Frédéric Bastiat : en 1850 il avait annoncé comment les sociétés libres allaient dépérir et mourir par la grâce d’un Etat omniprésent, destructeur de la responsabilité et de la propriété personnelles. Nous y sommes. Que faire à présent ?
Le mérite de Patrick de Casanove, médecin et naguère maire de sa commune, est de proposer des WEL Week End de la Liberté. Son organisation est sans faille parce qu’il est assisté de l’équipe du Cercle Frédéric Bastiat local[1] . J’ai incité beaucoup de mes lecteurs et amis à participer à cette deuxième édition du WEL, parce que je crois qu’à nouveau l’heure du libéralisme a sonné dans notre pays[2].
Je souhaitais que les libéraux aillent se ressourcer chez Bastiat parce que le libéralisme de Bastiat a le double mérite de la clarté et de la charité, et nous en avons bien besoin aujourd’hui si nous voulons convaincre et mobiliser des millions de Français en leur démontrant que le libéralisme est la seule et unique solution, face au despotisme et au populisme.
Clarté et charité
Je me répète, c’est le privilège ou le vice de l’âge : les libéraux ont besoin d’un message clair. Il y a trop de gens qui se disent libéraux ou qui ont cette réputation alors même que leurs idées sont incompatibles avec les principes de la liberté : les libéraux de gauche, à la mode américaine qui sont contre le capitalisme, les libéraux étatistes qui pensent que seul l’Etat peut restaurer et organiser la liberté[3] , les néo-physiocrates qui pensent que seule la nature est source de richesse, sans parler des inclassables comme Gaspard Koenig (prix Jean Giono) [4].
Les libéraux ont besoin de charité : j’emploie ici ce mot alors que je parle d’habitude d’union. Mais l’union a un accent de centralisation alors que la charité exprime le respect des autres : l’esprit d’équipe, d’échange et de coordination doit l’emporter sur l’esprit de chapelle. Bastiat est un libéral exemplaire, il est précisément celui qui peut assembler et motiver tous les libéraux :
1 Il existe d’autres Cercles dans la France entière. Celui de Grenoble créé par Gilbert Fournier est le plus ancien, il a fait souche. Celui de Paris est animé par Didier Maréchal. Pour le contacter cercle.bastiat@gmail.com.
2 Je dis « à nouveau » parce qu’il y a eu 1986, 1995,2017, mais la sonnerie du réveil n’a pas été entendue…
3 Ce sont sans doute les plus nombreux en France, ils sont chez Macron en principe (cf. l’explication de Jean Philippe Feldman « Exception Française : histoire d’une société privée de l’Ancien régime à Emmanuel Macron » Odile Jacob, éd. 2020.)
4 Cf mon article dans la Nouvelle lettre Gasparg Koenig oppose l’homo et l’humus Catégorie Actualité 9 novembre 2023
– Il n’a aucun esprit partisan : il n’est ni de droite ni de gauche, député il vote tantôt d’un côté tantôt de l’autre, ce qui importe c’est le choix entre libéralisme et socialisme (il dit « économie et socialisme » car économie signifie pour lui libéralisme).
– Il est mondialiste, il est ouvert aux idées et aux institutions du monde entier, il a des liens étroits avec les Anglais, il lit « the Globe », il se rend souvent à Londres, il fonde l’association pour le libre-échange avec les Anglais.
– Il est concret, il applique les principes de la liberté aux problèmes d’actualité, chaque semaine, chaque jour il donne l’éclairage libéral sur ce qui se passe dans le monde économique, politique, culturel.
– Il donne au libéralisme sa dimension la plus profonde, son libéralisme est anthropologique : la liberté est dans la nature de l’être humain, elle est nécessairement associée à la propriété et à la dignité personnelles. Ce que j’appelle le « carré de Bastiat » c’est liberté, responsabilité, propriété, dignité. Les quatre sont indissociables. La liberté n’est pas un objectif, c’est un chemin. C’est ce qui fait le trait d’union avec ce que nous appelons parfois « l’Occident », ou encore mieux « la civilisation ».
Dans la lignée de Bastiat, le mérite du WEL est d’associer une réflexion sur les principes du libéralisme et une proposition concrète sur les réformes libérales à réaliser. On peut parler d’une complémentarité entre libéralisme pensé et libéralisme appliqué.
