changer enfin d’orientation et devenir libérale. Nous vous offrons ci-dessous le lien de cette interview remarquable sur Public Sénat : https://www.publicsenat.fr/emission/bonjour-chez-vous/lintegrale-du-lundi-18-novembre-e50