Il y a trois jours je regardais une carte publiée par « Toute l’Europe » : les pays ayant
renoncé à installer un contrôle à leurs frontières étaient peu nombreux : Allemagne France
Italie Espagne Portugal, Autriche, Hongrie, Slovénie, Danemark, Suède, Norvège. Aujourd’hui
leur nombre est pratiquement le double. Que s’est-il passé et quelles conséquences à
prévoir sur l’immigration de masse vers l’Europe ?
C’est que l’Allemagne a cessé de vouloir des frontières-passoires, suivant la politique
pratiquée jadis par Madame Angela Merkel. Du coup seize pays se sont désormais alignés sur
l’Allemagne : certains l’étaient déjà comme la Belgique, le Luxembourg, la Suisse, mais les
pays ibériques, les pays du Sud Est comme Malte, la Grèce, la Bulgarie , la Roumanie, les
pays d’Europe Centrale comme la Tchéquie, l’Autriche, la Hongrie, la Slovaquie, la Croatie,
les pays voisins de la Russie comme la Pologne, les pays baltes (Lituanie, Lettonie, Estonie,
Finlande= et enfin les Pays Bas.
Conséquences inéluctables
La première conséquence de cette nouveauté est la difficulté de contrôler les frontaliers. Il y
a quelque 45.000 Français qui vont tous les jours travailler en Allemagne, l’aéroport est
commun entre Mulhouse et Bâle. Il est prévu que les contrôles soient « au hasard », mais les
files de voitures et de poids lourds sont nécessairement ralenties (les contrôles sont plus
faciles pour les trains). On peut se demander si les contrôles seront réellement efficaces et
praticables – il est vrai que la Hongrie a entouré ses frontières sud de barbelés à lames
coupantes depuis 2015 et va maintenant se protéger du côté sud-est : Roumanie et Croatie.
Mais l’immigration de masse clandestine se fait aussi par la mer, en dépit des efforts
déployés pour punir les passeurs de la Méditerranée, de l’Adriatique, de l’Atlantique et de la Manche.
La deuxième conséquence est de dresser un peu plus haut la frontière politique entre les
pays membres de l’Union. Il existait déjà une profonde opposition entre les pays dits
« frugaux » et les autres. En effet la France, l’Italie et la Grèce ont accumulé des dettes
publiques bien au-delà des règles de l’Union, et accroissent chaque année la dette avec les
déficits budgétaires. Les 60% de PIB pour la dette et les 3% de déficits pour les budgets
nationaux sont dépassés depuis fort longtemps. Quelle mesure disciplinaire peuvent prendre
les autorités de Bruxelles et de New York (Fonds Monétaire International) ? Je l’ai déjà
dit : « la souveraineté nationale se mérite », et seuls ceux qui veulent déséquilibrer puis
anéantir les échanges mondiaux se réjouissent des sanctions qui seraient prises contre les
pays en faute, dont le nôtre (étant bien entendu que notre Président et Bercy ont promis
d’être « dans les clous » en 2027).
La troisième conséquence est liée à la précédente, compte tenu des contributions
demandées aux pays membres de l’Union pour soutenir l’Ukraine. Car le soutien est coûteux, et tous les pays ne se sont pas acquittés de leur contribution, ou la différent. Mais
ce n’est pas seulement une affaire financière, c’est qu’il y a le camp de ceux qui veulent une
victoire totale de Kiev et ceux qui prennent maintenant leurs distances. C’est le cas de
l’Allemagne, qui ne livre pas les chars, les canons et les munitions promis, par contraste les
pays à la frontière de la Russie sont à juste titre alarmés par la situation actuelle. De la
Pologne à la Finlande et à la Roumanie on se demande si les Occidentaux ont bien compris
les intentions de Poutine et de la coalition communiste-islamiste qui entend détruire la
civilisation. Evidemment les gouvernements européens n’ont pas été à ce jour capables de
mettre en place une défense commune, et en dépit des manœuvres du printemps l’OTAN ne
peut tenir lieu de protection efficace depuis que les Etats Unis ont pris leurs distances avec
l’Union Européenne.
En conclusion, il faut étendre l’affaire des frontières à des choix plus fondamentaux.
Choix fondamentaux
Le premier choix est celui de l’Europe : elle a été incapable d’organiser des frontières
communes pour limiter l’immigration de masse, « Frontex » demeure encore une esquisse
mineure parce que les moyens ne lui ont jamais été donnés : l’Europe préfère financer la
transition énergétique – autant de milliards gaspillés. Si un pouvoir exécutif devait être
reconnu à Bruxelles, ce ne pourrait être qu’à titre subsidiaire : on ne peut régler le contrôle
au niveau de chaque Etat membre de l’Union.
Le deuxième choix est celui de l’immigration de masse qui déferle sur l’Europe. Les libéraux
ont expliqué pourquoi des millions d’êtres humains fuient l’Afrique, le Moyen orient ou
l’Amérique Latine pour entrer en Europe par tous moyens, y compris inhumains et mortels.
C’est que les pays d’exil sont entre les mains de dictateurs qui maintiennent les peuples dans
la servitude et la misère : trop d’Etat. Mais c’est aussi parce que les pays d’accueil ne savent
pas obtenir des immigrés qu’ils participent à la vie commune et travaillent au bien commun :
l’Etat Providence garantit le revenu et concentre les immigrés dans des zones de non droit
propices au communautarisme : trop d’Etat. L’immigration de masse ne peut se guérir qu’à
la racine : en finir avec la césure entre pays riches et pauvres 1 .
Le troisième choix est celui de la défense de la civilisation. Aujourd’hui la Russie de Poutine,
la Chine de Xi Ji Ping, la Corée du Nord, l’Iran , la Syrie, l’Algérie, le Brésil, le Venezuela, Cuba
et quelques autres pays du Sud ont décidé d’anéantir l’Occident. C’est que l’Occident ne
peut plus rien imposer. Le temps d’un Occident unissant les pays libres d’Amérique du Nord,
d’Europe et du Pacifique semble révolu. Ce qui est surtout révolu, c’est le socle de valeurs
morales et spirituelles qui faisaient de l’Occident le berceau de la civilisation. La conjonction
des idéologies de la haine et du capitalisme de connivence a engendré cette « termitière
humaine » qui exaspérait Saint Exupéry. Il serait temps de retrouver la culture de la liberté,de la responsabilité, de la propriété et de la dignité de chaque être humain, « unique et irremplaçable ».
1 J’ai abordé le problème de l’immigration de masse dans mon article (Fontamentaux) du 17 août 2024 :
Immigration de masse : la réponse libérale. Mais comment prendre le chemin de la liberté en France ?