Libéralisme pensé
Les premières conférences ont été riches en interventions sur ce qu’est le libéralisme. Il y a eu d’abord (vendredi a.m.) la présentation par Jean-Philippe Delsol de son magistral ouvrage « Civilisation et Libre arbitre ». Le concept de « libre arbitre » signifie que l’individu est en mesure de faire des choix personnels sur la façon de mener sa vie, et qu’il n’est pas influencé par des prescriptions sociales, elles-mêmes inspirées par des religions ou des idéologies. Cela permet de passer en revue l’influence de diverses religions sur le libre arbitre : sans doute la chrétienté est-elle la plus « libérale », bien que les différences soient sensibles entre catholiques, orthodoxes, protestants (mais les luthériens, les calvinistes ou les évangélistes ?). Le judaïsme reconnaît une autonomie à la personne. En revanche l’Islam impose la « charia », la façon de vivre saintement. En tous cas, l’histoire démontre que la reconnaissance du libre arbitre a permis la civilisation : les initiatives personnelles ont créé la prospérité, l’harmonie sociale et la paix.
Il y a eu ensuite (samedi matin) une présentation très originale de tous les auteurs qui ont proposé une définition de la liberté par Finn Andreen, libéral suédois. Ces définitions sont souvent antinomiques : Locke et Hobbes, Smith et Rousseau, Hegel et Marx, mais évidemment il faut aller jusqu’à la fin du 19èmesiècle pour approcher une définition plus nette de la liberté. Ce thème de la définition de la liberté va d’ailleurs être à nouveau présent dans la discussion autour de l’exposé de Renaud Filleul, sociologue spécialiste de l’école autrichienne : la seule définition qu’on puisse donner de la liberté ne peut être que négative, dit Hayek : c’est l’absence de coercition, c’est-à-dire le fait que nulle personne ne soit obligée d’agir contrairement à ce qu’il voudrait faire, sachant que la coercition peut être non seulement physique (prison, torture, enlèvement, etc.) mais aussi morale ou psychologique (propagande, peur, formatage, etc.).
Il appartenait à Serge Schweitzer, universitaire de l’école aixoise, de présenter magistralement une analyse des raisons pour lesquelles le libéralisme est l’objet de tant de haine. C’est en effet paradoxal : c’est au moment où dans quelques pays les principes libéraux sont compris et appliqués que le grand progrès économique apparaît et s’accélère. Malthus n’y croit pas, et prévoit la pénurie généralisée et conseille la décroissance, comme le rapport Meadows et Madame Rousseau. Pourtant après l’apparition du « capitalisme » la misère et l’illettrisme disparaissent, on entre dans l’abondance. C’est qu’il y a un écart saisissant entre la raison et le sentiment. C’est le sentiment qui génère et flatte le socialisme. Il y a d’abord la préférence du plus grand nombre pour l’irresponsabilité : assumer les conséquences des décisions que l’on prend est difficile, il vaut mieux que les décisions soient prises par d’autres, et en particulier par l’Etat. Si les résultats ne sont pas bons, cela signifie que la justice sociale n’a pas été respectée. Donc, c’est toujours de la faute d’un autre… Les intellectuels et les politiciens ont intérêt à prêcher le socialisme, car ils vont avoir l’accord et les votes des indolents de nature : « Il est bien doux de ne rien faire, ou si peu, et vivre du travail des autres ». En réalité le libéralisme ne se juge pas sur des résultats (l’utilitarisme est un mauvais argument) mais sur sa conformité à la nature et à la dignité de l’être humain : « Etre libéral c’est choisir l’école de la liberté, du courage, de la responsabilité, de l’assomption des risques, de signer sa vie, de ne s’en remettre à nul autre pour les choix qui engagent ».
