62 engagements avaient été pris devant les syndicats majoritaires, FNSEA et Jeunes Agriculteurs. Ils ont tous été traités. Le Premier Ministre ne pouvait pas mentir ; il aurait pris un risque pour rien. Nous avons également été saisis par le fait que le texte de son discours est disponible en ligne pour tout citoyen français : voilà un geste démocratique, c’est peu fréquent.
Donc, Gabriel Attal a été honnête. Il a rappelé les réformes qui ont déjà été amorcées ou sur le point de l’être prochainement :
– dérèglementation concernant l’élevage (en particulier des volailles), il a parlé de « souveraineté de l’élevage »
– définition de ce qu’est le travail du paysan : elle sera donnée avant le 12 mars
– suppression de la cotisation patronale sur les salaires des employés dès 2024
– retraites des agriculteurs
– révision de la loi Egalim, aujourd’hui inefficace
– Règlement des revenus de la Politique Agricole Commune avant le A5 mars
– La France n’est pas d’accord pour signer le traité Mercosur
– Les règles d’urbanisation ne doivent pas déboucher sur la pénurie de terrains agricoles
– 2573 directives prises par des préfets ont été annulées.
Cette liste est impressionnante et rompt avec la tradition des gouvernements qui promettent beaucoup mais n’exécutent jamais, ou jamais tout de suite. L’inertie bureaucratique est clairement évacuée.
Néanmoins , l’habileté du discours n’aura pas échappé aux mauvais esprits que nous sommes. D’une part le mot souveraineté est revenu avec insistance, c’est le mot à la mode qui coupe l’herbe sous les pieds des souverainistes, dont on sait qu’ils sont à droite. Du coup l’ensemble des mesures accrédite la thèse d’un Premier Ministre et d’un gouvernement de droite, ce qui permet de récupérer des voix au centre ou de mobiliser des abstentionnistes.
D’autre part une partie de ces réformes doit être avalisée par le Parlement, et se pointe les dangers d’un 49/3 pouvant entraîner une dissolution et couper l’herbe sous les pieds des européennes, et celui du jugement du Conseil d’Etat et du Conseil Constitutionnel, devenus législateurs suprêmes
Enfin, et sans doute l’essentiel à notre avis, il n’est pas sûr que la tonalité du Président au Salon de l’Agriculture sera la même que celle du Premier Ministre. Il semblerait qu’une saine division du travail soit organisée actuellement : l’un parle à droite, l’autre parle à gauche. Ils sont tous deux ensemble et en même temps.