Faute de savoir gouverner, la classe politique actuelle sait proposer aux Français la lecture de leurs livres. Le Maire succède à Macron, Sarkozy et Mélenchon, et comme les autres il tape fort. Son livre paru la semaine dernière est un tissu de mensonges révoltants, c’est tout et son contraire, mais il a été piégé par les journalistes de France Info au cours d’une interview d’une demie heure qui ne lui ont pas fait de cadeau. Dernière remarque de la journaliste Léa Salamé : « Vous êtes Ministre des Finances depuis 7 ans, pourquoi ne l’avez-vous pas fait » ?
Les réponses les plus extravagantes de Bruno Le Maire sont faciles à relever :
1° Je fais un livre parce que le monde a changé, depuis quelques mois : le Covid, les taux d’intérêt élevés, la guerre en Ukraine. Il doit y avoir des erreurs dans l’agenda de BLM
2° Ce livre est un programme de ce qu’il faut faire maintenant, mais je ne suis pas candidat à la République. Je suis un Ministre de l’Economie qui parle dans son domaine de compétence, celui de l’emploi et de la réindustrialisation, ce n’est pas un programme électoral pour 2.027 parce qu’il ne fait que 120 pages, alors qu’un programme présidentiel fait au moins 1.000 pages. La franchise de BLM est évidente, et en effet plus on prétend à la Présidence plus il faut multiplier les promesses. Ici, pas de promesse : je dis simplement qu’il faut « changer le modèle économique et social qui est le nôtre ! » . En effet çà ne vaut pas plus de 120 pages.
3° Mais vous remettez en cause l’Etat Providence, n’est-ce pas du libéralisme ? s’enquière Léa Salamé. Certainement pas je suis « hostile au libéralisme décomplexé », qui exclut toute règle. Dans le passé je me suis opposé à un traité avec le Brésil parce que leurs produits sont meilleur marché que les nôtres, mais les nôtres sont de meilleure qualité, ils sont propres et ne rejettent pas du CO2. L’hymne à la souveraineté et au protectionnisme fait partie de la pensée unique, et BLM se réfère intelligemment aux etats Unis et à la Chine.
4° Il faut rompre avec « l’Etat Providence » pour mettre en place un « Etat protecteur ». Un Etat Providence : les gens demandent de l’argent ? Un Etat protecteur : l’Etat vient en aise aux plus défavorises, les citoyens deviennent responsables et çà rapporte de l’argent, sans avoir à augmenter les impôts. Le bon exemple ; c’est le centime sur le prix des médicaments. En effet tout cela est lumineux. Que ne l’avions pas compris plus tôt ?
5° L’Etat Protecteur n’admet pas les inégalités. Par exemple est-il juste que les handicapés aient des fauteuils roulants inconfortables alors que les personnes qui ont les moyens achètent des « fauteurs roulants à 6.000 ou 7.000 euros ? » En effet ce genre de fauteuil est courant dans les salons parisiens fréquentés par BLM.
6° Je suis viscéralement attaché à la Sécurité Sociale : pour les hôpitaux publics, les écoles publiques. Le programme de rupture est en effet révolutionnaire
7° Il faut prendre en compte « le vieillissement de la population : celle de 2024 n’est pas celle de 1945 ». En effet il aura fallu à BLM attendre 2024 pour s’en apercevoir !
8° L’Etat Protecteur va s’attaquer à un fléau social très important : les séniors ne travaillent pas assez dans nos pays. Dans quelle galère allait-il s’embarquer ! Mais écoutons d’abord ce qu’il propose : que les seniors au chômage reprennent une activité où ils seraient actifs à 80 % de leur emploi antérieur, et l’Etat leur garantira 90 % de leurs anciens revenus. Par malheur un auditeur interviewé par Bruno Morand se plaint d’avoir été licencié à 53 ans sans indemnité…mais il ne veut plus travailler. Il veut que son ancienne entreprise le paye.
9° BLM reprend opportunément la main : « oui, vous avez raison, c’est de la responsabilité des entreprises de garantir l’emploi des seniors ». On peut toujours leur trouver une place dans un placard et les payer comme il se doit.
10°Mieux encore : c’est pourquoi le taux de plein emploi en France est de 7% au lieu de 5%1 dans les autres pays européens. Les deux points d’écart représentent le manque à gagner dû au non-travail des seniors. Avec le Président ,nous nous sommes fixés de parvenir au plein emploi à la fin du deuxième mansat. Nous y parviendrons, sur la base de 7%. Par comparaison Keynes était un plaisantin avec un plein emploi à moins de 2% (chômage ‘naturel’ appelé frictionnel).
11°Les syndicats sont des partenaires sociaux irremplaçables, ils sont là pour défendre les intérêts des salariés face à leur direction. Mais « la gestion des indemnités de chômage et de la transition à la retraite n’appartient qu’à l’Etat ». Voilà encore du libéralisme.
12°L’Etat protecteur ne veut pas gaspiller l’argent du public. Ainsi va-t-on débattre du coût des transports médicaux, qui représentent cette année 5 milliards d’euros. Oui, mais comme pour la réforme des retraites voilà des années qu’aucun accord n’a été trouvé. On innove dans l’échec.
13° Et l’Europe ? Il n’en a guère été question dans l’interview (et peut-être dans le livre) si ce n’est à propos du projet d’impôt écologique INSVert. Faute de temps BLM dépend de façon claire et nette : à Berlin il demandera que les pays de l’Union aient un libre accès au marché des capitaux. Peut-être pour financer la dette publique française. BLM est rassurant :les agences de notation n’abaisseront pas la note de la France, elles savent qu’en 2020 le Ministre des Finances français de l’époque, un certain Bruno Le Maire, avait réduit le déficit à moins de 3% du PIB. Ce n’est sans doute pas le même qu’aujourd’hui. On ne peut pas être et avoir été !
1 En gras parce que cela nous paraît le plus fort !