Il existe une Association des Economistes Catholiques fondée en l’an 2.000 par le professeur Jean Yves Naudet, et présidée actuellement par Pierre de Lauzun, ancien directeur de l’AMF (Autorité des Marchés Financiers) : voilà une bonne conjonction d’économistes universitaires et de professionnels en entreprise. Mais que se propose cette association ? Elle entend montrer comment l’enseignement du magistère catholique, notamment dans le domaine de la Doctrine Sociale de l’Eglise, peut éclairer et orienter la vie économique contemporaine, puisque les aspects de cette vie évoluent en permanence et lancent des défis d’ordres moral et spirituel[1] .
Après avoir publié un premier rapport sur la propriété l’Association vient de publier un nouvel ouvrage « Famille et Economie à la lumière de la doctrine sociale de l’Eglise » (éditions Pierre Tequi, 113 pages). On sait que la famille est aujourd’hui en pleine crise : c’est une « chose nouvelle ». Quelles incidences cette crise peut-elle avoir ? Le Père Pierre Coulange constate que les théories économiques les plus pertinentes à ce jour, proposées par Schultz, Lancaster ou Becker, traitent
de la famille avec une approche trop utilitariste : avantages et inconvénients de la famille. De son point de vue, la raison ne suffit pas et la foi est nécessaire pour constituer et épanouir une famille. Jean Yves Naudet rappelle ce que contient la doctrine sociale de l’église catholique (DSEC) en faisant une distinction entre des principes qui sont très clairs et des conséquences qui méritent d’être précisées. Pierre de Lauzun s’intéresse au travail familial, dont les traces sont évidemment difficiles à trouver dans la comptabilité nationale : la femme au foyer peut-elle contribuer au PIB ? Jacques Garello évoque aussi une richesse que l’on oublie : celle du patrimoine familial qui est souvent détruit par la fiscalité alors qu’il assure la sécurité intergénérationnelle et l’éducation des enfants. Etienne Chaumeton analyse l’impact des politiques monétaires sur la famille : c’est l’Etat et les banques centrales qui détruisent le pouvoir d’achat et le patrimoine des familles. Jean Didier Lecaillon estime que les familles sont les seuls espoirs d’un développement durable :une population vieillissante n’est pas propice à la croissance, et les tendances démographiques ne sont guère encourageantes, il faudrait que la société prenne en compte les coûts de l’enfant : l’investissement en capital humain est la meilleure garantie pour les générations à venir. Sa conclusion est un peu le résumé de ce livre stimulant, original et rigoureux : « la famille se retrouve ainsi naturellement au cœur de l’analyse, ce qui n’est pas le moindre enseignement ».
[1] La première encyclique (1891) fut intitulée « Rerum Novarum » (des choses nouvelles) par le Pape Léon XIII (qui admirait Frédéric Bastiat pour sa pédagogie).