C’est une surprise, et désagréable. La droite était annoncée comme grande gagnante de ces élections législatives. Mais elle n’a pas réussi à obtenir la majorité à la Chambre des Députés, le Parti Populaire a 136 sièges contre 122 pour le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) de Pedro Sanchez, au pouvoir depuis quatre ans. Il se dit que la gauche socialo-écologiste pourra gouverner en faisant alliance avec les indépendantistes basques et catalans : arithmétiquement possible.
Certains commentateurs, notamment à Bruxelles, avaient déjà fait part de leurs craintes en cas de victoire de la droite, car il y a trop de droite en Europe en ce moment. Ils avaient même soupçonné le Part Populaire de collusion avec le Parti Vox, considéré comme néo-nazi ou, si l’on préfère, nostalgique de Franco. Pedro Sanchez n’a pas caché sa joie : la tentative de la droite a été « fracassée » dit-il.
En réalité les craintes sont aujourd’hui inversées, car la politique de Sanchez a été catastrophique. Les journalistes de gauche (et même ceux des Echos) soutiennent que Sanchez a un excellent bilan économique : croissance de 2,3 %, inflation maîtrisée (à 8% !), relance sensible de la consommation. Les keynésiens d’admirer. Mais cela n’est qu’apparence conjoncturelle, la réalité est que le pouvoir de gauche a préparé un avenir très dangereux pour le pays.
Tout d’abord les finances publiques de l’Espagne ont explosé. La dette est passée à 113 % du PIB, en dépit de rentrées fiscales plus importantes avec la TVA (due à l’inflation) Et pourtant l’Espagne a profité de la générosité de l’Union Européenne. Il lui a été promis une aide de 140 milliards d’euros de subventions et de prêts. Elle a déjà reçu 37 milliards de subventions, mais le déficit budgétaire est de 3,8 %, au-dessus des critères européens. La promesse de Sanchez est la même que celle de Bruno Lemaire : « Le retour à la discipline budgétaire sera l’une des tâches obligatoires du prochain gouvernement ». Mais il y a plus grave et le prix de ces errements sera bien vite très élevé : la ministre (communiste) du travail a créé un revenu minimum légal, le salaire minimum a été relevé de 47 % en cinq ans, et de nombreux chèques de solidarité ont été inventés dans le cadre de la Sécurité Sociale, aussi déficitaire qu’en France.
Le plan de relance espagnol est sur les rails a-t-on dit. Mais le train de l’Etat Providence déraille nécessairement. La réalité est que Sanchez a été à Bruxelles pendant six mois président du conseil pendant six mois et qu’à Bruxelles, ou à Strasbourg, ou à Paris, la politique passe avant la réalité : l’essentiel est que l’Espagne ne devienne pas la Pologne !