Libéralisme appliqué
Dans la conjoncture actuelle les libéraux ont l’occasion et l’avantage d’expliquer aux Français ce qui ne va pas aujourd’hui et ce qu’il faut faire demain. De ce point de vue le témoignage et les propositions de Lisa Kamen-Hirsig sur la liberté éducative resteront sans aucun doute le temps fort de ce Wel. Il y a d’abord la personnalité de cette maîtresse d’école (elle ne veut pas être appelée « professeur des écoles ») : elle a exprimé avec précision, rigueur et ironie ou colère ce qui se passe aujourd’hui dans la majorité des écoles publiques, où les enseignants se trouvent empêchés de transmettre les connaissances, occupés à divertir agréablement les élèves par des activités loin d’être fondamentales mais largement orientées politiquement. Guidés par le Ministère, ils sont invités à parler de sexualité (et bien sûr de la théorie du genre et de la transsexualité), à faire pratiquer des « gestes écologiques » (trier des déchets, planter des arbres, ramasser des mégots) et bien sûr à mesurer les inégalités de notre société entre riches et pauvres, hommes et femmes, immigrés et population de souche, etc. « Halte à la politisation de l’école », a-t-elle écrit avec David Lisnard dans les colonnes du Figaro. Dans son livre « La grande garderie[5] » Lisa Kamen-Hirsig indique les solutions : d’abord libérer l’école privée dite « libre » alors qu’elle est sous contrôle des mairies, départements, régions, mais surtout du Ministère, ensuite établir une vraie concurrence scolaire, avec liberté de création d’établissements responsables de leur programme, de leur pédagogie, de la carrière de leurs enseignants, de leur gestion et de leur financement. La concurrence permet de donner le choix aux parents :
5 La grande garderie, Albin Michel éd. Paris 2023. Ce livre a été publié après le succès que Lisa Kamen-Hirsig a connu avec ses chroniques « Rendez-vous avec la maîtresse » sur RTL . Compte tenu de la qualité de son discours elle a été ensuite choyée par de nombreux médias
ils peuvent mettre leurs enfants à l’école qui leur semble la plus apte à les instruire et les préparer à la vie. Ce choix n’est pas réservé aux riches (comme on le dit à propos de l’école privée actuelle alors que beaucoup de familles modestes les fréquentent), car on peut, comme c’est le cas dans beaucoup de pays étrangers, avoir des systèmes d’exemptions fiscales, de bons scolaires, de bourses, de contrats passés avec l’Etat, et aussi des écoles auto-financées par des familles qui les installent à domicile.
Les dérèglements actuels qui concernent l’école se retrouvent dans les entreprises. Olivier Méresse, conseil en stratégie commerciale (et administrateur de l’ALEPS), montre que les firmes les plus connues – souvent les plus innovantes – existent à travers des approches conceptuelles particulières, des « visions du monde » concurrentes, qu’elles proposent à leurs clientèles dans l’espoir d’en rencontrer l’adhésion. Ces visions du monde coexistent, comme on peut le voir avec les firmes Nintendo, Sony et Microsoft, concurrentes sur le marché des consoles de jeux et pourtant fidèles à leurs passés respectifs de fabricant de jouets, de concepteur d’électroménager brun et d’informaticien. Certaines visions l’emportent parfois sur d’autres : IBM et son informatique centralisatrice pour spécialistes a, par exemple, cédé le pas aux micro-ordinateurs ouverts et grand public d’Apple. La confrontation de ces approches conceptuelles est toujours fertile : elle façonne notre présent et façonnera notre avenir de manière bien plus appréciable que ne le font ou le feront nos dirigeants politiques.
Nous assistons malheureusement à un appauvrissement de ces approches conceptuelles car toutes les entreprises sacrifient désormais aux mêmes dieux : sauver le climat et favoriser les minorités dites opprimées. C’est à qui fera le plus étalage de ses vertus. La législation française en matière de RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) est très contraignante. Bientôt, la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) des commissaires européens obligera cinq fois plus de nos entreprises à surveiller plus de 500 indicateurs de consommation, de gouvernance, d’égalité femmes-hommes, etc. Les entreprises de taille intermédiaire ou les entreprises familiales qui pèsent localement (Michelin, Auchan, Hermès, etc.), naturellement plus méfiantes à l’endroit du pouvoir central, pourraient faire entendre une voix différente mais elles sont peu nombreuses chez nous. L’État français leur a toujours préféré les très grandes entreprises bénéficiaires de contrats publics et de législations sur mesure.
