Nous avons la chance d’assister à des progrès de civilisation spectaculaires. Depuis quelques décennies la coutume irlandaise millénaire de fêter la fin de l’année s’est transportée sous divers prétextes dans le monde entier, et désormais ce sont les enfants qui sont au cœur d’une mascarade qui peut émouvoir ou révolter.
Mais les nouveautés se sont multipliées et aujourd’hui la publicité télévisée nous apprend qu’un enfant peut, pour 3 euros seulement, acheter un costume qui va le faire passer pour un cadavre, avec les os bien apparents et la tête bien démontée. Quelle rigolade ! Quelle joie de vivre ! les enfants s’éclatent, et ils ont bien raison puisque les familles éclatent aussi. Vive la peur !
Par contraste, la Toussaint ne fait plus recette, sauf chez les fleuristes pour se fournir en incontournables chrysanthèmes. Plusieurs journalistes nous encouragent à pleurer les morts. Ils ignorent sans doute que pour des millions de chrétiens[1] la Toussaint est une fête de la joie, parce qu’elle permet de rencontrer ceux qui jouissent de la vie éternelle, et qui ont le bonheur d’être au Paradis. Partager une prière avec eux nous permet de garder l’espoir de les rejoindre le jour venu, et de prendre toutes résolutions pour effacer ce que nous portons de péché. C’est un examen de conscience, une liberté de conscience, la Toussaint est bénéfique.
Peut-être le rapprochement est-il déplacé, mais on se demande si le Halloween des cadavres n’est pas une forme de wokisme, et ne traduit pas le succès de la philosophie post-moderne : l’homme déchu, l’homme appelé à sa perte. Une bonne cure de libéralisme serait salutaire, car le libéralisme est un humanisme, une foi dans l’être humain certes faillible, mais toujours en quête de sa dignité.
[1] Les autres religions « d’ Abraham ont aussi leur Toussaint. Chez les Chrétiens les Catholiques fêtent la Toussaint le 1er novembre, ce n’est pas le cas pour les orthodoxes et c’est variable chez les « protestants » (au sens large)