Je n’ai rien à dire sur les hommages officiels rendus à des personnes qui ont droit à la reconnaissance de la patrie française. Mais je m’interroge sur le sens à donner à la multiplication des cérémonies et des homélies qui se succèdent depuis quelques mois.
Dans un pays déchristianisé et en partie islamisé une religion officielle nous serait-elle révélée par le Président de la République ?
Cela ressemble à une religion, mais ce n’est pas une religion.
De la religion, il y a le rituel. La solennité, la démarche du Président, la Marseillaise, les chants sacrés, les textes récités, les fidèles émus et les larmes qui coulent. De la religion il y a les temples et les lieux saints : le Panthéon bien sûr, les Invalides, l’Arc de Triomphe. De la religion il y a les homélies : théâtrales, parfois longues, toujours d’une grande élévation d’esprit. Elles nous plongent dans une histoire que certains ne connaissaient pas – peut-être parce qu’elle avait été mal écrite.
Mais la religion est habituellement définie et pratiquée comme une relation entre les êtres humains et Dieu – voire même un seul Dieu, celui d’Abraham. La République serait-elle un nouveau Dieu ? Si elle est sacralisée elle n’est pas pour autant du niveau du sacré, elle n’a pas été révélée (puisqu’il n’y a pas de Dieu révélateur) mais elle n’a pas été construite par la raison humaine, ou avec une raison bien chancelante.
Ce serait en effet une curieuse raison qui juxtaposerait tout et son contraire. Est-ce la République de 1789 ou celle de 1793, est-ce la deuxième République, la troisième, la quatrième avec le régime des partis bousculée par la cinquième qui instaure une monarchie despotique ? Même s’il est devenu courant de se référer à la Philosophie des Lumières, s’agit-il de celle des Français des Ecossais, des Anglais, des Allemands, ou des Hollandais1 ? Et la philosophie des Lumières signifie-t-elle la haine de la religion appelée à tort « laïcité »2 N’oublions pas enfin que la République manquant de substance on lui a souvent accolé les adjectifs de Démocratique, Populaire et elle devient alors dictature3.
La République n’est donc pas le fruit de la raison, elle est, au choix, un régime politique opposé à la monarchie, une idéologie (celle de Platon par exemple) , un conte de fée, un masque démagogique, un procédé de communication.
Certes, je ne cesse de me révolter contre nos mœurs politiques françaises, mais ce qui me dérange le plus c’est que la République soit présentée comme de nature à combler un vide sidéral, celui de la religion. Une société harmonieuse peut-elle subsister sans religion, sans reconnaître des valeurs morales et spirituelles ? Les êtres humains peuvent-ils être libres et heureux s’ils ont été amenés à remplacer la foi par la peur, l’initiative par la servitude ?
On reproche habituellement au libéralisme de créer l’individualisme et le matérialisme. Mieux encore : de Marx aux philosophes post-modernes il est enseigné que la liberté serait un mode d’exploitation et d’aliénation des hommes. L’opium du peuple, et d’un peuple d’hommes déchus ! C’est ignorer que si les êtres humains sont les seuls parmi toutes les espèces vivantes à avoir reçu la liberté, c’est que la liberté, et seule la liberté, leur est indispensable pour faire de grandes choses au service des autres. La liberté est responsabilité, elle est dignité. Evidemment les religions ne sont pas toutes performantes dans l’incitation au bien, mais sans religion ni conscience de la dignité personnelle il ne peut y avoir que lutte pour le pouvoir. La conclusion est donc simple : si la République nie la religion ou prétend la remplacer, la lutte pour le pouvoir politique est ouverte, et nombreux seront ceux qui chercheront à exercer un pouvoir durable et total grâce au mensonge bien présenté dans l’emballage républicain.
Remettre la morale et la spiritualité dans la vie publique c’est reconnaître et protéger les droits individuels, c’est laisser jouer la charité privée, c’est respecter la justice et l’équité. Ceux qui remettent Dieu dans leur vie privée consolident la famille, l’éducation, le respect et le service de tous les petits, de tous les pauvres, ils épanouissent leurs talents pour donner davantage.
1 Rousseau Voltaire et les Encyclopédistes, Hume, Hutcheson et Smith, Locke et Hobbes, Kant, Spinoza.
2 Ceux qui se réfèrent à la Philosophie des Lumières présentent souvent Condorcet comme le «père de la laïcité ». D’une part Condorcet a été arrêté en 1793 au nom de la République de Robespierre, il s’est suicidé en prison et n’avait rien d’un « laïcard ». D’autre part le sens du mot laïcité est mal compris, il s’agir en fait de la séparation du pouvoir et de la religion : « Rends à César ce qui est à César » c’est peut-être Jésus qui a inventé la laïcité. Evidemment avec l’Etat Providence César s’occupe de tout, ce qui aboutit à mettre la religion sous le contrôle de l’Etat..
3 Il y a même des pays ou la République est à la fois Démocratique et Populaire.
Merci de réaffirmer qu’il ne peut y avoir de liberté sans responsabilité, ni de république sans les valeurs personnelles en particulier celles venant de la foi, Foi en Dieu et Foi en l’homme. Les cérémonies mémorielles n’ont de’autre but que de cacher la faiblesse de la pensée de nos responsables. Le panthéon n’est pas pour eux.