Gabriel Attal avait voulu serrer les vis : parmi les perles de notre « meilleur système social du monde », il y avait la facilité avec laquelle les salariés peuvent être indemnisés. Le projet de réforme envisagé par le Premier Ministre avait fait scandale, et avait l’opposition unanime des syndicats de salariés, et la critique acerbe des représentants du patronat (sauf ceux des PME).
La nuit dernière (du jeudi au vendredi) demeurera dans l’histoire du droit du travail.
En premier lieu, les partenaires sociaux se sont débarrassés de l’Etat et de Matignon : le gouvernement n’a pas à se mêler du droit du travail ; c’est un point de vue très libéral – à cela près que les libéraux sont opposés aux négociations collectives !
Ensuite non seulement la France était parmi les pays de l’OCDE l’un de ceux où l’indemnisation était la plus généreuse, mais voici qu’elle améliore ses performances : le chômeur voit ses droits à indemnisation encore accrus. La comparaison avec les autres pays européens est difficile parce que certaines dispositions sont plus avantageuses dans certains pays (sur l’ouverture des droits à indemnisation, sur la durée et le montant des indemnisations). Mais avoir travaillé seulement 6 mois (et désormais 5) au cours des 24 derniers mois et percevoir une indemnité pendant une période pouvant courir jusqu’à 24 mois n’est pas une excellent méthode pour encourager les salariés à se précipiter pour reprendre un travail. Il y a beaucoup de chômeurs qui ne perdent pas beaucoup de revenus en restant au chômage.
Il est évident que si les partenaires sociaux ont trouvé un accord si facilement, c’est qu’ils ne perdront rien au change.
D’ailleurs le point le plus souvent évoqué dans ces accords concerne les seniors, que l’on veut voir prolonger leur période d’activité. Ils seront désormais davantage couverts du risque chômage. En effet la réforme des retraites du régime général ayant reculé de deux ans le départ à la retraite, les durées de l’indemnisation sont également décalées : de 53 à 54 ans 30 mois, 55 ans et plus 36 mois. Le coût de cette mesure risque d’être très élevé, et le déficit de l’Unedic de s’accroître encore.
D’ailleurs l’Unedic aurait actuellement un déficit de 60 milliards d’euros. Ces sommes ne sont payées ni par les salariés ni par les patrons, c’est l’Etat qui les règle, c’est-à-dire le contribuable. Comme le disait Milton Friedman : il n’y a pas de repas gratuit. Quelqu’un doit toujours payer, c’est la beauté de notre système social.