Franceinfo n’est pas ce que l’on appelle un média réputé pour son libéralisme échevelé. Jeudi 6 octobre, elle a célébré toute la journée durant le nouveau Prix Nobel de littérature Annie Ernaux, féministe, adversaire radicale d’Israël, chantre de la « lutte des classes » et soutien affiché du très modéré Jean-Luc Melenchon lors de la dernière campagne présidentielle. Le créateur de La France insoumise a déclaré avoir « pleuré de bonheur » en apprenant la nouvelle de l’attribution du prix à l’écrivain, pardon l’écrivaine (écri vaine ?) qui considère que la littérature n’est jamais « neutre ». On pensait Jean-Luc Melenchon moins affecté par la sensiblerie, mais les bonnes nouvelles sont rares en ce moment pour son parti….
Franceinfo n’en est pas à sa première incartade. Rappelons que le 28 mai 2022 devait se tenir la grande fête du football avec la finale de la Ligue des Champions à Saint-Denis. En fait de… fête, ce fut un désastre. L’ampleur de la situation a été inhabituelle avec des scènes affligeantes largement relayées par diverses vidéos sur ce qu’on appelle coutumièrement les réseaux sociaux. Tandis que de jeunes désœuvrés s’en donnaient à cœur joie, les forces de l’ordre enfumaient et chargeaient une partie des spectateurs « innocents ». L’image de la France, organisatrice des Jeux Olympiques de Paris en 2024, s’en trouvait (une nouvelle fois) fort écornée.
Le week-end qui suivit, Franceinfo consacra une large plage horaire au « décryptage » des évènements. Il s’est agi d’une émission qui reprenait pour l’essentiel la propagande gouvernementale selon laquelle le ministre de l’Intérieur avait parfaitement géré la situation (CQFD) et les désordres étaient dus aux ignobles supporters anglais, tous détenteurs de faux billets, hordes de hooligans et sans doute suppôts de Margaret Thatcher.
Une émission lunaire qui ne disait mot de deux des facteurs principaux :
- une énième grève des transports publics tombant par le plus grand des hasards un soir de match qui a désorganisé les flux d’entrées au stade
- et une énième présence de voyous rackettant le bourgeois et tentant d’entrer de force dans le stade de France pour assister à la finale dans le grand pays de la « gratuité ».
Scandalisé par le traitement (une nouvelle fois) partial de l’actualité par Franceinfo, nous avions en son temps écrit à la médiatrice de Radio France. A notre connaissance, nous n’avons à ce jour jamais reçu la moindre réponse. Alors même que le gouvernement a dû « rétropédaler » et que le ministre a dû, fût-ce a minima, reconnaître ses erreurs, cette radio n’a pas émis de mea culpa.
Question : à quoi sert Franceinfo et plus largement le prétendu « service public » de l’audiovisuel ? Quand serons-nous débarrassés des organes de propagande étatiste à la radio et à la télévision ?
Rappelons que, selon les derniers chiffres, Radio France dépend à plus de 85 % du financement public, soit environ 570 millions d’euros en 2021.
Jean Philippe Feldman
Agrégé des facultés de droit, ancien Professeur des Universités, maître de conférences à SciencesPo, Avocat à la Cour de Paris et vice-président de l’A.L.E.P.S. (Association pour la liberté économique et le progrès social).
Dernier ouvrage publié : Exception française. Histoire d’une société bloquée de l’Ancien régime à Emmanuel Macron (Odile Jacob, 2020).