La référence à l’Europe permet à l’industriel Claude Goudron[6] de dire le sort dramatique de l’entreprise française face à la concurrence européenne. Les charges sociales et fiscales sont très supérieures à celles que connaissent la plupart des pays membres de l’Union Européenne, merci au monopole de la sécurité Sociale. De plus les normes et règlementations varient suivant les pays et les nôtres sont plus contraignantes : quand il y a une nouvelle directive européenne l’administration française en rajoute une couche. Si on est à proximité d’une frontière (comme à Belfort) il y a intérêt à aller fabriquer en Allemagne. Dans le débat qui suit cette légitime complainte il est bien clair qu’il ne peut yavoir que deux solutions :
6 Auteur de PME Patron en Mal d’Existence, ARG éd.2020
– celle d’une Europe qui harmonise toutes les charges de toutes les entreprises au prétexte que la concurrence exige l’égalité des conditions de production : c’est la doctrine Primarolo, qui est officielle dans les milieux politiques et administratifs – elle est évidemment stupide et elle est réellement inapplicable (l’Irlande passe toujours pour un pays traitre à l’Union pour n’avoir pas abaissé son taux d’impôt sur les profits). Les Français aiment bien cette harmonisation en pensant que les pays membres de l’Union s’aligneraient nécessairement sur les fiscalités et normes françaises,
– celle d’une Europe à l’intérieur de laquelle est admis le principe de la mutuelle reconnaissance des normes, de sorte que s’installe une véritable concurrence institutionnelle entre pays membres : c’est à chacun à s’aligner sur la norme qui apparaît le mieux convenir. Cette Europe était celle du « marché commun » au temps de la CEE (Communauté Economique Européenne, traité de Rome)[7], elle avait été officialisée par l’arrêt « Cassis de Dijon ». Cette Europe n’est pas aimée des syndicats qui ont imposé une Charte sociale européenne (peu respectée au demeurant) ni des « souverainistes » qui n’acceptent pas le libre-échange.
Ce choix est en réalité plus profond qu’un arrangement économique. Il est un choix entre une Europe pouvoir et une Europe espace : une organisation centralisée préfigurant un gouvernement européen (avec une diplomatie propre) ou une liberté de faire circuler les personnes, les biens, les services, les capitaux et les entreprises. C’est aussi un choix entre Europe des Etats et Europe des Européens, entre Europe des experts et Europe des citoyens. La vérité c’est que le choix n’a jamais réellement été fait, de sorte que l’Europe est incohérente[8] .
C’est peut-être aussi le choix entre planification et marché. Kevin Brooks, économiste universitaire à Grenoble, disciple de Serge Schweitzer, fait samedi soir un exposé remarquable sur ce sujet. Il surprend l’assemblée en donnant la liste des plans que le gouvernement français a mis en place durant la seule année 2023. C’est impressionnant : plus d’une quinzaine de plans, depuis le plan contre la misère au plan pour la justice, au plan pour les transports, en passant par le plan eau, le plan climat, le plan retraites, tous plans couronnés par le plan écologique d’Elisabeth Borne : 7 milliards dès 2024 pour être « au rendez-vous de 2030 ». Voici les termes de la présentation : « Plus d’une cinquantaine de leviers ont été identifiés et s’accompagnent d’actions concrètes dans toutes les dimensions de nos vies : mieux se loger, mieux se nourrir, mieux se déplacer, mieux consommer, mieux produire et mieux préserver et valoriser nos écosystèmes ». Ce retour de la planification c’est bien l’ouverture de la « Route de la Servitude » comme disait Hayek. C’est la promesse du totalitarisme. Que peuvent faire les libéraux, sinon d’abord rappeler aux Français les échecs de la planification, ce qui est sans doute de l’utilitarisme, mais les chiffres sont là, mais ensuite expliquer aussi aux Français les raisons de l’échec. Comment les planificateurs peuvent-ils savoir ce que seront les préférences et les produits et les techniques dans cinq ans ? Quelle est leur information, sinon celle de rapports administratifs sans responsabilité ni compétence ? A quel moment les Français ont-ils été consultés sur les priorités retenues ?
7Mais l’agriculture échappait au principe, elle était régie par la Politique Agricole Commune
8 J’ai écrit un opuscule « La vérité sur l’Europe » édité par l’ALEPS et Génération Libérale en 1988. Cet opuscule contient un manifeste européen signé par 600 universitaires, entrepreneurs, personnalités politiques. C’était au moment du discours de Bruges de Margaret Thatcher et avant le traité de Maastricht, qui évidemment a tranché dans le mauvais sens, grâce à jacques Delors
Et qui de la planification dans un univers mondial tout de même marchand ? Le marché est en fait une merveilleuse source d’information et de coordination. Les prix révèlent les raretés et les pénuries, les profits mesurent la satisfaction des clients pour les biens et services proposés par les producteurs, les producteurs sont des entrepreneurs, ils sont entre les besoins exprimés ou prévisibles d’une part, et les moyens de production d’autre part. Mais où va-ton enseigner cela en France ? Les médias peuvent-ils comprendre l’économie ? La grande réforme à faire est celle de l’enseignement de l’économie, et il faut des universités privées autonomes, avec disparition du « monopole de la collation des grades » (seul l’Etat peut distribuer des diplômes officiels).
