Le prolongement de la trêve est salué comme une bonne chose par la plupart des observateurs et par quelques chefs d’Etat impliqués directement ou indirectement dans le conflit. Du point de vue humanitaire c’est en effet une bonne chose : la libération des otages peut se poursuivre, et les milliers de soins à donner à une population sans chirurgie ni médicament vont pouvoir être amorcés. Du point de vue politique on y voit à première vue une promesse de négociations et peut-être de cohabitation durable, avec peut-être deux Etats[1].
Je ne crois pas que ce soit la bonne lecture. Car Téhéran aussi se réjouit de la durée de la trêve. Elle permet en effet de continuer et consolider la guerre menée contre l’Occident. Cette guerre a été officiellement scellée entre le Hamas et la Russie, et elle a toute les sympathies des « pays du Sud », Brics compris (avec une position plus nuancée de l’Inde et de l’Afrique du Sud). Un autre terrain d’offensive contre l’Occident est l’Ukraine, et lâcher sur Gaza c’est aussi se préparer à lâcher sur l’Ukraine.
L’indétermination actuelle de Joe Biden, naguère boute-feu inconditionnel, est inquiétante. L’Europe n’est pas unie derrière Ursula Von der Leyen. La France a une position variable et souvent incohérente. Il est important de sensibiliser l’opinion publique. Aujourd’hui flotte un genre d’air de Munich.
[1] Cf mon article du 22 Novembre 2023 : Où serait l’Etat Palestinien ? La solution des deux Etats est muette sur ce point