Qui succèdera à Elizabeth Borne ? Cette question réellement décisive pour l’avenir de la France et la paix dans le monde oblige nos compatriotes à ne pas apprécier à sa vraie valeur ce que le Président Macron a réussi à faire en moins de 100 jours ; la presse se régale de parier sur le prochain Premier Ministre. On prétend même que peu de ministres actuels resteraient en place : seulement Le Maire, Darmanin, Attal et Véran. Il s’agit en effet d’un carré d’as qui à ce jour ont réussi tout ce qu’ils ont entrepris.
Mais pourquoi donc ne pas s’intéresser davantage à tout ce qu’Emmanuel Macron a pu faire en quelques jours de cette semaine ?
1° Visite en Ardèche : pour réimplanter la production de médicaments en France. Va-t-ilposer la première pierre d’une usine financée grâce à lui ? L’usine Chamatex existe depuis 2021, financée en partie par des capitaux anglais. Mais Emmanuel Macron, dûment revêtu de la blouse blanche ordinairement vêtue par les pharmaciens, voit bien plus loin : assurer enfin la « souveraineté pharmaceutique » voire même « la souveraineté sanitaire » de la France, il promet une aide de l’Etat de 25 millions d’euros. 20 millions aussi pour une autre usine Aguettant qui produit des seringues. Beaucoup de commentaires dans la presse : ces entreprises ont « bénéficié du plan de relance » : en effet elles doivent être rares et méritaient d’être signalées au grand public.
2° Visite au salon Viva Tech : « Dans le domaine de l’intelligence artificielle, je veux que la France soit championne et se positionne en pointe de cette nouvelle révolution industrielle. Demain au salon VivaTech, je ferai des annonces pour que nous accélérions sur le financement, la formation, la recherche. » L’accélération s’est bien réalisée : le Président annonce la deuxième phase de l’opération Tibi. Pas de malentendu : tibi ne vient pas du latin « à toi »ou « pour toi », mais du nom d’un économiste Philippe Tibi qui aura sans doute le prix Nobel prochainement : il lève des fonds privés pour financer des entreprises qui s’engagent dans l’intelligence artificielle. Le communiqué officiel de l’Elysée nous apprend que la première phase du Tibi a été un succès : lancée en 2019 elle a levé 6 milliards, auprès de 23 investisseurs « partenaires, à ne pas confondre avec les 320 investisseurs spécialisés en France dans les 67 fonds labélisés par l’initiative : une bonne odeur de bureaucratie, qui arrive ainsi à survivre à l’intelligence artificielle. On ne nous a pas dit si l’Elysée et Matignon allaient bénéficier de quelque dose d’intelligence artificielle, il est vrai qu’ils n’en ont pas besoin.
3° Visite au salon du Bourget : ici le Président fait la leçon aux professionnels de l’aviation : l’avion rejette trop de carbone, mais on ne peut réduire les lignes desservies, il faudrait maintenant une aviation décarbonée. Emmanuel Macron a annoncé une enveloppe d’aides de plusieurs centaines de millions d’euros pour participer à la décarbonation de l’aviation et pour appuyer le développement d’une filière française de production de carburants d’aviation durable (SAF) :200 millions par an pendant la période 2024-2040 pour ces carburants, auxquels il faut ajouter 300 millions par an pour permettre à de petits avions électriques ou à hydrogène de prendre leur envol. C’est moins ambitieux que le Concorde, mais à cette heure l’Etat français n’a pas eu de grand succès dans ses initiatives aéronautiques. Peut-être Airbus (désormais très européen) pourrait-il arrêter de vendre de gros appareils pollueurs pour des touristes qui ne savent pas qu’ils contribuent à rapprocher dramatiquement la fin de la planète.
Comment l’Etat aide les entreprises
Les milliards promis doivent-ils être pris sur le budget de l’Etat ? Certainement pas ; nous en avons fini avec le « quoi qu’il en coute », et Madame Borne ou Monsieur Gaudot[1] ne pourrait pas modifier la loi de finance 2024. Le Président compte beaucoup sur l’investissement privé, qu’il a dans la poche sans doute : heureusement que nous avons un Etat capable d’orienter les investisseurs
Heureusement nous avons aussi un Etat qui a compris pourquoi les entreprises ne s’installaient en au lieu de ne France que si elles étaient subventionnées, car pour le reste notre fiscalité et notre droit du travail ne font pas de notre pays une terre d’accueil. Puisqu’on a évoqué le retour de l’industrie pharmaceutique en France, on peut s’interroger sur les réticences de ce chimiste français, inventeur du vaccin Moderna, il s’appelle Stephane Bancel.Voilà un homme curieux, puisqu’il a quitté L’Institut Pasteur à Lyon pour aller s’installer et réussir aux Etats Unis. Première question : pourquoi tant de Français quittent-ils leur pays ? Deuxième question : pourquoi Stéphane Bancel, sollicité par Emmanuel Macron (dit-on) aurait-il marqué ses réticences pour s’installer, même partiellement, sur le sol français ? Parce que lesentreprises françaises sont sous le contrôle du fisc, de la Sécurité Sociale, des syndicats. Peut-être les grands projets d’Emmanuel Macron pourraient-ils aller dans ce sens.
Mais il est plus simple de promettre des milliards de chèques sans provision. Il est vrai que l’important pour la classe politique est de se rendre populaire, la seule rentabilité qui compte est électorale, et Emmanuel Macron fait tout ce qu’il peut pour remonter sa cote de popularité. Il le fait vite et bien.
[1] Nous insistons sur ce Monsieur, qui n’appartient pas au groupe des Républicains, ni du Modem, ni de la NUPES, et surtout pas au RN. Bien entendu nous avons voulu évoquer le personnage que Samuel Beckett a mis en scène en 1952. Godot incarne l’individu qui ne croit plus en rien, qui ne sait pas ce qui lui arrive : bref un citoyen français lambda – mais il n’a pas fait l’ENA.