Dans la même veine, il appartenait à Patrick de Casanove dimanche matin de conclure ce week end. Il le fera sur le thème de l’antiétatisme et de la nécessité d’une rupture. Le choix de l’étatisme n’est pas nouveau. Il a été fait en 1945 par gaullistes et communistes en faveur de la planification. Mais il y a depuis quelques années une accélération inquiétante. L’Etat a confiné et vacciné les Français avec une rigueur surprenante : voilà qu’il s’est montré puissant ! Mais il a aussi multiplié les lois et plans, en particulier dans le domaine de l’environnement. Il use de moyens nouveaux, il tire parti du numérique, de l’intelligence artificielle. Il nous fait croire que nous vivons en démocratie, alors que nous vivons en République, comme au moment de la Révolution : c’est la peur et la culpabilisation qui sont organisées par l’Etat. Peur de l’apocalypse écologique, qui n’a d’autre source que notre comportement envers la nature : « es jeunes d’aujourd’hui tuent leurs mamies ». Les hommes de l’Etat n’ont aucun souci de la réalité, ils n’ont en tête que des dogmes.
Dans ces conditions l’économie est devenue une branche de l’administration. Elle dépend de règlementations de plus en plus nombreuses et de plus en plus contraignantes, l’Europe de Bruxelles en rajoute une couche. Plus d’Europe, c’est plus de réglementation. Peut-on encore parler de capitalisme ? Le capitalisme mondialisé, au lieu de permettre une concurrence salutaire, a été l’occasion pour les Etats de revenir à un protectionnisme habile. Il y a collusion entre les lobbies des milieux d’affaires et la classe politique qui prétend organiser le commerce mondial. Mais l’Organisation Mondiale du Commerce, comme l’Organisation Mondiale de la Santé, comme l’ONU elle- même ne sont en rien des instances de liberté, ce sont des organes impuissants à accompagner le commerce et la paix, mais ils savent distribuer les prébendes. Tout cela n’a rien à voir avec le libéralisme, c’est le « capitalisme de connivence ».
La société française est bloquée par des lois et des pratiques liberticides. Comment s’informer quand l’Etat possède des chaînes publiques, et veut contrôler la qualité des messages diffusés ? Comment éviter une crise du logement avec les lois SRU, Climat Résilience (DPE, passoires énergétiques), les immenses contraintes sur les propriétaires ? Comment les familles peuvent-elles vivre, comment la population peut-elle se rajeunir avec toutes les réformes « sociétales » multipliées depuis quelques décennies ? Et qu’en est-il des missions régaliennes ? La sécurité fait place à l’insécurité, la justice est devenue politiquement engagée, la politique étrangère est telle que la France est fâchée avec tout le monde ou presque.
La conclusion est : il faut rompre avec l’étatisme, et réduire la sphère du pouvoir étatique au minimum. Il ne s’agit ni de faire des économies, ni de réviser certaines lois. Il faut un changement de paradigme. Il faut définir qui fait quoi « services privés ou service public », dans chaque secteur de la société : transports, logement, énergie, enseignement, social, sécurité, etc. Il faut le « salaire complet », il permet le libre choix dans le « social » (liberté de s’assurer pour les risques de santé et de chômage et pour le financement de sa retraite), tout en prévoyant un filet de sécurité financé par l’impôt. Il faut miser sur la libre entreprise et le libre-échange. Il faut une énergie abondante et bon marché en mettant fin au dirigisme actuel fondé sur le monopole d’EDF et les instructions gouvernementales inspirées par la « transition énergétique » et autres dogmes politiciens. La fiscalité doit être simple, proportionnelle, et ne doit plus être redistributive. Les collectivités locales doivent être premières et autonomes pour les services à rendre à la population. Les finances et impôts locaux doivent échapper au contrôle des administrations supérieures.
C’est donc la subsidiarité, le respect des droits naturels (liberté, propriété, personnalité) le marché libre et l’Etat minimum qui peuvent sortir notre pays de l’arbitraire, de l’injuste, de la haine et de la violence. Tel est le programme libéral, tel est l’enjeu de la reconquête de la liberté économique, de la liberté politique. Ce sont des éléments indissociables de la liberté personnelle, de la dignité de l’être humain. L’offre politique du libéralisme devra avoir de plus en plus d’artisans, parce que c’est un espoir et qu’il n’y a pas d’autre solution. Les Français vont s’approprier ce changement de paradigme, beaucoup en ont déjà conscience.
Sur les coups de midi trente, le soleil était revenu dans le pays de Bastiat. Je pouvais repartir pour retrouver ma Provence ensoleillée. Dax et Aix : c’est proche.