Voilà des mois que la controverse est ouverte, certains ont même décidé de ne pas participer à cette COP 28. Car c’était un fameux défi au bon sens que de tenir la conférence en Arabie Saoudite, dont la prospérité est tirée des puits de pétrole, et de plus que de faire présider la COP par le prince Ahmed Al Jaber, ministre de l’industrie et président de la compagnie nationale Abu Dhabi National Oil.
Mais la controverse continue et même semble s’enfler au fil des heures. D’une part les opposants (comme Amnesty International ou les défenseurs des droits de l’homme) soutiennent que les Emirats ont obtenu la réunion à Dubaï à travers des opérations de lobbying de « geenwashing » bien menées et bien financées pour blanchir leur activité pétrolière (« Les COP ne doivent pas servir de tribune à l’écoblanchiment » a-t-il été dit). D’autre part les documents qui circulent entre les mains des participants sont distribués par le Cabinet Mac Kinsey et ne laissent aucun doute : l’énergie fossile doit rester majeure dans les décennies à venir, ce qui est juste à l’opposé de ce que souhaitent les organisateurs de la COP.
En effet la COP28 ne fait pas dans la nuance ; toujours plus fort, toujours plus vite. L’objectif adopté dès les premières heures a été la réduction de 83 % de production des industries fossiles d’ici 2050, le triplement du nucléaire d’ici 2050, la suppression du charbon et du méthane, l’aide à l’agriculture décarbonée. Le représentant des Etats Unis a tout de suite poussé en ce sens, mais…la Russie et la Chine n’ont pas signé, et les pays producteurs de charbon attendent de substantielles compensations.
Et Emmanuel Macron ? Toujours avec les plus ultra, la France se veut exemplaire. On sait que notre Président a conçu ses deux quinquennats comme des étapes vers la transition énergétique totale, nous avons plusieurs ministres, secrétaires d’Etat et conseillers qui œuvrent nuit et jour en ce sens. Deux légères erreurs se sont produites dans ce programme : à Fessenheim d’abord, à Flamanville ensuite, mais qu’importe, les nouveaux EPR vont pousser comme des champignons.
Le choix français était donc attendu, ce qui l’était moins c’est que le Président français, conscient d’avoir devant lui l’intelligentzia du monde entier, s’est fait un devoir de faire un discours sur le Hamas : Après avoir rappelé que l’après-guerre ne peut être que celle des deux Etats, il affirme que les autorités israéliennes doivent réviser plus précisément leur objectif et il pose la question : « La destruction totale du Hamas qu’est-ce que c’est, et quelqu’un peut-il croire que c’est possible ? » Benjamin Netanyahou lui répond tout de suite : Israël a pour premier objectif de détruire le Hamas. Et les actes ont suivi la parole : le « cessez-le feu », en réalité trêve humanitaire trahie par le Hamas , a pris fin et les Israéliens multiplient en ce moment les interventions au Nord, mais surtout au Sud et au bord de mer.
Il ne nous appartient pas de dicter aux Israéliens leur politique, mais nous n’avons cessé de mettre le confit de Gaza dans le cadre véritable, celui de l’attaque contre l’Occident, et de désigner les deux responsables de la guerre globale : l’Iran et Poutine.
Il est vraisemblable que la position d’Emmanuel Macron, si elle a quelque cohésion, ne peut être que dans la perspective électorale : il faut s’empresser de compenser l’impression que le gouvernement aurait pu glisser vers l’extrême droite. C’est donc un bon choix à court terme, mais évidemment c’est un mauvais choix à plus long terme, et c‘est la réputation de la France qui en souffre : nous ne sommes plus parti dans la guerre contre l’Occident.