Je précise tout de suite que les libéraux ne peuvent être racistes, j’ y reviendrai dans ce court article. Je précise encore que je ne veux pas me lancer dans la polémique : qu’il(s)retourne(nt) en Afrique, pour savoir si Grégoire de Fournas visait personnellement Carlos Martens Bilongo, député de la France Insoumise. Je ne pense pas non plus que les députés actuels s’obligent à utiliser un langage élégant et modéré : comme leurs prédécesseurs ils aiment dire n’importe quoi à n’importe qui, et la NUPES collectionne quelques vedettes dans cet art.
La question sérieuse à mes yeux est celle de la démocratie représentative en France. Peut-on reprocher à un élu de parler comme ses électeurs, son mandat n’est-il pas lié ? (mandat dit impératif) Grégoire de Fournas n’en était pas à son premier couplet sur l’immigration : à Pauillac et en Gironde il s’était déjà exprimé très clairement. Or, il a été élu comme conseiller général et cette année comme député de la Gironde. Ceux qui ont sanctionné l’élu ont évoqué la tradition républicaine, Madame le Premier Ministre a elle-même fait référence aux valeurs de la république. Ces personnalités ne connaissent pas bien l’histoire puisque dès la Première République les électeurs se tenaient aux portes de l’assemblée pour s’assurer que leurs élus étaient bien dans la ligne voulue. De tels comportement se sont répétés dans les trois républiques qui ont suivi. La représentativité est chose difficile : lors de la création des Etats Unis, il a fallu plusieurs années pour déboucher sur la constitution de 1787 parce que les élus se devaient de retourner dans leurs Etats respectifs pour obtenir l’aval de leurs électeurs.
Ajoutons qu’en France la représentativité est plus fragile encore à cause du mode de scrutin d’une part, et de la pratique du « pacte républicain » d’autre part. Le nombre de députés Rassemblement National serait sans doute bien plus important si quelque élément de proportionnelle existait. D’ailleurs les trois quarts des électeurs ayant voté RN en juillet ont approuvé le député incriminé. Au demeurant je crois que beaucoup de libéraux ( comme Hayek) ne sont pas des fanatiques de la démocratie représentative ; Churchill suggérait qu’il fallait s’en accommoder.
En fait la question fondamentale me semble être celle-ci : pourquoi des Français votent-ils pour des candidats soupçonnés de racisme ? C’est incontestablement parce que la politique d’immigration n’a jamais été définie, de sorte que n’importe qui peut dire n’importe quoi. Le ministre de l’intérieur avance un projet de loi, qui n’est pas très extrémiste, mais dont on peut se demander s’il sera jamais voté, et à plus forte raison jamais appliqué.
Les libéraux n’aiment pas le racisme, pour une raison fondamentale : c’est la négation de la personnalité, c’est la négation de la diversité. Comme toute approche collectiviste, c’est la source de désordre social. Mais c’est hélas un bon tremplin électoral, il faut rappeler que toutes les dictatures racistes (c’est presque un pléonasme) ont été approuvées par le suffrage universel. Les libéraux pensent aussi que l’immigration n’est pas une catastrophe, mais plutôt un apport précieux, quand elle s’inscrit dans une logique d’assimilation et conduit l’immigré à respecter les règles du jeu social en vigueur dans le pays d’accueil. Nous devrions donc nous interroger sur ces règles du jeu social. Quand la règle est celle de l’Etat providence rien d’étonnant à ce que les immigrés, comme nombre de Français de la nième génération, cherchent les allocations plutôt que le travail, les HLM gratuits, et l’ignorance de la langue française. Quand la règle est celle d’une Education Nationale qui diffuse un message de lutte des classes, d’exploitation et d’égalitarisme, rien d’étonnant à ce que les jeunes choisissent le communautarisme et l’incivilité, comme d’ailleurs une très large part de la jeunesse française.
Le racisme pourrait donc être effacé de notre pays du jour où les valeurs de la liberté, qui sont celles de la responsabilité, de la propriété et de la dignité, s’affirmeraient sans s’encombrer des fumeuses Valeurs de la République, alibis du statu quo étatiste, du vide de la pensée et du plein de la haine.