Lundi 9 janvier le site Contrepoints a invité un auteur à répondre à la question « Savez-vous ce qu’est le libéralisme ? Bonne question, et bonne réponse, parce que l’auteur était bon.
Il s’agit d’Antoine Cassan, qui appartient à la jeune génération des libéraux des années 1980, travaillant avec François Léotard (il est l’un des rédacteurs de A mots découverts, Antoine dialogue avec le président du Parti Républicain de l’époque) et surtout Alain Madelin au Ministère de l’Industrie en 1986, puis dans le cadre d’Euro 02 : entre autres missions il est rédacteur en chef de la revue. Très récemment, libéré de la fonction publique qu’il occupait, il est revenu au 35 Mac Mahon présider des débats, il a participé à la toute dernière assemblée générale en décembre.
Dans cet article de Contrepoints Antoine Cassan remet le libéralisme à sa vraie place. « Connaissance du libéralisme » : l’air était connu puisque Jacques Garello avait publié cet essai dans le cadre de l’IREF il y a vingt ans[1] . Mais il est bon de voir de nouveaux interprètes entonner le même thème (Johan Rivalland, Patrick de Casanove, et quelques autres amis font de même dans les colonnes de Contrepoints).
Le texte d’Antoine Cassan publié cette semaine, a l’immense mérite de proposer des arguments très originaux de nature à convaincre au libéralisme. Il est important que nous diversifions le message : c’est d’ailleurs ce souci de la diffusion qui doit inspirer notre militantisme. Encore faut-il que les messages diffusés soient conformes aux principes fondamentaux du libéralisme, avec Antoine Cassan on peut être sûr du coup. Qu’on en juge par les quelques thèmes qu’il choisit et dont vous pourrez lire les détains dans Contrepoints
« Dix idées reçues sur le libéralisme » : d’entrée de jeu l’auteur nous prévient : Les Français souffriraient-ils d’une overdose de libéralisme ? On croit rêver. Et pourtant, de toutes les idées reçues, confusions, amalgames, contresens et balivernes, c’est l’une des plus coriaces.
- Nous vivons dans une économie libérale: Aux 57 % du PIB en dépenses publiques, aux 47 % du PIB en prélèvements obligatoires et aux 125 % du PIB en dette publique, il faut ajouter le poids des réglementations
- Le libéralisme, c’est le laisser-faire généralisé Mais notre vie quotidienne est encadrée par une armée de fonctionnaires qui prennent soin de nous, nous indiquent comment nous devons vivre et finalement comment nous devons obéir
- Le libéralisme n’est bon que pour les riches. Sa devise est « Enrichissez-vous ». Mais la devise, prêtée à Guizot était « enrichissez vous par le travail et par l’épargne »
- Le libéralisme, c’est une théorie de chefs d’entreprises. A part Jean Baptiste Say aucun économiste libéral n’a été entrepreneur. Les instances patronales préfèrent en général les mesures protectionnistes (normes, contingentements, tarifs) et les subventions. Rares parmi les patrons ont été mécènes du libéralisme, surtout en France.
- Le libéralisme, c’est Germinal: les enfants travailleraient encore dans les mines. C’est tout le contraire : le travail des enfants était systématique avant la révolution industrielle. Hayek l’a démontré : Le développement du capital a, par conséquent, non pas entraîné mais permis l’existence d’un prolétariat : un beaucoup plus grand nombre de gens, à qui leurs parents n’avaient pu donner des instruments de production, purent désormais subsister par leur travail grâce à l’augmentation de la productivité. Les enfants travaillent dans des pays de grande pauvreté, et aujourd’hui encore (et la pauvreté est la plupart du temps associé à la dictature). C’est la croissance qui supprime le travail des enfants, et il n’y a pas de croissance ailleurs que dans les pays libres.
- Le libéralisme, c’est la loi de la jungle
- Varia n°1, plus élaborée : « Entre le fort et le faible, le riche et le pauvre, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit » (Lacordaire)
- Varia n°2, avicole : le libéralisme, c’est le renard libre dans le poulailler libre
Ces trois « idées » opposent droit et liberté, alors que les progrès de la liberté ont été possibles parce que certains droits ont été proclamés et respectés : droits individuels du 18ème siècle (à la vie, à la liberté, à la propriété), droits publics (réunion, expression, association). Par contraste la loi est aujourd’hui contrainte : inflation de textes contradictoires et liberticides.
- Le libéralisme est une théorie dépassée du XIXe siècle. C’est tout l’inverse : le passé
était celui des privilèges, ils ont été progressivement éliminés par la concurrence et la liberté économique. Les progrès les plus importants ont été faits avec l’apparition de politiques innovantes, comme les réformes fiscales (reaganomics, avec l’effet Laffer). Ce qui est archaïque c’est le dirigisme et le protectionnisme.
- Votre libéralisme c’est de l’utopie « C’est juste une utopie dans un pays qui ne l’a jamais adopté : la France. » Les pays qui l’ont adopté s’en trouvent mieux, avec des taux de chômage inférieurs et des taux de croissance supérieurs. « Pourquoi faire l’impasse plus longtemps ? Dans le désert, le verre d’eau n’attend pas. »
Voilà une mine d’arguments à exploiter, ces idées insistent sur le fait que nous ne sommes plus du tout dans une société libérale. Le rejet du libéralisme n’est fondé que sur des anachronismes et des mensonges.
[1] Une nouvelle interprétation est donnée par Jacques Garello dans le chapitre 3 de son dernier ouvrage « Le Vaccin Libéral » (JDH Ed. février 2022) intitulé « Caricatures du libéralisme ».