Evidemment deux bonnes réformes ne suffisent pas à faire un programme libéral. Mais il est rare que la classe politique s’intéresse au libéralisme : c’est une première raison d’en parler.
Une deuxième raison est le fait que cette annonce soit faite par Contrepoints, un site naguère libéral qui vient de traverser des mois difficiles, au point de fermer boutique.
Saluons donc le redémarrage, en espérant qu’il engendre une dynamique suffisante.
Privatiser la SNCF : Eric Ciotti, président de LR et soutien de la candidature de François Xavier Bellamy, a été reçu par BFMTL le 22 mai. Il a annoncé qu’il avait le jour même déposé une proposition de loi pour la privatisation immédiate de la SNCF. « Depuis 1947 il n’y pas eu une seule année sans grève à la SNCF ». A l’heure actuelle les syndicats de la SNCF font un chantage éhonté à l’occasion des Jeux Olympiques. Ils prennent des millions de Français en otages.
La Nouvelle Lettre a souvent évoqué ces comportements hors-la loi. La SNCF est
irresponsable, ses déficits annuels n’ont cessé d’augmenter.
La SNCF refuse la concurrence. S’agissant des trains de marchandises elle a fait semblant de respecter les règles européennes de libre accès au rail. Elle a accordé des créneaux horaires de nuit, que personne ne veut utiliser. S’agissant des trains de voyageurs il a fallu aux Italiens ferrailler longuement pour que la ligne Lyon-Paris leur soit ouverte, et de nombreuses liaisons transalpines sont en attente.
A la SNCF les privilèges des cheminots sont scandaleux. « Ils ont été dispensés des efforts que l’on a demandés à tous les salariés français lors de la réforme des retraites », dit Eric Ciotti. Naguère le recrutement d’un cheminot était simple : être fils d’un cheminot cégétiste. Cette coutume a été abandonnée et les cheminots ont un statut proche de celui des autres salariés des services publics. Donc ils bénéficient des privilèges de fonctionnaires : emploi à vie, avancement à l’ancienneté, retraite et durée du travail hebdomadaire avantageuses.
Les contrôleurs sont indispensables pour qu’un train de voyageurs quitte une gare, et cela permet à ces héros du rail de bloquer régulièrement le trafic.
Supprimer les droits de succession à juste titre on les appelle « l’impôt sur la mort ». Il s’agit d’une atteinte inqualifiable au droit de propriété privée, à la liberté de posséder et gérer un patrimoine personnel. Frédéric Bastiat et le Journal des Economistes n’ont cessé de lutter contre le Code Civil et la législation fiscale. C’est « philosophiquement inacceptable » écrit Eric Ciotti dans une tribune publiée le 23 mai au Figaro, co-signée avec François Xavier Bellamy. Plusieurs pays européens ont supprimé cet impôt 1 .
Mais la France détient là encore un record : le taux maximum d’imposition est de 60%, et notre pays est celui où les droits de
succession sont les plus élevés dans la masse des impôts prélevés (1,35 %). Cette ponction frappe les patrimoines les plus élevés suivant le principe de progressivité. Elle s’accompagne de règles concernant l’âge auquel est ouverte la succession. Considérant qu’il est immoral qu’une personne riche garde son argent jusqu’à la date de son décès, la loi fiscale française augmente le taux des droits en fonction de l’âge d’ouverture de la succession. Enfin et non le moindre le patrimoine taxé est défini de façon très compliquée et bureaucratique, l’impôt est arbitraire. L’OCDE s’en félicite : « C’est une façon de réaliser l’égalité des chances et de réduire les inégalités de richesse ». Malheur à ceux qui veulent mourir riches !
Les deux réformes qu’Eric Ciotti veut mettre en œuvre, en s’impliquant lui-même dans cette opération, sont donc appréciables, et Contrepoints a raison d’en parler comme d’unévènement heureux. Mais du point de vue libéral il y a encore davantage de réformes à réaliser en urgence, par exemple et entre autres : la suppression des lois sur le logement social et l’urbanisme et la privatisation des HLM pour en finir avec la crise du logement, la liberté scolaire avec le libre choix des établissements par les parents avec l’aide de bons scolaires si nécessaire pour en finir avec le monopole de l’Education Nationale et la « grande garderie » 2 , la suppression de l’Ecole Nationale de la Magistrature et des juges n’appartenant pas à la fonction publique pour restaurer l’état de droit et en finir avec la politisation des instructions et des sentences, la privatisation des prisons, la privatisation de l’énergie, et tant d’autres mesures recensées dans le manifeste « Réformer pour Libérer » édité par l’ALEPS et l’IREF 3 . Les Français attendent la rupture avec l’Etat Providence et avec les services publics (autres que ceux qui concernent les missions régaliennes).
1 Autriche, Suisse (cantons) Suède, Lettonie, Lithuanie, Bulgarie, République, Tchèque, Slovaquie, Norvège,Malte, Chypre.
2 Titre de l’ouvrage de Lisa Kamen-Hirsig « La grande Garderie » Albin Michel,éd. 2023
3 On se réfèrera aussi à l’ouvrage très pédagogique de Jacques Garello Le Vaccin Libéral Contre e despotisme
Contre le populisme IDH éd 2021